CRYPT LURKER (uk) - Baneful Magic, Death Worship and Necromancy Rites Archaic (2013)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 22 mai 2013
Pays : Angleterre
Genre : Extreme Funeral Doom Metal
Type : Album
Playtime : 4 Titres - 30 Mins
Le climat, le climat... Ok, celui-ci est clément ces derniers temps. Mais doit-il pour autant influencer positivement notre état d'esprit, au point de nous rendre dénués de tout jugement contradictoire ? Doit-on, comme le chien de Pavlov, suivre nos contemporains dans leur quête d'insouciance, remuer la queue au moindre signe de contentement, et oublier tout ce qui constitue notre quotidien ?
Je n'en suis pas sur, et je condamnerai même ce comportement outrageusement grégaire. Et je ne pense pas être seul dans ma tour d'ivoire réchauffée par le soleil.
Je suis sur que les anglais de CRYPT LURKER partagent mon point de vue.
Peu de choses filtrent sur ce quintette de Liverpool. Tout au plus, nous savons que ce premier EP a été enregistré par Tom Dring, que l'artwork de la pochette est signé Mikhell Chernobyl (un nom prédestiné...), mais rien de plus, car il s'agit là de leur premier effort. Mais il y a des groupes qui arrivent, dès leur première tentative, à s'emparer d'un style usé jusqu'à la moelle, à la transfigurer, à en repousser les limites pour se l'approprier. C'est le cas de CRYPT LURKER, et Baneful Magic, Death Worship and Necromancy Rites Archaic marquera sans doute l'année 2013 de son sceau, en proposant une saillie de Funeral Doom épaisse comme une blessure de guerre.
Vous doutez bien sur. Vous allez me dire que vous ne voyez pas quelle nouvelle pierre on peut apporter à un édifice déjà bien élevé, sur lequel ont travaillé des décennies de groupes en tout genre. Comment aller plus loin ? Faire plus lent, plus macabre ?
On peut toujours aller plus loin, et parfois, tomber dans le ridicule, en prônant le paroxysme à tout va. C'est la démarche qu'on adopté les cinq frères d'armes, et pourtant, ils sont tout sauf pathétiques. Si l'on prend en considération chaque ingrédient du Doom, ils sont loin des "records" du genre. Moins répétitifs et roboratifs que les Droners, moins désespérément écrasants qu'ENCOFFINATION, ils n'arrivent pas à la cheville des flingués en tous genres qui un jour ont décidé d'exploser les convenances musicales.
Mais ce qu'on ne peut pas leur enlever, c'est qu'ils ont dosé chaque paramètre de leur musique de façon optimale. Ils n'ont pas renoncé à la mélodie, ils ont gardé ce rythme martelé symptomatique, ces riffs monstrueusement épais sonnant comme des litanies absurdes, ce chant en retrait, hurlé, sous mixé, semblant venir de nulle part, et cette longueur de composition que le style traîne depuis sa création.
Baneful Magic, Death Worship and Necromancy Rites Archaic n'offre bien sur que très peu de variations. Il est bâti sur un moule solide, que les adeptes utilisent depuis des années, et qui permet de fondre plusieurs compositions au sein d'un même conglomérat, compact, opaque, qui se pose tel un roc sur l'horizon de nos désillusions. Il convient donc de se laisser envoûter par cette puissance, par cette marche pachydermique funèbre étouffante qui ne laisse aucune place à l'espoir quel qu'il soit, ou de passer son chemin.
Car si les quatre morceaux proposés par CRYPT LURKER sont quasiment identiques (à l'exception de l'intermède de trois minutes, "Crossing the Abysmal Depths", qui sert de passerelle entre le second et le dernier morceau), c'est plus par souci de cohésion que d'absence de créativité.
Car celle-ci est globale, s'entend. Baneful Magic, Death Worship and Necromancy Rites Archaic aurait pu se présenter sous la forme d'un unique morceau, il n'aurait rien perdu de sa force et de sa cohérence.
Avec une production parfaite, qui assimile les différents instruments en une sonorité unique et grave, et une démarche honnête et obstinée dirais-je, CRYPT LURKER se hisse sans problème à la hauteur des ténors du genre (Hooded Menace, Catacombs, Moss, voire même Funeral), et laisse présager d'un avenir sombre, si tant est qu'ils arrivent sur une durée plus longue à produire le même talent d'équilibrage.
A suivre donc, comme un cortège un matin d'hiver.
Ajouté : Mercredi 25 Septembre 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Crypt Lurker Website Hits: 8772
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