RIPE (dk) - The Eloquence Of Silence (2012)
Label : Mighty Music
Sortie du Scud : 26 novembre 2012
Pays : Danemark
Genre : Heavy Power Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 42 Mins
RIPE, à une lettre près, c’est un viol. Et au fond, c’est vrai qu’avec ces Danois, on se fait bien enculer. Alors on leur pardonnera de n’avoir pas su orthographier correctement leur propre nom, tellement c’est bon. Découvert au hasard de la pochette kitchissime qui ornait leur second album, A Moment Of Forever, RIPE n’aura pas mis longtemps à convaincre l’énergumène que je suis, pourtant pas franchement friand de Heavy / Power Metal tout de cuir vêtu. Je crois que j’ai surtout aimé cette facilité dans les refrains, dans les structures, ce truc un peu racoleur et mielleux, comme un effeuillage sensuel qui ne tombe jamais dans la vulgarité. Si je dois donner mon corps et mon âme pour résoudre une énigme, je préfère que ce soit une énigme de brutalité, de sauvagerie. Un holocauste. Et vu que RIPE propose des devinettes dignes de la maternelle grande section, je m’y suis senti chaleureusement accueilli. Le destin a voulu que deux mois seulement après la publication de la chronique d’A Moment Of Forever paraisse The Eloquence Of Silence, un troisième opus qui sera celui d’un sacre inattendu, ou ne sera pas.
J’ai écouté cet album avec attention, je l’ai examiné dans ses moindres détails à plusieurs reprises, dans l’espoir de pouvoir enfin affirmer haut et fort que RIPE est bel et bien le futur d’une scène qui se ride à vue d’œil. Mais non, je n’ai pas le courage de faire de pareilles affirmations, parce que The Eloquence Of Silence, bien qu’excellent dans son registre, n’est pas une évolution assez conséquente par rapport à A Moment Of Forever. Il manque un petit, un tout petit quelque chose pour que cette œuvre ne bascule dans la démence et dans l’allégresse. A maintes reprises, les Danois frôlent cet état de grâce (« A Riddle In The Dark », « Dreamwalker », « Saint Of The Scar ») sans jamais s’y installer durablement. RIPE manque le coche d’un rien et c’est frustrant parce que derrière tout ça, il y a un paquet de bonnes idées, des choses vraiment intéressantes dans l’écriture, comme ce « Xenophobe In Hidding » intriguant, tout en toucher et en délicatesse, bien loin de la voracité des couplets d’un « Porcelain Goddess » qui possède peut-être le refrain le plus abouti vocalement, malgré des parties instrumentales un peu molles. Ayant les défauts de ses qualités, le groupe ne se privera pas de verser un peu dans le sentimentalisme avec « Song For A Shadow », sa balade larmoyante bien malvenue au moment où je me disais justement que cet album était beaucoup trop ancré dans l’évidence. L’arrivée récente de Lars Myskov Larsen au poste de bassiste apporte justement ce supplément de dynamisme nécessaire à ces quelques compositions pour éviter qu’elles ne basculent parfois dans la transparence (« Bloodlust »). Je ne dirais pas que RIPE se « sauve » grâce à des éléments favorables, simplement parce que ce Heavy / Power Metal est tout sauf borderline, mais il a quand même parfois du mal à justifier son statut de promesse et se raccroche à des points forts éparpillés tout au long du chemin. L’esprit Rock N’ Roll d’A Moment Of Forever s’est un peu décousu au profit de nuances plus Power Metal, très brossées et finement ciselées, qui déséquilibrent légèrement la notion d’Heavy / Power qu’on s’était faite de leur registre.
C’est vrai, je suis un peu déçu. Au lieu d’effectuer une belle et poignante progression, les Danois stagnent dans cette excellence un peu minimaliste. On aura probablement vu les choses en grand au sujet de RIPE qui ne fait que confirmer les résolutions gracieuses prises sur leur précédent effort. Fatalement, The Eloquence Of Silence propose aux auditeurs davantage de cohérence que d’exubérance. On se contenterait de ce constat pour n’importe quel groupe, sauf pour eux.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ripe Website Hits: 7846
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