JACK DOUGLAS (usa) - Jack Douglas (Juin-2013)
Rencontrer Jack Douglas est une expérience dont on ne sort pas indemne tant le bougre a de choses à raconter ! Chaque phrase est un événement en soi. Jack Douglas est un mythe vivant qui a traversé toutes les décennies et a plus de quarante ans de carrière derrière lui en tant que producteur. Si le nom n'évoque pas forcément de prime abord quelque chose, son destin est lié à des combos aussi légendaire que AEROSMITH, NEW YORK DOLLS, BLUE ÖYSTER CULT, ALICE COOPER ou encore JOHN LENNON. Autrement dit, il a tout vécu ou presque. Un entretien avec le maître équivaut à un voyage intersidéral au cœur de l'histoire du Rock. Une descente dans les abysses du Metal de quoi vous hérisser le poil pendant des décennies. Il faut dire que son parcours débute au milieu des années 60 lorsqu'il participe à la campagne des élections sénatoriale au côté de Robert Kennedy qu'il accompagne en tant que musicien ! Une destinée hors du commun qui va l'amener à participer par la suite à la naissance d'albums cultes qui vont exploser les tympans de plusieurs générations ! Maître d'œuvre de la carrière d'AEROSMITH, il est à l'origine de pépites tel Toys In The Attic, Rocks ou encore Draw The Line de quoi rendre hystérique n'importe quel producteur en herbe. Il ne compte plus les disques d'or ou de platine accumulé tout au long de quarante ans de bons et loyaux services, de quoi faire frémir ! Notre New Yorkais ne tarit pas d'éloge sur BLACKRAIN, sa dernière découverte à laquelle il a donné le son de It Begins qui est un vrai petit bijoux Glam Rock à souhait d'une efficacité redoutable. Un véritable honneur pour nos Glameurs de Annecy au vu de son parcours exceptionnel ! C'est à l'occasion d'un séjour à Paris en compagnie des BLACKRAIN que Monsieur Jack Douglas a bien voulu nous accorder une entrevue. Notre américain s'avère être un personnage sympathique qui ne se prend pas du tout au sérieux, bien au contraire ! Doté d'un humour irrésistible, il adore raconter des anecdotes plus extraordinaires les une que les autres. Un entretien placé sous le signe de la convivialité et de la jovialité, un vrai délice de pouvoir converser avec une telle légende qui se révèle être aussi un véritable conteur. Magnéto Jack !
Productions : AEROSMITH, JOHN LENNON, ALICE COOPER, BLUE ÖYSTER CULT, PATTI SMITH, CHEAP TRICK, YOKO ONO, MSG, LOU REED, MILES DAVIS, SLASH'S SNAKEPIT, MONTROSE, NEW YORK DOLLS, MOUNTAIN...
Retranscription / Traduction : Erick Laulit
Metal-Impact. C'est la première fois que je te rencontre et c'est un grand plaisir. Tu es une sorte de légende de la production...
Jack Douglas. Oui je suis une légende ! [Rires] ... Je suis une légende mais comme Bigfoot et le monstre du Loch Ness le sont [Rires] ... Une sorte de mythe de ce genre ! [Rires] ...
MI. Tu as commencé très tôt en 1964, lorsque tu as participé à la campagne Sénatoriale de Robert Kennedy !
Jack. Oui, j'écrivais des chansons pour sa campagne politique. J'avais quinze ans. J'ai traversé tous les Etats puisqu'il était en liste pour devenir Sénateur !
MI. Comment as-tu vécu ta participation à un tel évènement ?
Jack. Quand tu as 15 ans, tu ne réalises pas quel à point c'est important. Tu es là : "Ouai, ok je vais faire ça, ça a l'air fun". C'était un job d'été, j'étais loin de l'école et il faisait beau. Je n'étais pas très investit politiquement et la raison pour laquelle je jouais de la musique folk dans un club politique c'était uniquement pour les filles car celles qui s'y trouvaient étaient ravissantes [Rires] ... Elles étaient plus libérées, c'étaient des démocrates, de jeunes demoiselles démocrates [Rires] ... Tes chances de coucher avec une fille dans un club de jeunes républicaines n'étaient pas très bonnes. Les jeunes démocrates étaient mieux donc c'est comme cela que ça a commencé pour moi. J'y participais principalement en tant que musicien folk et j'essayais de séduire toutes les filles. Et puis quand les BEATLES ont commencés à être médiatisés ça a changé radicalement ma vie. J'ai échangé ma guitare acoustique pour une Les Paul de 1955, elle était noire.
MI. Oui et après tu es parti en Angleterre.
Jack. Oui, je suis allé à Liverpool.
MI. Peux-tu me dire ce qui est arrivé sur ce bateau ?
