ANOMALLY (pt) - While The Gods Sleep (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 24 aout 2012
Pays : Portugal
Genre : Death / Gothic Metal
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 24 Mins
Pourquoi les enfants portugais se laissent-ils pousser la barbe ? Pour faire comme maman. Blasphy De Blasphèmar, maître adoré, si tu me lis, elle est pour toi celle-là. Promis juré, ce sera le seul cliché de cette chronique. Je n’ai nulle envie de me mettre à dos la communauté du BTP ainsi que l’association des authentiques bouffeurs de morue. Ni même le fan club lusitanien de la toison soyeuse de Demis Roussos. Craché, je m’arrête là. Mais il est vrai que c’est facile, quand on croise un groupe portugais, de verser dans la caricature. Surtout quand ledit groupe grossis lui-même les traits du style dans lequel il évolue. C’est donc l’histoire d’ANOMALLY, groupe originaire de l’archipel des Açores, à 1500 kilomètres à l’ouest de Lisbonne, la capitale du Portugal. Il convient d’être relativement honnête à leur propos. Ce n’est pas parce qu’ils sortent du fin fond de la jungle luxuriante avec leurs dégaines d’ostrogoths mal vissés que leur Metal est inintéressant. De plus, il faut souligner qu’on a là affaire à un groupe relativement expérimenté puisqu’actif depuis 2005 et fort de déjà un album (Once In Hell… en 2008) ainsi que de concerts en compagnie de DAGOBA, MNEMIC ou FEAR MY THOUGHTS.
L’inconnu fascine, c’est de notoriété publique. Et le fascinant peut parfois se révéler indisposant. Comme par exemple l’ouverture de cet EP, le bien nommé While The Gods Sleep. Il y a une simplicité dans l’exécution qui hypnotise mais qui passe aussi pour de la suffisance, avec ces pianos un peu gothiques qui font vite passer ANOMALLY pour un groupe carnavalesque (ça tombe bien, c’est de saison). Le style musical pratiqué n’est pas clairement identifiable mais on remarque tout de suite un goût prononcé pour la grandiloquence. Il y a du Death dans les voix, dans l’efficacité. Du Thrash pour la vitesse et la précision de certains riffs (« Redrum »). Du Heavy dans la tournure de certains solos. Et du Gothic Metal pour la distillation d’atmosphères macabres grâce à des claviers endiablés. C’est certes enthousiasmant, principalement à cause de l’énergie incroyable que diffuse cet EP. Mais c’est aussi relativement dérangeant, parce que cette énergie est exploitée au profit d’arrangements bling-bling et de structures plastiques. Il y a une volonté de cartonner dans ce groupe que je ne trouve pas très pure, surtout quand ils se permettent de verser dans une facilité malvenue (« Pandora’s Box ») avec son refrain guimauve et son ossature déminéralisée. Oui, je n’ai pas peur de le dire, il y a un côté Metal à minettes là-dedans qui n’a même pas plu à la groupie que je suis. Pourtant, on ne peut pas enlever à ANOMALLY cette aisance technique, ces ouvertures mélodiques, ce Metal relativement moderne et décomplexé. Alors que faire ? Le juger sur la base de normes purement musicales ou sur les émotions provoquées ? Sur le fond ou sur la forme ? Je crois définitivement que de ne pas le juger est la meilleure des solutions (trop tard pour moi) et que chacun se fera son propre avis sur la question. Le mien est tranché et vous avez probablement deviné que je ne suis pas emballé. Sachez enfin que dans ce souci perpétuel de qualité, les Portugais ont fait mixer leur EP par Fredrik Nordström au Studio Fredman (DIMMU BORGIR, ARCH ENEMY, OPETH), qu’ils l’ont fait masteriser par Peter In De Betou (HYPOCRISY, DARK TRANQUILLITY), que Marcelo Vasco de P2RDesign (THE FACELESS, SOULFLY, VADER) s’est occupé de l’artwork, que Flavio Silva (d’OBLIQUE RAIN) chante sur « Cold », que Michael Sousa (de R.A.M) chante sur « Pandora’s Box » et que l’Escola Basica Tomas De Borba participe aux (timides) chœurs sur « Controlled By Oppression ».
Si après toutes ces précisions, vous trouvez encore ce While The Gods Sleep brouillon, c’est tout à fait normal. C’est juste qu’ANOMALLY est encore hésitant dans ses intentions et qu’une musique plus affirmée n’est pour le moment pas une priorité. Pourtant, certains accès de colère laissent deviner des prédispositions pour le Death Metal, hélas gâchées par tout un décorum mélodico-gothopouf dispensable. On en reparlera probablement en mieux dans quelques temps, quand la morue aura eu le temps de bien sécher. Pas de clichés, c’était la condition.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Anomally Website Hits: 8824
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