Difficile de faire plus authentique que MALMORT. Visuellement, musicalement, ce projet chambérien est totalement greffé dans cette caricature du Black Metal que je vais prendre soin de vous épargner. Nul besoin des traditionnels "pandas de la forêt" pour railler un look, une imagerie, un choix de vie. A vrai dire, je crois même que MALMORT n'a rien demandé à personne, se contente de faire son petit business, ses petits rituels dans son coin et désire par-dessus tout ne pas trop se faire emmerder. Alors je vais juste avoir le temps de parler de cet EP avant de les laisser se recueillir (ou prendre des kikoofoto) dans l'intimité d'un bosquet guère accueillant. MCDXXXI-MCDXL (en chiffre arabe : 1431-1440) est un premier EP qui succède en 2010 à la démo Hollenfurt sortie quatre ans plus tôt et qui précède un split avec SAD ainsi qu'un premier album paru en 2012 sous le titre Vox In Excelso. Pour ce qui est de la symbolique de ces dates, il semblerait au vu de la pochette (dessinée par le guitariste Necrowarrior) que ça tourne autour de Jeanne d'Arc, 1440 étant l'année où son compagnon, Gilles de Rais, fut exécuté pour torture d'enfants et hérésie.

Maintenant que le décor est posé, on peut passer à l'autopsie de cette œuvre. Des entrailles de MALMORT s'échappe une nuée de pipistrelle, une odeur de souffre et l'aorte d'une pute vierge. Un tableau qui témoigne des méfaits diaboliques du projet, totalement en phase avec l'esprit de mort qui règne sur MCDXXXI-MCDXL. On peut penser ce que l'on veut, que MALMORT est un cliché, une parodie de Black Metal qui se prend trop au sérieux ou un digne héritier de DARKTHRONE, il n'empêche que leur musique avance l'idée que ce groupe n'est pas si contestable que ça. Leur Black Metal se tient étrangement bien et ce, dès l'arrivée de "Wrath Of A Son" qui instaure un climat vraiment délétère et ce, peu importe l'endroit où vous vous trouvez. Je ne vais pas vous ressortir le coup de "cet EP est à écouter dans le noir" mais quand même, il y a une ambiance qui guide ces quatre compositions et qui mériterait bien qu'on se mette dans de bonne conditions pour apprécier cette déferlante de Black Metal pur et dur. Les hurlements macabres sur "Drowned In Lake Of Blood" apportent incontestablement un plus, au même titre que les incessantes variations rythmiques qui ponctuent cet EP. Pour autant, je suis assez positivement surpris car MALMORT ne malmène pas la mélodie, ne se contente pas d'un son bruitiste et d'une technique qui frôle le néant pour se prétendre blackeux. Il y a une recherche que je qualifierais presque de "musicale" sur ce disque, un souci du détail, une certaine harmonisation dans le riffing qui fait que MCDXXXI-MCDXL mérite peut-être davantage d'être entendu qu'un autre. Puis cette reprise du "Black Funeral" de MERCYFUL FATE fait beaucoup de bien car sans vouloir concurrencer l'œuvre de King Diamond, elle apporte une réinterprétation savoureuse qui tranche d'avec l'homogénéité du Black précédemment proposé.

Sur cet EP, MALMORT a fait les bons choix au bon moment. MCDXXXI-MCDXL n'est surement pas le disque de Black Metal le plus inaccessible au monde, mais il est intègre, volontaire, parfois passionnant, parfois naïf, jamais ridicule. Ce n'est peut-être pas un compliment que je vais leur faire, mais j'ai passé un bon moment en compagnie de ces Chambériens. Nul doute qu'ils auraient préféré que je m'achète une paire de Pampers pour écouter leur premier full-lenght mais hélas pour eux, ce sera avec confiance et sérénité. Une découverte à contre-emploi donc.