Jack. Je suis allé à Liverpool sur un bateau à vapeur et quand j'y suis arrivé avec mon ami, on avait nos guitares et des amplis à ampoules et les services d'émigrations nous ont dit : "Pourquoi êtes-vous là ?". Ils nous posaient cette question alors qu'on venait de traverser l'atlantique du nord en Décembre. Il y a fait un froid glacial, c'était un voyage éreintant d'arriver jusque là-bas sur ce petit rafiot merdique mais bon ! On leur a donc répondu qu'on était venu pour jouer et là ils nous ont demandé : "Vous avez des permis de travail ?" Nous on a répondu : "Des permis de travail ? Non rien du tout". Et là, ils nous disent : "Vous avez un moyen de transport pour le retour ?". On se dit : "Un moyen de retour ? Non". On leur explique qu'on vient d'arriver ! Et eux nous indique : "Bien, dans ce cas vous ne pouvez pas débarquer, vous rester à bord et quand il repartira, vous partirez avec". [Rires] ... "Vous ne pouvez pas entrer en Angleterre, vous n'y êtes pas autorisés". On a répondu : "Ah, ok". Et quand l'immigration a quitté le bateau, j'ai dis à mon copain : "Je m'échappe ce soir". Ils ne me garderont pas sur ce bateau. Et je lui ai promis de revenir le chercher. Aussi dément que ce soit, je voulais me sauver de ce bateau. Ce soir-là donc, je me suis échappé, ce qui fut très simple car il n'y avait aucun garde nulle part ! Et puis à Liverpool, en ce temps-là, les marins présents sur les navires se saoulaient en ville et lorsqu'ils revenaient, ils passaient par-dessus les grillages pour retourner sur leur embarcation afin d'y remplir leurs documents portuaires. Je les ai donc suivis à l'extérieur, il y avait des marins qui venaient d'autres vaisseaux et je me suis mêlé à eux. Ils ont passés les portes et sont allés dans la rue, je me suis retrouvé libre et j'ai pris un bus en direction du centre de Liverpool. Ensuite, je me suis dirigé vers un magasin de disque et lorsque je suis arrivé, c'était le jour de la sortie de Rubber Soul. J'étais extrêmement excité car la raison qui m'avait poussé à faire tout ce voyage c'était ma passion pour les BEATLES et là je trouvais leur nouvel album Rubber Soul dans les bacs. Dans le magasin de disques, il y avait des bornes d'écoute où tu pouvais écouter ton disque mais tous les points d'écoutes étaient surchargés de monde car il s'agissait des BEATLES et ils étaient de Liverpool, tu comprends ? Finalement, j'ai écouté le disque et je l'ai acheté, il a révolutionné la musique. J'avais cette galette entre les mains et je parcourais les rues en me demandant : "Comment vais-je faire pour rester ici ?!". Je dois rester ici !". Et puis j'ai vu les bureaux d'un journal, c'était The Liverpool Echo et je me suis dit : "Mais ces Anglais sont friands d'histoires sensationnelles". Je leur ai raconté mon histoire, ma situation de captif sur ce navire et comment je m'étais échappé. L'éditeur m'a dit : "c'est une bonne histoire mais maintenant tu dois retourner sur ce bateau". Il m'a donc emmené manger un Fish and Chips puis il m'a raccompagné aux docks et je suis retourné sur cette embarcation avec mon album des BEATLES : Rubber Soul sous le bras. Une fois que j'étais à bord mon pote m'a dit : "T'es revenu !". "Bien sûr, je t'avais dit que je reviendrais pour toi et regarde ce que j'ai : le nouvel album des BEATLES". Il s'est esclaffé : "Waaah". On a écouté la galette et je lui ai expliqué que ce mec allait faire quelque chose pour nous aider ! Le lendemain quelqu'un est venu frapper à la porte et une voix à retentit et j'ai entendu : "Hey, il y a une brochette de reporters là juste devant rien que pour vous". Il y avait des personnes du London Mirror, de Manchester, de Liverpool et de différents journaux. Ils nous ont pris en photo, dehors sur le bateau avec nos guitares à la main, je possède encore ce journal !
MI. Incroyable ! Vous faisiez la une ?
Jack. Oui, on était en première page : "De jeunes Américains retenus captifs sur un bateau". Tu avais un article qui relatait toute l'histoire. Du coup le lendemain, il y avait des caméras de télévisions partout avec de jolies filles qui faisaient les cent pas devant le navire et qui criaient : "Libérez les yankees !!! Libérez les yankees !". Ensuite, quatre jours se sont écoulés et le cinquième jour le bateau devait lever l'ancre. L'immigration est revenu et nous a déclaré : "vous êtes responsables de tout ça, vous nous rendez la tache très compliquée". Mais on a décidé de vous laisser entrer sur le territoire national". Ils nous ont donné un genre de Visa étudiant. Mais nous ne pouvions pas prendre les guitares. On a donc laissé nos guitares dans une cabine et nous sommes entrés en Angleterre. Par la suite, nous avons rejoint un groupe car l'idée du journal était de suivre les péripéties des Yankees et tout le monde sait que les bonnes nouvelles font vendre. On a alors passé à peu près deux semaines à faire des concerts et une nuit après un show, on prenait un café dans un pub, on était sur le toit du monde. Et tout à coup, une personne vient nous voir en disant que son copain nous attend au coin de la rue et qu'il voudrait un autographe. On se rend donc à l'endroit indiqué pour lui signer son autographe... et lorsque nous sommes arrivés ; c'était la police ! Ils nous ont mis les menottes, clic-clac retour à la case départ. De la police à la voiture, de la voiture au train qui nous ramenait au bateau, ils nous avaient mis aux fers avec des chaînes dans le véhicule.
MI. Tels de vrais prisonniers ?
Jack. Oui ! Le train a voyagé de Liverpool vers Londres puis on a changé de train pour aller de Londres en direction de Southampton. Et là, ils ont nous emmené et déposé dans le premier navire pour New-York : "Allez, salut les expulsés !". Lorsque je suis retourné en Amérique, j'ai rejoint plusieurs groupes au sein desquels j'ai joué. J'ai eu une très bonne carrière en tant qu'artiste chez différents labels. Mais après j'ai fait un disque des ISLEY'S BROTHERS, je l'ai mixé moi-même et c'est là que j'ai décidé que ce serait mon job. Je me suis alors trouvé un boulot dans un studio en tant que gardien et y ait gravi tous les échelons un par un jusqu'à finalement parvenir à décrocher le travail d'éditeur et producteur sur le nouvel album de John Lennon, j'étais très excité. J'allais enfin produire.
