WATAIN (se) - The Wild Hunt (2013)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 14 août 2013
Pays : Suède
Genre : Black Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 63 Mins
Vous dire que Lawless Darkness est un album qui m’a profondément bouleversé (et qui continue à le faire, plus de trois ans après sa sortie) relève de l’euphémisme. Cet album, en plus d’avoir fait découvrir le sacro-saint Black Metal à votre serviteur alors qu’il n’avait que 14 ans (vous avez idée du traumatisme, je suppose…), a fait passer WATAIN du statut « de valeur sûre » à « groupe incontournable et culte ». Le succès commercial et critique fut unanime, et la tournée qui s’en suivit fut encore plus grandiose que ne le fut le Fuck The World Tour, avec notamment trois concerts très symboliques : une prestation incroyable au Wacken 2012, durant lequel le groupe joua en rappel une reprise du « The Somberlain » de DISSECTION. Et deux concerts sold-out en novembre 2011 à Stockholm et Göteborg, pour fêter comme il se devait treize années de carrière. Ces concerts furent d’ailleurs filmés pour le film Opus Diaboli.
C’est donc bel et bien Lawless Darkness qui fit éclater le groupe à la face du monde, pour preuve un disque d’or reçu pour le single « Reaping Death »… Du jamais vu dans le Black Metal ! WATAIN avait alors atteint un de ses objectifs : glaner le plus de disciples possible.
Et ce sont ces disciples qui attendaient The Wild Hunt comme le messie.
Enregistré en seulement quatre mois à en croire le taciturne mais loquace Erik Danielsson, ce nouveau WATAIN est sans aucun doute, dans son contexte actuel (après un album si respectueux des « codes » du Black Metal à la BATHORY et autres DISSECTION, groupes inestimables aux yeux des membres de WATAIN), le plus inattendu de la part des Suédois, que l’on sait pourtant friands de virages à 180° (rappelez-vous le nombre de crises d’allergie en 2007, date de la sortie de Sworn To The Dark…). On les imaginait, supposait continuer dans le format Black Metal mélodique « qui fonctionne ». The Wild Hunt marque une césure, une transition dans la carrière de WATAIN. Mais comme le dit si bien son frontman, « la controverse a toujours un côté bénéfique, car elle maintient la vermine à l’écart ».
Je le disais plu haut, mais ce qui est immédiatement flagrant, c’est que WATAIN ne propose pas un album « facile » - j’entends par là un album qui aurait conservé les recettes qui se sont avérées efficaces par le passé - et que les influences et ouvertures auxquelles le groupe s’essaie sont tout à fait pertinentes et cohérentes. L’efficacité brute et la violence sont bien évidemment toujours de la partie, comme en témoigne le titre d’ouverture, l’incroyablement technique et ravageur « De Profundis », le ravageur « Sleepless Evil » (j’imagine que vous ne serez pas étonnés d’apprendre que ce titre a été composé en Transylvanie… ah bah oui, quand on fait un truc chez WATAIN, soit on le fait à fond, soit on ne le fait pas !) et son tempo de fou furieu, ou encore le très martial et massif « Black Flames March », qui évoque beaucoup « Four Thrones » par ses chœurs. Tous ces titres sont bien plus travaillés en termes de composition, d’arrangements et aussi – j’insiste sur ce point - de technique.
Ayant toujours voulu se démarquer et demeurer à part, WATAIN cherche toujours plus à s’éloigner du Black Metal traditionnel. Ceux et celles qui ont déjà écouté The Wild Hunt voient très bien où je veux en venir. Je veux bien sur parler du titre qui fait polémique à sa sortie, mais qui deviendra un classique du groupe. « They Rode On » est effectivement un titre plutôt particulier, de par sa mélancolie maladive, générée par le chant clair absolument magnifique et frissonnant d’Erik, sur ce fond de guitares acoustiques facon 70’s, puis très Heavy. Malheureusement, placer ce morceau en plein milieu du disque est un choix peu judicieux car la sombre puissance que le très glauque « The Child Must Die » imposait retombe d’un seul coup. « They Rode On », dont l’atmosphère se rapporte au devenu classique « The Waters Of Ain », aurait pris en fin d’album une dimension bien plus solennelle. Chacun se fera son opinion sur la chose.
Comme le suggère ce morceau assez marquant (il le sera, d’une façon ou d’une autre), le tempo s’est globalement ralenti par rapport au passé. Le morceau-titre, aussi magnifique soit-il, est une espèce de longue déambulation, sombre, malsaine… Limite cliché, le morceau final, « Holocaust Dawn » résume à lui tout seul ce que WATAIN a toujours voulu être : la mort, les ténèbres, l’angoisse.
Plus que jamais, WATAIN s’éloigne du Black Metal pour créer une musique infiniment personnelle. Comme ce fut le cas aussi bien pour Sworn To The Dark que pour Lawless Darkness, ce seront encore les fidèles et ouverts d’esprit qui comprendront que The Wild Hunt rentre en lice pour être l’album Black Metal de 2013. A présent, préparez-vous, car WATAIN ne tardera pas à passer en concert, pas très loin de chez vous. Et comme le dit Niklas Kvarforth, ami éternel de WATAIN : « De très belles choses pourraient alors se passer. » WATAIN a encore une fois enfanté un disque remarquable par son honnêteté.
Pour résumer The Wild Hunt, je ne vois pas de meilleure solution que de citer Erik lui-même : C’est ainsi que nous sonnons, vivons, pensons.
Ajouté : Dimanche 15 Septembre 2013 Chroniqueur : Hizia Score : Lien en relation: Watain Website Hits: 7630
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