GHOSTONE (FRA) - Le Mangeur d'Âmes (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 14 février 2012
Pays : France
Genre : Rock / Metal
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 51 Mins
Il fallait bien un mec n'ayant pas froid aux yeux pour s'attaquer à un groupe corse. J'en suis. Courageux, pas téméraire. Je tiens à ma vie. D'ailleurs, je vais faire mon possible pour ne pas être trop salaud avec GHOSTONE. Je n'ai guère envie de me faire plomber la cervelle en allant faire le plein de sans-plomb. Ah, les clichés ont la peau dure pas vrai ? Qu'importe au final ce trait d'humour, puisque l'essentiel est préservé pour nos amis insulaires ; une réputation qui s'est faite et qui sera compliqué à défaire. De l'autre côté de la Méditerranée, on n'aime pas forcément les identitaires et encore moins les identitaires qui ont des idées. Moi, j'aime déjà GHOSTONE. A l'instar des Basques, des Bretons, je viens d'une région de France dont le patrimoine est un legs. Pour rien au monde je ne renierais mes racines. Je suppose qu'en incorporant des polyphonies corses à leur Rock / Metal, les Corses ont voulu valoriser le terroir. C'est plus malin que de placer un morceau de brocciu dans les pages du booklet.
Vainqueur du concours Rock Emergenza en 2008 à l'Elysée-Montmartre Paris deux ans après sa formation, GHOSTONE a proposé en février 2012 un premier album nommé Le Mangeur d'Âmes. Plus qu'une carte du jeu Yu-Gi-Oh, ce nom reflète effectivement la personnalité du quatuor qui incorpore dans sa musique des éléments hypnotiques visant à aspirer la clairvoyance de l'auditeur. "Djihad Joe" s'ouvre sur des chants polyphoniques corses, œuvre de Jean-Louis Blaineau et il va sans dire que cette ouverture déstabilise immédiatement. Les Ajacciens rendent un hommage poignant, troublant à leur île et c'est tout à leur honneur. Car en plus d'être novateur, ce choix artistique est diablement bien incorporé à une musique qui se base sur l'émotivité du Rock et la force de frappe du Metal. On trouve de tout dans cet album, du "Bad Little Boy" un peu mièvre au "Needles On My Skin" énervé en passant par "Wake Of", un interlude captivant entre djembés et klaxons et "People Vs President", un morceau complètement stressant sorti en plein contexte de campagne présidentielle. Centré sur le parcours d'un individu pour rendre son contenu plus conceptuel, Le Mangeur d'Âmes compte beaucoup de temps forts pour peu de moments creux. Preuve que GHOSTONE se dépatouille comme un grand, on retrouve en marge de leur créativité, une production lustrée et honnête, légèrement en-dedans sur les parties Metal ("Killer On The Loose") mais redoutable d'efficacité quand il s'agit d'être catchy. Les quatre compères ont instauré une véritable alchimie qui n'en finit pas de guider leur œuvre sur des sentiers surprenants. Et très sincèrement, si ce Rock est une décharge d'adrénaline, je suis encore plus sensible à une proposition comme "U Pranzu Di U Diavule" qui transpire un héritage, une culture, un patrimoine que je ne partage pas mais dans lequel je me retrouve totalement. Il y a des signes qui ne trompent pas et cet attachement aussi attachant que contagieux en est un.
Alors certes, les Corses comprendront mieux que quiconque le sens de cet album. Mais je ne pense pas que Le Mangeur d'Âmes se résume à ça. Ce n'est pas un clivage, ce n'est pas un barrage, c'est une ouverture culturelle enrichissante qui s'adresse aussi et surtout à ceux qui aiment le Rock un peu alternatif, un peu métissé et très convaincant. C'est GHOSTONE, tout simplement !
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ghostone Website Hits: 5984
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