MI. C'était pour Imagine ?
Jack. Oui, c'est ça.
MI. Tu as donc également travaillé sur cet album ...
Jack. J'étais en fait chargé de faire le transfert de cassettes deux pistes que John avait enregistré en Angleterre et je devais les mettre sur des multipistes pour qu'il puisse faire ensuite de l'overdubbing avec. Je devais aussi collaborer au travail d'édition. Mais je n'ai rien vu de tout cela, je me suis retrouvé dans une salle obscure en bas du studio. John Lennon et Phils Spectors étaient dans une autre salle... Quant à moi, je préparais les bandes sur lesquelles ils allaient travailler par la suite. Après cinq ou six jours se sont écoulés et alors que nous étions en plein projet, la porte s'est ouverte et John Lennon est apparu. Il a passé le seuil de la porte et est entré, il venait de se quereller avec Phil Spector qui produisait son nouveau disque et avait envie de s'isoler...
MI. Tu l'avais déjà rencontré ?
Jack. Non jamais mais il est entré dans la pièce tout à coup et m'a dit : "Ca ne te dérange pas si je m'assois ici car je désirerais être un peu à l' écart de tout". Je lui ai répondu : "D'accord". Il s'est installé à l'autre bout de la console. Je ne voyais que ses pieds et sa cigarette, c'est tout et pendant ce temps là je travaillais. Au bout de quelques minutes je lui parlé : "Hum, hum, tu sais que j'ai déjà été à Liverpool ?" et il m'a répondu : "Tu es allé a Liverpool. Pourquoi ? Tu viens d'où ?". J'ai répliqué : "Je suis né et j'ai grandi à New-York". Il a été très étonné : " Pourquoi as tu eu envie d'aller à Liverpool, c'est un endroit horrible !". J'ai rétorqué : "C'est la musique qui m'a attiré, je voulais jouer du Rock". J'étais fasciné par le son Anglais, les BEATLES et je voulais savoir qu'est ce qui faisait que ce son Anglais fonctionnait. Il m'a alors demandé : "Et comment s'est passé ton séjour ?". J'ai répondu : bien et mal. Bien, parce que j'ai beaucoup appris sur la musique et mal car je me suis fait expulser. Mais grâce à cette histoire, j'ai fait beaucoup de couvertures de journaux". Et tout à coup il se retourne et me dit : "Le yankee fou, c'est toi ! Oh mon dieu, je n'arrive pas y croire, je te rencontre enfin ! [Rires]". Nous étions tous les deux mort de rire. Il m'a expliqué qu'à l'époque avec les BEATLES ils avaient entendu parler de cet espèce de musicien américain venu de New York complètement dingue. On a ri ensemble à gorges déployées. Il m'a dit que sans le savoir, on avait piqué la couverture des journaux au BEATLES puisqu'ils étaient en pleine promotion de Rubber Soul et que c'est eux qui devait faire la une. Il répétait : "non ! ce n'est pas possible, l'américain dingo... Je n'arrive pas à croire qu'on se soit rencontrés après tant d'années. Tu fais quoi ici ?". Je lui ai dit que je travaillais sur son album même si il ne me connaissait pas. Il m'a invité à descendre dans le studio et je suis resté là à regarder. Après la session, il m'a demandé ou j'allais et je lui ai expliqué que je vivais à Greenwich Village. Il m'a dit : "Moi aussi, je te dépose chez toi". Sur le chemin qui nous emmenait à son appartement avant de me déposer, il m'a demandé où il pourrait manger quelque chose et je lui ai dit que je connaissais un endroit sympa. Il voulait que je le fasse passer par la porte de derrière. Je l'ai emmené dans ce restaurant et j'ai dit au restaurateur que j'avais un invité de marque et que j'allais passer par la porte de service sur ce quoi il m'a répondu qu'il n'y avait pas de problème. Et je l'ai fais passer par l'arrière de la brasserie. Tu imagines, j'ai fait entrer John Lennon par une entrée de service pour prendre un petit déjeuner. Par la suite, tous les soirs j'allais à mon appartement pour me reposer. Il m'appelait pour me demander ce que je faisais, je lui disais rien, il me demandait : "Tu veux aller en soirée ? Tu veux enregistrer avec Yoko ?"... Et je lui rétorquais bien sûr ! Voilà comment tout à commencé. Ensuite on est devenus amis et j'ai fini par être son producteur.
MI. Comment était-ce de travailler avec John Lennon et Yoko Ono ?
Jack. Une chose que j'ai apprise en collaborant avec eux, était qu'ils ne pouvaient pas bien travailler au même moment. Quand je travaillais avec Yoko, il n'était pas bon d'avoir John dans la pièce et lorsque je travaillais avec John, ce n'était pas bien d'avoir Yoko dans la salle car ils étaient très critiques l'un envers l'autre. Alors j'ai dit : "on va faire comme ça !". Parce que John tenait beaucoup au petit déjeuner en premier le matin et que je ne vivais pas loin. On se voyait à 9h00 pour prendre le petit déjeuner, d'accord ? On allait à La Fortuna, un restaurant sur la 71eme. "Ok, tu veux qu'on se voit pour le petit déjeuner, alors je viendrais te chercher tout à l'heure" et le deal était qu'il rentre ensuite se coucher et moi j'allais avec Yoko, au studio et on travaillait de 10h00 à 18h00, j'étais toute la journée avec elle. Après je prenais une pause avec les musiciens et à 19h00 John arrivait et on travaillait de 19h00 a pas d'heure.
