CALLEJON (de) - Man Spricht Deutsch (2013)
Label : Four Music Productions
Sortie du Scud : 11 janvier 2013
Pays : Allemagne
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 38 Mins
C’est une réalité. TOKIO HOTEL a bel et bien été à l’origine d’un regain d’intérêt pour la section LV1 allemand. Il est vrai que chez moi, à Strasbourg, on résiste encore assez bien à la tentation espagnole ou italienne, à cause de cette proximité avec le Bade-Wurtemberg. C’est peut-être pour ça que cet album m’a interpellé. Si j’habitais à Hendaye, aurais-je eu le même intéressement pour ce « deutsche tribute » made in Germany ? Bon, d’accord, c’est aussi parce qu’il s’agit de CALLEJON et que CALLEJON rime avec « bukkake all night long », surtout depuis que le « Porn From Spain » du Zombieactionhauptquartier de 2008 m’a réconcilié avec le Metalcore teuton. Il est vrai qu’à l’époque, CALIBAN était dans une mauvaise passe, que NEAERA stagnait, que NARZISS était au stade embryonnaire et qu’au final, l’avènement d’une telle formation, pas forcément très imaginative mais suffisamment dynamique et rafraichissante, a fait beaucoup de bien à cette scène qui n’avait qu’HEAVEN SHALL BURN sur qui compter. Alors on sera peut-être surpris de revoir si vite les Düsseldorfois, seulement sept mois après la parution de leur quatrième album, le charmant Blitzkrieg. On pourra même supposer que Man Spricht Deutsch (« nous parlons allemand ») est un disque précipité, si ce n’était pas « simplement » un disque de reprises de chansons allemandes.
Ces mecs sont jeunes, sont talentueux, ils n’ont que le cœur pour moteur et agissent au gré de leurs envies. C’est la raison pour laquelle ils ont mon soutien le plus total. Bien sûr, cet album est dispensable. Bien sûr, c’est un coup marketing plus qu’une démarche créative. Bien sûr, il s’appuie sur un patriotisme d’opérette pour séduire. Mais je vais seulement sur mes 22 ans et permettez-moi de penser que si je ne m’en amuse pas maintenant, je ne m’en amuserais jamais. La parodie débute avec un très gros morceau, le « Schrei Nach Liebe » du groupe de Punk DIE ÄRZTE. Et après avoir invité Mille de KREATOR sur « Porn From Spain, Part 2 », les CALLEJON se paient un autre guest de marque en la personne de Bela B, qui n’est ni plus ni moins que le chanteur de DIE ÄRZTE. Musicalement, le constat est le même sur « Schwule Mädchen » (du groupe hip-hop FETTES BROT) et « Mein Block » (premier single du rappeur Sido). On retrouve ces guitares thrashy et nerveuses qui sont la griffe du groupe, cette dualité entre cris et vocaux clairs qui émanent de la gorge de BastiBasti, ces ambiances planantes mais moins prenantes que sur les propres compos du groupe. CALLEJON est toujours un adepte de ces productions typiquement Metalcore avec un son explosif et un débit de paroles complètement hallucinant. L’éclectisme et le Rap sont, comme souvent, mis en avant. Non seulement parce que les mecs ont choisi de reprendre des titres phares de la musique urbaine germanique, mais également parce que le groupe de Hip-Hop K.I.Z, qui est toujours en étroite collaboration avec CALLEJON, a de nouveau été invité à débiter sur « Ich Find Dich Scheiß » (premier single du all-female Pop group TIC TAC TOE, sorti en 1995). Par ailleurs, on relèvera l’étrange réinterprétation du « Alles Neu » de Peter Fox dans un climat totalement détestable, pas loin de ressembler à du SATYRICON dans le maniement martial des guitares. Vous l’aurez compris à la lecture des différentes références, cet album s’adresse principalement à un public fin connaisseur de la scène allemande. Toutefois, si vous ne l’êtes pas, rassurez-vous, CALLEJON a pensé à vous en réécrivant le grand standard des TOKIO HOTEL : « Durch Den Monsun ». C’est d’ailleurs drôle de constater à quel point ce titre aurait pu être écrit et joué ainsi par le combo sans qu’on fasse un quelconque rapprochement avec le morceau des frangins Kaulitz. Plus dispensables, les versions Metalcore du « Major Tom » de l’artiste synthpop kitschouille Peter Schilling et du « MfG » des FANTASTISCHEN VIER (cet opus est d’ailleurs sorti sur Four Music, le label fondé par le quatuor), qui, à moins de connaître l’originale, n’apporte que peu de substance. Tout l’inverse d’« Hier Kommt Alex » (des géniaux DIE TOTEN HOSEN) ou d’« Alles Nur Geklaut », une conclusion très solennelle et engagée qui revisite le tube de DIE PRINZEN en conservant ces fameux « hé oh, hé oh » qui donnent beaucoup de relief au refrain. Man Spricht Deutsch s’achève sans qu’on ait vraiment vu le temps passer. Je pense cependant que pour vraiment apprécier l’esprit décalé de cette œuvre, il faut s’intéresser aux artistes concernés par ces reprises, qui révèlent une incroyable diversité stylistique.
C’est pour ça que ce disque est séduisant. Parce qu’il démontre encore une fois que les Allemands sont en avance sur pas mal de choses. Je ne parle pas de politique, d’économie, d’industrie pharmaceutique mais simplement d’ouverture d’esprit. Il suffit de longer les rives du Rhin et d’aller à la rencontre d’artistes de rue pour comprendre que ces derniers préfèrent de loin les scènes teutonnes. Alors vous pourrez bien dire que c’est de l’antipatriotisme, mais imaginez simplement BETRAYING THE MARTYRS reprendre CALOGERO, SNIPER, SEXION D’ASSAUT et DEBUT DE SOIREE. Ne me dites pas que l’initiative serait chaleureusement accueillie. Il n’y aurait pourtant pas meilleur homologue tricolore à Man Spricht Deutsch… et ça montre bien l’étendue du chantier.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Callejon Website Hits: 8602
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