Alors qu’ELUVEITIE est incontestablement devenu l’une des formations phares de la scène Folk Metal et que le groupe arrivait à la fin d’une tournée marathon de plus d’un an et demi pour défendre l’acclamé Helvetios, Chrigel Glanzmann, charismatique frontman de la troupe Suisse, a accepté de répondre à nos questions. A défaut d’avoir pu le coincer lors de la sortie de leur dernier album, nous avons pu le questionner "après la bataille" et aborder avec lui le futur proche d’ELUVEITIE...

Line-up : Chrigel Glanzmann (chant, flûte irlandaise, uilleann pipes, mandore, guitare acoustique, bodhrán), Ivo Henzi (guitare, chœurs), Rafael Salzmann (guitare, chœurs), Kay Brem (basse, chœurs), Merlin Sutter (batterie), Anna Murphy (vielle à roue, chant, flûte), Päde Kistler (flûte irlandaise, cornemuse irlandaise, gaita), Meri Tadic (violon irlandais, chant)

Discographie : Vên (demo – 2003), Vên (EP – 2004), Spirit (album – 2006), Slania (album - 2008), Live @ Metalcamp 2008 (live - 2008), Evocation I : The Arcane Dominion (album - 2009), Everything Remains As It Never Was (album - 2010), Live On Tour (live - 2012), Helvetios (album - 2012), The Early Years (compilation - 2012)


Metal-Impact. Quels étaient tes objectifs lorsque tu as crée ELUVEITIE, à la base en tant que projet studio ?
Chrigel Glanzmann. Précisément, je voulais ça, ce qui arrive à ELUVEITIE en ce moment.

MI. Helvetios est sorti il y’à maintenant plus d’un an et demi, les critiques ont été très bonnes dans l’ensemble... Quel bilan dresses-tu pour le moment par rapport à cet album ?
Chrigel. Effectivement, le succès d’Helvetios a été une très belle surprise pour nous. Nous sommes très satisfaits de cet album en lui-même. Ca fait maintenant plus d’un an et demi que nous sommes en tournée pour défendre cet album. Beaucoup de morceaux sur Helvetios sonnent à merveille en concert, on prend tous beaucoup de plaisir à les jouer. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons décidé de sortir un album live enregistré en 2012. Je n’aime pas appeler ça comme ça, mais d’un point de vue « business », on ne s’attendait pas à quelque chose comme ça. Les fans qui nous suivent depuis nos débuts ont adoré cet album, et, tu l’as dis toi-même, la presse a été très élogieuse. Pour être honnête, jamais nous n’aurions imaginé quelque chose comme ça. C’était vraiment incroyable pour nous de voir que, par exemple, notre album s’est très bien vendu aux Etats-Unis. On a été classés au Billboard. En Suisse également, l’album était top 4 des ventes. Tu sais, pour un groupe de Metal, c’était vraiment quelque chose de bizarre… Je ne me souviens plus précisément, mais ça devait être quelque chose comme Eminem, Katy Perry, Amy Macdonal et… ELUVEITIE ! What the fuck!?. C’était étonnant, presque fou, de voir qu’un groupe comme le notre avait atteint un tel succès.

MI. Anna Murphy et Tommy Vetterli se sont chargé de la production d’Helvetios. Es-tu satisfait du résultat ? Se chargeront-ils de la production de votre prochain album ?
Chrigel. En réalité, Anna n’a rien produit. Elle s’est juste occupée de l’enregistrement de certaines pistes acoustiques, ou de chant, mais pas plus. Quant à la production de Tommy, même s’il a dirigé la chose, ça s’est fait en coproduction avec quasiment tout le groupe. C’est ainsi que nous travaillons habituellement. Nous sommes bons amis avec Tommy, c’est quelqu’un de vraiment sympathique et il fait également du très bon boulot. C’est vraiment un ingé-son incroyable. Il a réussi à faire sonner Helvetios exactement comme on le voulait, donc oui, personnellement, je suis pleinement satisfait de cette collaboration avec lui. Je pense sincèrement que nous travaillerons à nouveau avec lui.