MI. Tu devais travailler non stop [Rires] ...
Jack. Je faisais double travail oui ! [Rires]
MI. Comment faisais-tu ? On t'appelle Terminator ? [Rires] ...
Jack. [Rires] ... C'était fun. Il n'y a jamais eu aucunes frictions d'aucunes sortes. Yoko considérait que le temps qui lui était impartit était son moment. On ne se souciait pas de John, juste Yoko, moi et les musiciens. On se concentrait sur son travail et quand John venait, Yoko partait et on se focalisait à ce moment là sur le travail de John.
MI. Tu es l'un des derniers à avoir enregistré avec lui ?
Jack. Oui, effectivement. J'étais avec lui la dernière nuit avant qu'il ne soit assassiné. Je suis la dernière personne avec qui il ait collaboré...
MI. Tu étais en studio avec lui juste avant son assassinat ?
Jack. Oui. Cette nuit là, j'étais là...
MI. Après, il est parti et s'est fait tirer dessus en arrivant chez lui !
Jack. Oui, en retournant au Dakota...
MI. Je suppose que lorsque tu as appris la nouvelle cela à du être terrible pour toi ?
Jack. Affreux (Long silence)... durant des années...
MI. Vous aviez de nombreux projets ?
Jack. C'était incroyable car nous avions tellement de projets tu sais. Des concerts live puis après un album avec Paul McCartney et Georges Harrison mais nous n'en étions pas sure encore. Peut-être allions nous le faire et ça devait être un album de Ringo, avec le reste des BEATLES comme background.
MI. Tu veux que dire que LES BEATLES auraient pu rejouer ensemble ?
Jack. Ils auraient joué les accompagnateurs de Ringo car jusqu'alors c'était surtout John Lennon et Paul McCartney qui écrivaient les titres pour LES BEATLES. Cette fois-ci, ils devaient composer pour Ringo. Il y a des morceaux que j'ai entendu car ils étaient déjà enregistrés. Ringo était quelqu'un de très coriace et le backing band qui l'aurait accompagné se serait appelé THE BEATLES ! [Rires]
MI. [Rires] ... Un opus solo de Ringo !
Jack. Oui, ca devait être the Ringo Album. Ils attendaient uniquement l'accord de Georges Harrison pour accepter la proposition de Ringo.
MI. En 1984 est sorti un album avec des inédits que tu avais enregistrés avec John Lennon ?
Jack. Oui, il y avait un ticket de voyage dessus. C'était un coffret.
MI. Tu aimerais récidiver ?
Jack. Il y a encore beaucoup de morceaux qui n'ont jamais été publié. Je ne sais pas si ils verront jamais le jour, ça dépend de Yoko, tout lui appartient.
MI. Tu as travaillé aussi sur le premier NEW YORK DOLLS !
Jack. Oui. J'ai participé à la production du premier opus des DOLLS. J'étais ingénieur du son mais c'est Todd Rundgren qui était le producteur. Todd n'appréciait pas énormément le groupe, ça ne collait pas entre eux. C'était vraiment les DOLLS et moi qui réalisions l'album. Todd ne venait qu'une fois par semaine au studio, il téléphonait tous les jours et demandait comment cela se passait, c'était uniquement ce qu'il faisait.
MI. C'est toi qui a vraiment fait le son de cet album en 1973 !
Jack. Oui et j'ai fait également celui de leur come back en 2006 One Day It Will Please To Remember Even This mais le premier album on l'a pratiquement fait tout seuls on a gardé ce fait secret au label car s'ils l'avaient appris, ils seraient devenus fous ! Mais le management et tout leur entourage savaient. Donc, lorsque le disque fut terminé et que ça a pris la tournure que l'on connait, pour le meilleur ou pour le pire, c'était totalement révolutionnaire. Les managers sont venus me voir en me disant : "On adore ce que vous avez fait, on sait ce que tu as fait pour réussir à obtenir ce son, voudrais-tu produire notre Baby Band ? Ce ne sont pas encore des adultes ! [Rires] ... Mais tu devras aller jusqu'à Boston afin de les voir et dis leur si tu veux ou non travailler avec eux". Je suis donc allé à Boston, je les ai vu jouer dans un hall de lycée, c'était AEROSMITH. Je les ai entendu en concert et ca a été le choc, je leur ai dit tout de suite que je les adorais. On était sur la même longueur d'ondes. On aimait les même styles, THE ANIMALS, le blues, James Brown. On avait les même gouts en matière de guitares : Les Paul, les Stratocasters, on pouvait parler guitares ensemble et Steven Tyler et Joey Kramer étaient tous les deux du Bronx, tout comme moi. On s'est juste trouvés.
MI. Pour toi, c'était une évidence ?
Jack. Immédiatement, on était fait pour collaborer ensemble.
MI. Plus que les NEW YORK DOLLS ?
Jack. Oui.
MI. Leur premier vinyle est considéré comme une référence majeure !
Jack. Oui, oui, je sais. Je l'ai souvent entendu dire. Je comprenais ce que faisaient les NEW YORK DOLLS et j'appréciais leur style. D'ailleurs David Johansen et moi sommes de très bons amis et nous nous parlons tout le temps mais ce qu'AEROSMITH faisait je le comprenais vraiment comme un musicien, un interprète. Il y avait une alchimie totale qui ne s'explique pas.
MI. Comment était-ce de travailler avec eux ?
Jack. Le premier album que j'ai fait avec eux, ils avaient beaucoup de titres déjà écrits donc c'était simple. Après, on arrangeait tout en pré-production, tout commençait à ce moment là et on y consacrait une longue période. Il y avait aussi beaucoup de répétitions. Je disais à un des boys : "Tu as une chanson ?". Il me répondait : "Oui, voilà écoute" (Il fredonne) Da Da Da [Rires] ...
