Les musiciens sont quand même de grands branleurs… Quand ils ne foutent pas assez le souk avec leur formation d’origine, ils se regroupent entre potes, et forment des projets parallèles encore plus foutraques.
Prenez Tony Foresta. On pourrait croire que le bordel paillard de MUNICIPAL WASTE lui suffirait… Du Thrash old school, une bonne dose d’humour, en gros, l’esprit d’il y a vingt cinq ans avec le cynisme potache d’aujourd’hui.
Et bien non. Il a fallu qu’il s’associe avec Paul Burnette et Ryan Parish de DARKEST HOUR pour nous en coller encore plus dans les oreilles.
Punk un jour, Punk toujours ? Oui, et ils assument. Mais merde, faites gaffe aux bouchons de cérumen les mecs !!!

Bon autant vous prévenir tout de suite. Et vous poser une question par la même occasion. Le Hardcore teinté de Punk des années 80, ça vous branche ? Je veux dire, vous bavez encore en écoutant MINOR THREAT, les DI’S, les CRO-MAGS et ainsi de suite ? Pour vous, écouter un skeud, ça rime avec bières, skate, potes MAIS conscience politique ? Alors si vous lisez cette chronique, vous avez tout bon.
Avec un patronyme comme IRON REAGAN, qui fleure bon les DEAD KENNEDYS, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.
Et puis, lorsqu’on a affaire à des gus qui multiplient les side projects comme Shane Embury les grognements affectueux, il y a de quoi être rassuré sur le pedigree (Tous ces mecs ont au moins quatre ou cinq combos en activité, c’est dire…).
Mais la grosse différence entre IRON REAGAN et MUNICIPAL WASTE, ce sont d’abord ces textes politisés. On est là pour rigoler certes, mais si au passage on peut éveiller les consciences, alors tout va bien.
Musicalement, si la musique de REAGAN va très vite, on reste dans les balises du Hardcore de la fin des années 80. Il n’est pas forcément question ici de revival (quoique…), mais les codes sont respectés, et les règles observées. Vingt cinq minutes pour dix neuf titres, dont pas un seul ne dépasse les deux minutes, c’est révélateur.

Si l’on est parfois à la limite du Speedcore et de l’esprit de feu CRYPTIC SLAUGHTER (« Snake Chopper » avec en guest Tomas Lindberg de LOCK UP, « Slighly Out Of Focus », délibérément barge et ressemblant à du ACROPHET passé en 78 tours, « Eat Shit And Live » déjà présente sur leur démo de 2012), si les incartades Heavy à la NUCLEAR ASSAULT prennent le pas (« Cycle Of Violence » qu’on aurait pu déjà entendre sur le miraculeux The Plague, « Midlothian Murder Mile » au riff très POISON IDEA, le syncopé et groovy « Wrap Your Mind »), l’ensemble de l’affaire déborde d’enthousiasme Core dans le sens le plus noble du terme et nous offre une collection de brûlots ininterrompue (l’introductif et jouissif « Drop The Gun », l’hystérique « I Predict The Death of Harold Camping », le brûlant « Eyes Piss Tears » et son refrain à la MADBALL, le chausse-pied de guingois de « Insanity Plea(se) ? », le furieux « Rats In A Cage » et sa basse brillante en traquenard, la déflagration « We Know You » et ses chœurs revanchards qui rendraient fous de jalousie les mecs de BIOHAZARD, « Paycheck » sur laquelle Tony s’époumone à en crever, etc…).

Avec en sus une production magique, qui assèche la rythmique pour encore mieux gonfler les guitares, vous obtenez sans doute le LP le plus enthousiasmant de ce début d’année, qui ressuscite l’esprit DIY des années 80 avec les moyens du 21ème siècle. Avec Worse Than Dead, Tony et sa bande nous ramènent une bonne paire de décennies en arrière pour notre plus grand plaisir, et certainement le leur. Car tout est là, les riffs vengeurs, le chant possédé, les tempi épileptiques mais contrôlés, et tout sent l’authentique à plein nez. Même l’immortel et initial « One, two, three, four !!! » des faux frères RAMONES.

Alors, si vous êtes un brin nostalgique en ce mois de mars neigeux et maussade, que vous éprouvez le besoin de vous réchauffer les feuilles avec un pur album Core, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Les musiciens sont quand même de grands branleurs… Mais nous aussi, alors ça tombe bien !!!