BRING ME THE HORIZON (uk) - Sempiternal (2013)
Label : RCA Records
Sortie du Scud : 1er avril 2013
Pays : Angleterre
Genre : Deathcore ambient
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 53 Mins
C'est donc maintenant que je suis censé être criblé de balles et de crachats ? Parce que BRING ME THE HORIZON sort un nouvel album et que, soyons clair si ce n'est pas encore le cas, je ne porte pas ces Anglais dans mon coeur ? Aujourd'hui, la haine attendra, l'intolérance procrastinera. Sempiternal est un excellent disque. Comment le dire plus simplement que de la façon suivante ? Cette chronique n'est pas un mea culpa, elle n'a pas vocation à calmer la motion de censure qui pèse sur chaque papier traitant du groupe. Elle est juste un avis parmi tant d'autres, sur lequel on ne peut vraiment se fier. Tout ce qui a été dit dans le passé est maintenu, confirmé. Il n'y a guère que le Count Your Blessings de 2006 qui légitimait un engouement qui persiste dans la démesure. Suicide Season, risible, et son successeur à l'appellation si longue à écrire que je (re)passe mon tour étaient autant de moments trahissant une incompétence incomprise. Revenir sur ces différentes sorties, aussi discutables soient-elles, n'a pas de sens. L'heure est venue de reconsidérer les éléments, de redistribuer les cartes. Ce n'est pas ma volonté. C'est celle d'un Sempiternal d'une telle beauté que même les imbéciles arriveront à changer d'avis et à réécrire les adages les plus populaires.
C'est peut-être justement parce que BRING ME THE HORIZON n'est plus un groupe de Deathcore à proprement parler que cet album est si réussi. On oublie ici les « Chelsea Smile », les « Diamonds Aren't Forever », les « It Never Ends », les excès d'engagement et les éjaculations précoces. En bref, tout ce qui rendait les moins convaincus irritables est mis de côté, au profit d'un assouplissement rythmique et d'expérimentations ambiantes et suaves. « Can You Feel My Heart », ouverture lumineuse, follement stellaire à cause de son leitmotiv électronique nimbé de frappes machinales est la première révélation de ce full-lenght. Coincé entre de la Pop romanesque et du Rock faussement artificiel, ce morceau est le miroir du BRING ME THE HORIZON 2.0. « The House Of Wolves » embraye sur quelque chose de plus couillu mais jamais délesté de claviers omnipotents. J'ai besoin d'admettre que ces refrains m'ont touché. Besoin de reconnaître que j'ai pris du plaisir à analyser cette oeuvre, car dès son commencement, elle appelle à une diversité et à une imprévisibilité haletante. Jordan Fish, fraichement intronisé au poste de claviériste pour soulager Oliver Sykes de cette entrave, joue un rôle très important dans la reconversion ici opérée. Il y a quelque chose de l'ordre du Superbe qui frappe Sempiternal. Certains appelleront ça maturité, d'autres évolution. Peu importe les mots au final. Ce qui compte, c'est « And The Snakes Start To Sing » aux portes du Post-Hardcore, « Seen It All Before » un peu Rock indépendant, « Antivist » et sa basse sournoise sur les couplets, l'orchestrale « Crooked Young » ou « Shadow Moses », le tube par excellence avec son refrain épuré et ses choeurs scandés. J'ai profondément aimé l'intelligence de ces différents morceaux, leur musicalité, le drôle de bonheur qu'ils véhiculent ainsi que cette capacité pour Sempiternal à être la bande-originale d'une vie. Cet opus n'est pas digne de susciter de l'aversion, de l'envie au sens biblique du terme. Et peut-être que tout simplement, BRING ME THE HORIZON a eu ce désir de ne plus être sa propre caricature. Je finirais par évoquer la prestation d'Oli Sykes, comme pour signifier que maintenant, la boucle est bouclée. Je ne t'aime pas et je ne t'aimerais jamais. Mais ce que tu as fait aujourd'hui sur cet album, ça surpasse toute forme de rédemption. Tes vocaux sont touchés par je-ne-sais quelle grâce et pour la première fois, associer ton nom avec la notion de chant ne me rend pas malade. Je n'ai pas eu tort de maudire tes précédentes sorties, car en te montrant ici sous ton meilleur jour, tu prouves simplement qu'il existait bel et bien un autre Oli Sykes.
C'est pour ce genre de moments marquants qu'un chroniqueur est capable de passer des heures derrière un écran et de se couper du monde réél. La musique n'a pas pour vocation à contredire le ressenti des gens. Elle jaillit et donne libre cours aux interprétations, parfois improbables, parfois lucides mais jamais injustes. On ne naît pas injuste, on le devient. BRING ME THE HORIZON est de ces groupes sur lesquels on a toujours un avis et cette incapacité à faire l'unanimité est tellement belle qu'aujourd'hui, Sempiternal n'a pas d'autre innocence que d'avoir mérité un éloge qui, je l'espère, n'a pas le moindre accent funèbre.
Ajouté : Vendredi 05 Avril 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Bring Me The Horizon Website Hits: 11560
|