C'était ainsi que nous bossions. Je répondais : "Ok, bien mais va falloir y rajouter un truc, non ?". Je m'adressai alors à un autre musicien : "Et toi t'as quoi ?", "Moi, j'ai" (Et il fredonne une nouvelle fois) Dou Di Di. Peut-être, pourrions-nous ajouter (Et il fredonne à nouveau) Da Da Da ou Dou Di Di et au final on obtenait Da Da Da Dou Di Di. On y était presque. Je disais alors : "Quelqu'un d'autre ?". Et ainsi de suite. On collaborait toujours en ajoutant des bribes de morceaux et on parvenait ainsi à créer des pistes. Mais il n'y avait aucunes paroles. Les textes ne venaient jamais avant le studio et Steven Tyler faisait des (Il fredonne) : "da, bim, dam, di, da, di , dou". Il inventait des sons qu'on écoutait et d'un coup on se disait : "Hey ! Ca ressemble à un mot". Et après ces sons devenaient des mots mais des mots qui s'inscrivaient dans le feeling de la chanson. Steven était très rapide pour ça.
MI. Et après seulement, il écrivait les paroles ?
Jack. Oui, il écrivait les paroles en dernier.
MI. Ce sont vraiment les débuts d'AEROSMITH en Amérique ?
Jack. C'était vraiment amusant car quand on a fait Toys In The Attic, ça nous a pris peut-être cinq mois. On était dans un complexe de production à New-York, les studios Record Plant. On enregistrait au rez-de-chaussée du bâtiment et il y avait deux portes, une pour le studio A et une pour le B. L'autre artiste qui était là aussi pour cinq mois et en contrat avec Colombia Records ; c'était Bruce Springsteen qui préparait Born To Run. Nous avions pour habitude de sortir pour le déjeuner et alors que nous n'étions pas là, le président de la compagnie descendait au studio et en voyant Bruce Springsteen et AEROSMITH en plein enregistrement, il s'exclamait : "Oh, mon dieu, je n'arrive pas à croire ce que j'ai là !". On ne savait pas si c'était bon ou non et Bruce non plus. Du coup Bruce faisait un truc et il venait nous voir en courant (ndi: il frappe par trois fois sur la table pour imiter une personne toquant à une porte) en disant : "Hey, venez écouter ça !". Tout le monde y allait et écoutait ce que Bruce venait de faire et on se disait : "Wow, c'est vraiment bon, maintenant on doit faire mieux" (ndi : Il imite le son d'une chose allant à vive allure). Et Woosh on fonçait retravailler [Rires] ... Puis on retournait voir Bruce au pas de course : "Hey Bruce, viens !". Et Bruce venait voir et nous disait "Woah, les gars c'est vraiment bon". Et nous on lui répondait : "Maintenant, c'est à toi de t'y remettre" [Rires] ... Et ça a duré cinq mois comme ça. On y a pris beaucoup de plaisir, vraiment énormément.
MI. J'ai l'impression qu'à cette époque, il y avait quelque chose de magique en studio ?
Jack. Oui, c'est évident et quand je bosse avec un groupe tel que BLACK RAIN, j'éprouve à nouveau cette sensation avec eux car ils ne sont pas formatés. Quand ils jouent, on sent que ça les emplit d'excitation, ils sont passionnés par ce qu'ils font. Et moi c'est pareil, ça m'excite toujours autant de produire de tels combos. J'ai toujours été un garçon plein d'excitation, j'aime tellement faire ça. Du coup quand tu rencontres un gang comme BLACKRAIN, c'est très contagieux.
MI. Qu'est ce qui t'a poussé et décidé à produire BLACKRAIN vu de l'extérieur ca peut paraitre surprenant ?
Jack. Uniquement la qualité du groupe. Je connaissais Danny Terbèche depuis longtemps mais je ne l'avais pas revu depuis des années, nous avions travaillé ensemble à l'époque ou il gérait un magazine et un label. Je ne l'avais pas revu depuis très longtemps. Danny est entré en contact avec moi par l'intermédiaire de mon fils via Facebook en lui disant : "J'ai un truc que ton père va aimer". Et mon fils lui a répondu sur Facebook: "Tiens, voilà son numéro. Appelle-le !". Donc, il m'a appelé : "Je manage un groupe qui s'appelle BLACKRAIN et je pense que tu devrais aimer, il est français". J'ai dit : Ok pas de problème, ça m'intéresse. Tout ça pour moi n'a aucune importance, du moment que le groupe est bon, je ne me préoccupe pas de sa nationalité. C'est juste pas possible de juger un combo en fonction de ses origines, pour moi le genre d'attitude : "Oh non, un groupe français !", c'est catastrophique. Non, ils sont vraiment très bons et c'est ce qui me plait. Quand ils m'ont contacté, je réalisais la B.O d'un film et je devais me rendre au festival de Cannes pour une projection test. Du coup je lui ai dit : "Danny, je vais en France très bientôt, je serais au festival de Cannes. Pourquoi ne viendrais-tu pas me rejoindre ?". Il est par conséquent venu me voir avec Swan, le chanteur leader du groupe et quelques démos. J'ai tout de suite adoré Swan car j'ai vu que ce gars était dévoué au Rock'n'Roll. Tu as vu à quoi il ressemble, il a des tatouages partout, il a l'esprit Rock. Il incarne cette vie que nous aimons tous, ce n'est pas du chiqué, c'est un garçon pur. Ce type est un vrai Rocker. C'est que j'ai tout de suite adoré chez lui et je me suis dit : "Ok, cool, si la musique est aussi bonne que le style de ce mec, ça va le faire". J'ai écouté leur musique et c'était très bon.