MI. Ce soir, vous occupez la place de tête d’affiche du Sylak Open Air, avec BIOHAZARD. Y’a-t-il une différence entre les gros concerts et festivals, comme le Sonisphère, le Hellfest, le Graspop, que vous avez pu faire par le passé, et un petit festival comme celui-ci ?
Chrigel. D’ailleurs, quand on parle d’eux… Bordel, mais qu’est ce qu’ils sont bruyants (ndlr : en parlant des membres de BIOHAZARD) ! Pour répondre à ta question… Tu sais, je ne pense pas qu’il y’ait de réelle différence. Peu importe le contexte, ce n’est pas un problème. On jouerait dans un petit club en Suisse devant 200 personnes ou dans un grand festival Européen devant 10 000 personnes, pour nous, il n’existe pas de différences. On aime la musique, jouer de la musique, en écouter… Ca peut paraître ridicule dit comme ça, mais voilà, nous restons des passionnés. Chaque concert est un vrai plaisir. Nous ne voulons rien prendre pour acquis et toujours donner le maximum à chaque concert. Car nous gardons toujours à l’esprit que, peu importe le concert, c’est nos fans que nous avons en face de nous. Et ce sont eux qui nous donnent la possibilité et l’opportunité de faire tout ce que nous faisons avec ELUVEITIE. Pour eux, nous nous efforçons de toujours nous donner à fond.

MI. Cet été, vous jouez dans deux festivals Français, le Sylak et le Motocultor le week-end prochain (ndlr : interview réalisée le 11 août 2013). Quelle est votre relation avec le public Français ?
Chrigel. Je pense que chacun d’entre nous te donnerait une réponse différente… Mais bon, il se trouve que c’est moi qui dois répondre à cette question (rires) ! Personnellement, j’aime vraiment jouer en France. J’aime votre pays, votre culture… votre nourriture (rires) ! J’ai vécu à Paris tu sais. Mais bon, c’était il y’a 20 ans de ça… Bref, c’est toujours un vrai plaisir de venir jouer en France, le public est toujours génial.

MI. Beaucoup pensent que votre succès a réellement démarré avec la chanson “Inis Mona”. Selon toi, quand est-ce qu’ELUVETIE est devenu quelque chose de plus gros que tu ne l’avais imaginé ?
Chrigel. Si tu veux une réponse totalement honnête, je te répondrais « jamais ». Je pars du principe que l’on ne peut jamais prédire ce qui va arriver dans le futur. Tu ne peux pas savoir si ton album, ton projet, ton groupe va connaître le succès ou pas. Tu peux toujours rêver, espérer et travailler pour obtenir de la reconnaissance et du succès… Tu sais, c’est toujours ce que nous faisons ! Si tu regardes les choses depuis l’extérieur du groupe, effectivement, il y’a un moment où le groupe a gravi un échelon, quelque chose comme… disons, un point de non-retour. Mais depuis le groupe en lui-même, nous ne ressentons pas les choses ainsi. Je veux dire que nous voyons le succès comme un chemin qui nous est accessible et que nous traversons, étape par étape. Même si ce succès peut paraître avoir été très soudain, il est le résultat de onze ans de travail acharné. Du point de vue du business musical, oui, c’est arrivé rapidement. Mais pour nous, ces onze années ont été très, très longues (rires) !

MI. D’un point de vue conceptuel, le dernier album était très fort : vous utilisiez beaucoup la langue helvète, vous parliez des guerres Gaéliques… Allez-vous encore utiliser ces concepts très importants à tes yeux ?
Chrigel. Il ne faut jamais dire jamais. Peut être plus tard, mais pour le prochain album, ça sera quelque chose de différent. J’en ai déjà trop dit !
MI. Vous êtes en tournée jusqu’en septembre. Vous allez donc écrire et enregistrer le nouvel album immédiatement après ?
Chrigel. Oui.

MI. Plusieurs d’entre vous ont des projets musicaux en parallèle d’ELUVEITIE. Parvenez-vous à les gérer ?
Chrigel. Eh bien, il me semble que oui.

MI. Peux-tu nous en dire plus à propos du festival ELUVEITIE AND FRIENDS?
Chrigel. Cette année, ce sera la troisième édition. C’est un projet qui nous tenait vraiment à cœur. A la base, l’idée était d’avoir notre propre petit festival, mais également ne pas se contenter d’un seul genre de Metal et d’inviter les groupes avec qui nous nous entendons. Nous ne faisons venir que quatre ou cinq groupes, en plus de nous, et ce sont tous de très bons amis. Il existe une relation entre nous, en dehors de notre amitié. Par exemple, FINNTROLL, qui avait joué au festival en 2012. Nous avons donné une grosse centaine de concerts avec eux, ce sont devenus bien plus que des amis, nous partageons la même culture. Spirituellement, nous sommes pareils. Cette relation est tellement importante à mes yeux que j’ai décidé de me la faire tatouer (ndlr : il me montre sa main, sur laquelle sont tatoués côte à côte le E d’ELUVEITIE et le F de FINNTROLL).