EMERGENCY GATE (de) - The Nemesis Construct (2010)
Label : Twilight Zone Records
Sortie du Scud : 30 avril 2010
Pays : Allemagne
Genre : Death Metal Mélodique / Metalcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 47 Mins
D’après eux, EMERGENCY GATE donnaient dans le Death Mélo à tournures électro bien avant que BLOOD STAIN CHILD ne soit désignés comme fer de lance. Ils disent même avoir expérimenté l’idée avant tous les autres groupes modernes actuels. Ce qui n’est pas complètement faux vu qu’on sentait, déjà sur Nightly Ray, que les claviers avaient une place assez importante. Les Allemands vont même jusqu’à se targuer d’avoir inventé la combinaison ; bon, faudrait quand même sortir de chez soi un peu. Et puis pionnier n’est pas synonyme d’indétrônable, ni même de réussite. Quid de sortir un troisième album un an seulement après Rewake, qui n’était pas des plus inspirés ?
Mais il y a bien une réelle évolution sur ce The Nemesis Construct, ce qui en fait simplement l’œuvre la plus intéressante et aboutie du combo bavarois. Je parlais de tournures synthétiques, c’est exactement ce qui a été révisé sur ce troisième album. Les effets sont variés, enchaînant boucles Techno, justement dignes des Japonais cités plus haut (« An End To The Age Of Man »), bruitages technoïdes en tous genres, ou beats agressifs et saturations (« This Time ») dans l’optique d’étayer les sonorités classiques. À l’instar d’un « As My Bride Cries Blood » bâti sur des riffs typiquement Death Mélodique, ces apports s’intègrent plutôt aisément, sans trop faire tâche, et apportent un peu de fraîcheur dans des enchaînements communs. Entraînants et se révélant des supports efficients pour lancer les refrains, les synthés finissent tout de même par se révéler d’une utilisation formatée, sans transcender les pistes outre mesure, et pas tant exploités pour un groupe qui en prône l’innovation. D’ailleurs, la meilleure plage de l’album est celle qui en affiche une quantité minime. « Diary Of Nightmares » est effectivement explosive, sur ses riffs harmonisés et son tapping bien accrocheurs, qui plus est fortement cadencée aux blast beats et vocaux rageurs. Elle profite à fond du nouveau ton donné par la production. Plus compacte, avec cet aspect un peu étouffé, elle a été orientée vers un propos plus brut. Ainsi la rythmique, et essentiellement la basse, sont sur le devant et confèrent un son plus puissant en étant sur tous les fronts (« Alternative Dead End »). Pareillement, les riffs gras se retrouvent à profusion pour offrir des sections bien agressives fusant sur les arrangements électroniques, et entre les ravages de la cymbale crash. À l’image du vil « Story Of A Psychopath », il y a un bon entrain sur ce nouveau disque, qui ne se prive pas, non plus, de quelques vives démonstrations techniques bien senties (« The Green Mile »).
Ce sont donc des compositions plus nerveuses que nous livrent les six compères. Et quand bien même l’album accuse quelques longueurs, et tire la patte sur certains titres comme « Nothing To Lose », malgré sa composante Techno jumpy, ou bien « Excite! », qui reste banal en dépit de sa verve thrashy, les rythmes s’enchaînent globalement avec efficacité et se font plus mordant à mesure que les minutes s’égrènent. Les tempos sont vifs, succincts, et même une piste telle que « Point Zero », qui croule sous des boucles électro savoureuses et demeure sous la barre des trois minutes, présente de bonnes idées de structure, sans ne se contenter que de décharger la double. Le tout emmène sur un « World Escape » qui s’établit comme une conclusion en bonne et due forme, bien qu’on puisse lui reprocher de trop appuyer le côté mélodramatique pendant presque deux minutes sur les mêmes lignes vocales et synthés pianotés dramatiques. Disons que l’organe de Matthias n’est pas toujours accommodé au propos des pistes, surtout pour sa composante mélodique. Toujours très Soilworkien du pauvre, son chant clair est assez faiblard et domine la majorité des refrains. « Dark Side Of The Sun » parvient pourtant à garder une bonne balance entre le deux types de voix, justement parce que c’est Thomas Englund qui s’est chargé de faire la belle. Et, a contrario, « In Vain » voit ses couplets mollassons et des refrains emplis de verve. Matthias gère la partie bestiale des vocaux avec puissance, sans être exceptionnel, mais il apporte la juste hargne pour se combiner facilement à la rythmique lourde. On pourrait parfois rapprocher ses alternances de ce qui se fait chez SONIC SYNDICATE, avec juste les éléments Electro en plus.
Après un premier album Heavy/Power plus que limite, et un second trop inspiré des pays scandinaves, EMERGENCY GATE affiche enfin, avec The Nemesis Construct, la nature de sa véritable identité sonore. Développant des attributs qui leur sont propres, principalement grâce à l’emploi des synthés, et une direction plus typée Metalcore réalisée avec efficacité, les Allemands s’émancipent désormais du moule des suiveurs. Si on regrette quelques longueurs, l’album n’en demeure pas moins un agréable plaisir coupable, d’un groupe que l’on pensait destiné à constamment se voiler la face.
Ajouté : Mercredi 15 Mai 2013 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Emergency Gate Website Hits: 7656
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