MI. Que penses-tu leur avoir apporté ?
Jack. Oh, en fait je n'en sais rien. Ils ont déjà tellement de talents. A chaque projet auquel je participe, j'apporte le stricte nécessaire, rien de plus et rien de moins, juste ce dont les musiciens ont besoin. Sur certains projets auxquels j'ai participé, j'ai du écrire et composer avec les artistes, leur tenir la main en quelque sorte. Avec d'autres, je dois faire le prêtre ou le psychanalyste. Peu importe ce qui m'est demandé, je fais le job.
MI. On t'appelle le doc ? [Rires] ...
Jack. [Rires] ... Peu importe mais là c'était diffèrent. C'était très bien écrit, les idées de voix et d'harmoniques étaient bonnes, j'ai juste ajusté le tout car tout était excellemment composé. Je n'ai pas essayé d'imposer mon son et leur dire que ça devait être comme ça. Alors, j'ai du effectuer quelques modifications lors des répétitions, j'ai changer les percussions par exemple. Danny à beaucoup écouté et donné son avis sur les changements et sur ce que l'on voulait obtenir. Les musiciens sont tellement bons que je n'arrivais pas à y croire. C'est amusant car ils sont influencés par le Glam et le Air Metal des années 80, c'est leur musique de prédilection, leur influence majeure comme les BEATLES m'ont influencé ou BLIND LEMON JEFFERSON, plus tôt. Quand je suis retourné aux Etats-Unis pour mixer It Begins, ils m'ont demandé : "Hey, est-ce que tu pourrais avoir certains de nos héros ?". Car en effet, j'ai produit Slash et je connais pratiquement tout le monde au niveau Hard Rock. Et eux me disaient : "Tu crois que tu pourrais avoir quelques uns de ces musiciens pour jouer sur It Begins ?". Et j'ai été obligé de leur dire : "si je le fais, cela va diminuer la qualité de It Begins car vous jouez tellement mieux que ces mecs. Vous avez emmenés la musique autre part, vous n'avez pas envie de revenir en arrière je pense. Vous avez le truc les gars et vous n'avez pas besoin d'eux pour vous valoriser. Vous avez créé quelque chose qui est unique. Vos influences sont évidentes, on ressent immédiatement d'où elles proviennent mais vous vous les êtes appropriées. Il se dégage de ce disque une énergie rare et vous avez tout. Je n'ai pas envie que d'autres jouent sur votre cd". Ils étaient déçus mais je savais que c'était la meilleure chose à faire, ils n'en avaient vraiment pas besoin.
MI. Tu veux dire qu'ils auraient pu avoir de nombreux invités prestigieux ?
Jack. Oui mais ce n'était pas nécessaire et cela les aurait éloignés de ce qu'ils avaient composé. Tu sais j'aurais pu avoir n'importe lequel de ces artistes américains en guest pour It Begins. N'importe lequel de ces gars aurait pu jouer quelques notes, même AEROSMITH l'auraient fait mais ce n'aurait pas été bénéfique pour eux. Plus tard, quand ils seront établis sur la scène internationale, ils pourront avoir qui ils veulent mais ils sont uniques et il faut qu'ils développent cette qualité. Ensuite, ils mériteront d'être érigés en superstars et ils en sont capable, j'en suis sure. Là, ils auront tous les invités qu'ils désirent.
MI. Peut-être produiras-tu leur prochain opus ?
Jack. Oui, je l'espère. Je pense que je pourrais, on verra par la suite.
MI. Juste avant BLACKRAIN, tu as produit le dernier AEROSMITH !
Jack. Oui.
MI. Et celui d'avant aussi !
Jack. Oui, Honkin'On Bobo.
MI. Oui et après il y a eu Push To Play et maintenant il y a celui-ci !
Jack. Music From An Other Dimension.
MI. Tu n'as pas travaillé pendant dix ans avec AEROSMITH ? Est-ce que tu as retrouvé le même feeling ?
Jack. Oui parce que je ne fais pas que travailler avec eux. On se côtoie régulièrement, on est toujours ensemble.
MI. Vous êtes de bons amis du genre à aller draguer les filles ensemble dans un bar ? [Rires] ...
Jack. [Rires] ... Oui !
MI. Tu as enregistré de la même façon que dans les années 70 ?
Jack. Oui, en live.
MI. Tu enregistres en live lors des sessions studio ?
Jack. Oui. Toujours avec eux car même si je remplace certaines choses plus tard, c'est un groupe de scène, ils improvisent beaucoup. Tu as une grosse idée de ce que cela va donner puis ils y vont et ça évolue au fil des répétitions et de l'écriture. Ils s'écoutent tous les uns les autres, se regardent, l'un d'entre eux va jouer un truc puis cette bribe de morceau va changer et ça ne sera pas pareil à l'arrivée. Ca change toujours comme dans un combo de blues qui improvise constamment.
MI. Quand sais-tu qu'une chanson est terminée et qu'elle est prête à finir sur le disque ?
Jack. Il n'y a pas de règle. Je parviens juste à l'entendre, c'est quelque chose que tu ressens.
MI. Tu arrives à le savoir juste au feeling ?
Jack. Oui. Je peux l'entendre. Je le sais c'est tout, ça ne s'explique pas vraiment. Il faut être là pour comprendre. C'est un ensemble. Il y a toujours quelques erreurs à corriger ici et là mais Steven le sais également, il écoute et il va te dire un truc du genre : "tu vois, je pourrais chanter la dessus en modifiant ceci ou cela !". Il se met au piano et quand les autres sont en plein bœuf en train de travailler sur une idée, il chante, il est assis au piano en chantant. Il n'y a rien de concret au début, c'est uniquement des idées mais quand je réalise que tout s'emboite je lui dis : "C'est ça ! Juste maintenant. Tu as entendu ça, Steven ? Tu as entendu ?". C'est ça. C'est le morceau, tu l'as. Ca va devenir une chanson. Continuez votre jam. Voilà comment nous fonctionnons.
MI. Comment expliques-tu le fait qu'il n'y ait pas de nouveaux groupes qui émergent et que la scène soit dominée par des combos issus des années 70/80 ?
Jack. Parce que la Pop Musique est faite par des machines et il n'y a pas assez de nouveaux groupes en activité. Les vrais batteurs sont rares, je pense que les gosses veulent entendre des groupes capables de jouer réellement et c'est pourquoi il n'y a que ceux connus qui dominent.
MI. Tu crois que c'est pour cette raison uniquement ?
Jack. Oui car lorsque tu vas les voir en live, c'est comme sur l'album. C'est important.
MI. Il y a eu GUNS N' ROSES et depuis plus rien...
Jack. Il y a eu NIRVANA aussi et tous les groupes qui sont arrivés après NIRVANA. Mais après il y a eu toute la mouvance anti-rock et les magasins de musique vendaient plus de tables de mixage que de guitares et ce durant une longue période. Tout le monde disait : "Oh, je veux devenir D.J !". Ce qui est beaucoup plus simple que d'apprendre à jouer de la guitare classique ou de la batterie. Tout est là, les D.J. deviennent des producteurs et de ce fait la musique qu'ils viennent à produire est basée sur des machines et des samples. Tout a changé.
MI. Tu connais tout le monde mais y'a-t-il un groupe avec lequel tu désirerais travailler et avec qui tu n'as pas encore eu la chance de collaborer ?
Jack. Oh, c'est très simple: THE ROLLING STONE.
MI. THE ROLLING STONE ?
Jack. Oui, car je connais l'intégralité du groupe et je suis allé aux studios en leur compagnie de nombreuses fois en tant qu'amis mais je n'ai jamais eu l'opportunité de les produire.
MI. C'était si dur de travailler avec les STONE ?
Jack. Non, je n'ai juste jamais eu ...
MI. L'opportunité ?
Jack. Oui.
MI. Que penses-tu des ROLLING STONE d'aujourd'hui ?
Jack. J'apprécie tout ce qu'ils font et je voudrais vraiment faire un bon album avec les ROLLING STONE. Je pense que je l'ai déjà dans ma tête mais tu sais si on devait tous vivre aussi vieux, tu vois ce que je veux dire [Rires] ... Je prépare un nouveau CHEAP TRICK qui devrait sorti à l'automne, on fait ce nouvel album ensemble.
MI. Tu as travaillé de nombreuses fois avec eux c'est toi qui a produis le Live At Budokan, tu as aussi fait le premier CHEAP TRICK.
Jack. Oui, j'en ai fait quelques-uns [Rires] ... Alors, oui. On en fait un nouveau pour très bientôt.
MI. Dans quel style sera ce nouvel opus ?
Jack. Dans la veine des débuts.
MI. Beaucoup de producteur prône un retour à l'analogique, quelle est ton opinion sur le sujet ?
Jack. J'aime l'analogique mais j'utilise de tout. J'utilise des cassettes et le système Protool avec un équipement du nom de Clasp (ndi : il épelle le mot : C.l.a.s.p.) qui synchronise les deux en temps réel donc cela me permet de travailler avec beaucoup de matériel analogique et les faire fonctionner tous en même temps. J'ai un 16 pistes avec un 15 Ips pour les percussions uniquement. Une mono machine qui va à 7.5 pour la basse a laquelle j'ajoute un 24 pistes sur 30 pour le reste. Tout ce système travaille en même temps et enregistre pour finalement passer à travers une machine qui transfère le tout dans le Protool. On utilise les mêmes cassettes encore et encore pour obtenir un son analogique.
MI. Comment as-tu appris la production ?
Jack. C'est une longue histoire. Je suis dans l'enregistrement depuis 40 ans.
MI. 40 ans ?
Jack. Et alors... [Rires] ... Je suis le mouvement et quand ça a changé, j'ai évolué en même temps. Je comprends ce qu'est devenu le monde de la production et ça me va bien. J'aime ça par exemple je vais te montrer. Tu sais ce qu'est un Gear Head ?
MI. Un Gear Head, non pas du tout...
Jack. Un GEAR HEAD, c'est une personne qui collectionne les matériels d'enregistrement.
MI. Tu es un Gear Head ?
Jack. Oui, je suis un Gear Head. Attends, je vais te montrer quelque chose. Ah oui, je dois te raconter une blague française mais avant je te montre ça. Tiens, regarde ça c'est mon équipement (ndi : Il me montre sur son portable une photo de son matériel High Tech d'enregistrement).
MI. D'accord. [Rires] ... Il y a de tout !
Jack. Il y a aussi des machines à écrire, des Studer.
MI. Quand on voit tout ce matériel on peu être un peu effrayé ! [Rires] ...
Jack. [Rires] ... Je vais te montrer une autre chose très amusante, tu connais American Idol ?
MI. Oui, BLACKRAIN a participé à un programme dans le même genre ou tu étais présent d'ailleurs (La France A un Incroyable Talent) !
Jack. Oui, j'étais invité dans un de leur show en direct. En Amérique, Steven Tyler était l'un des juges d'American Idol et dans la dernière émission de la saison AEROSMITH a joué des morceaux live et donc Steven Tyler m'a demandé : "S'il te plait fais-moi une fleur. Pourrais-tu gérer, personnellement, quelques-unes des retransmissions pour que tout sonne bien ? Je voudrais que tu t'occupes du son de certains morceaux qu'on va interpréter sur le plateau". Je lui ai répondu que j'étais d'accord bien sûr. Alors, je suis allé voir au studio d'enregistrement de l'émission. Et il m'a dit: "Je veux que tu te places juste derrière la scène afin de pouvoir te voir quand on jouera. De cette façon si j'ai besoin d'un extra je te donnerai un signal et toi grâce au casque pour les charges de retransmissions tu pourras nous suivre". Je lui ai répondu : "T'inquiète pas, donne-moi juste le signal". Et là je lui ai demandé : "Et comment je vais faire pour te voir ?" et il m'a expliqué : "Tu sors la tête de temps en temps pour jeter un œil parce que je serais en train de chanter". Donc, pendant qu'il jouait je n'arrêtais pas de me pencher pour le regarder car j'avais un ordinateur portable sur lequel je travaillais et je regardais en même temps en sortant la tête pour voir s'il me donnait le fameux signal mais rien de rien pas de signe de la part de Steven. Je me dis que tout va bien et je continue à jeter un œil de temps en temps. C'est une photo prise par une personne à partir d'un écran de télévision (ndi : il me montre une photo prise lors de l'émission et l'agrandit). Tu vois c'est eux là sur la scène, ils jouaient à la fin de l'émission.
MI. Oui !
Jack. Et regardes-là qui fait sortir sa tête ? [Rires] ...
MI. [Rires] ... On le voit apparaitre derrière la batterie alors qu'AEROSMITH joue live !
Jack. Tu vois c'est à la télévision et je sors ma tête afin de voir s'il y a un signal. Donc, ils sont tous là à se dire que c'est très drôle. Il pense c'est très marrant ce que Jack a fait : faire apparaitre sa tête à la télévision en direct. Tout le monde en Amérique a vu ça.
MI. Vous êtes une famille ?
Jack. Oui et c'est le genre de choses qu'ils font en pensant que c'est une blague super drôle.
MI. Je ne sais pas s'il te serait possible de faire ça en France...
Jack. Non. Et voilà ce qu'ils ont fait. C'est la pochette du nouvel AEROSMITH Music From Another Dimension, pas vrai ? (ndi : Il me montre l'image sur son portable). Et là une fois encore, ils ont voulu me faire une blague ! Tiens regarde, là c'est moi sortant la tête, tu vois, ils m'ont caché dans le dessin !!! (Ndi : il agrandit la pochette de Music From An Other Dimension et on le voit apparaitre dissimulé au milieu de la pochette). Voilà ce qu'ils ont eu comme idée pour se foutre de moi [Rires] ...
MI. Quels sont tes prochains projets ?
Jack. Je vais produire un combo qui s'appelle YOUTH BE TOLD en Juillet. Je vais mixer aussi les bandes de ODD FATHERS. Je travaille aussi sur la bande son de deux séries télé puis je prendrais mes vacances en Septembre.
MI. Tu vis toujours à New-York ?
Jack. Je vis à New-York et Los-Angeles mais je pense que New-York, c'est mon véritable chez moi. Par contre les studios et les équipements sont à L.A donc je travaille toujours sur la côte ouest. Je vais prendre un peu de vacances en Septembre ensuite je m'occupe de produire le prochain CHEAP TRICK puis celui de Mick Mars.
MI. Peux-tu nous en dire plus sur le prochain Mick Mars ?
Jack. Oui, on va faire Mike Mars All Star. Ce sera un disque solo avec une pléiade de guest stars.
MI. Peux-tu me dire qui sont ces invités ?
Jack. Je ne peux pas te le dire pour le moment. C'est un secret ! [Rires] ...
MI. [Rires] ... Pour finir comment était-ce de travailler avec Slash ?
Jack. Très bien, c'est un tel gentleman. Il était très, très avenant et gentil. On a passé de bons moments ensemble. Je l'adore.
MI. Tu penses que le cœur de GUNS N ROSES, c'est SLASH ?
Jack. Oui mais il ne pourrait pas se relancer là-dedans et il ne le refera jamais car c'est trop compliqué de travailler avec Axel Rose. Ca le rendait fou mais nous on a eu beaucoup de fun ensemble. Il avait à l'époque un studio magnifique dans sa maison et c'est là qu'on a fait la plupart des enregistrements. Un jour, il a décidé de déménager et nous devions travailler sur un nouvel opus, il voulait la vendre à Billy Bob Thornton. A l'époque Billy Bob Thornton était marié à Angelina Jolie donc tous les jours lorsqu'on faisait des prises en studio, j'avais Angelina Jolie qui était assise juste à côté de moi.
MI. Tu es un homme chanceux [Rires] ...
Jack. Et je me disais : "Mon dieu, Slash est cool mais travailler à côté d'Angelina Jolie c'est mieux, elle est magnifique !" [Rires] ... Sinon Johnny Depp m'a proposé d'écrire un livre car il possède une maison d'édition, c'est ce qui se profile à l'horizon dans un futur proche.
MI. Beaucoup de projets ! Merci beaucoup pour cette interview.
Jack. Merci à toi, ce fut un plaisir.
Ajouté : Lundi 24 Mars 2014 Intervieweur : The Veteran Outlaw
Hits: 9716
|