SAEL (FRA) - The Sixth Extinction (2010)
Label : Pictonian Records
Sortie du Scud : 30 avril 2010
Pays : France
Genre : Black Metal progressif
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 47 Mins
Les dreadlocks soigneusement dissimulées sous un couvre-chef aux couleurs rastafari, Saël est prêt à en découdre avec le chichon. Sauf qu'en plus d'être un reggaemen martiniquais réputé dans les soirées aquarium, SAEL est aussi un projet musical métropolitain qui devrait certainement intéresser les lecteurs assidus de ce webzine. Sous ce nom à consonances diabolique se cache donc deux entités bien distinctes. D'un côté, un baba cool qui ne s'en cache pas. De l'autre, un groupe de Black Metal charentais actif depuis 2002 et père de deux albums et particulièrement de The Sixth Extinction dont il sera question ici. Trois ans après un Ocean moyennement apprécié par mon collègue Wong Li (lire par ailleurs) et dont la pochette rappelle étrangement l'œuvre d'AUSTERE, le quatuor emmené par d'éminents membres de la scène Black française est revenu à la charge avec un second méfait dont on parle encore en 2013. Pas forcément parce qu'il aura marqué les esprits, mais plutôt parce qu'on l'aura vite oublié du fait de sa relative transparence.
"Being Judas" plante le décor dès son premier balbutiement. D'ailleurs, il ne faut pas être cardiaque, tant SAEL ouvre de manière tonitruante et à vrai dire, assez dégueulasse. On se prend le déluge en pleine tête pendant une dizaine de secondes avant qu'un étonnant et précoce silence ne vienne semer le doute quant aux intentions des Français. Oui, The Sixth Extinction s'est lui-même catalogué comme étant un album de vrai Black Metal, celui qui crache, celui qui tâche, sauf que la diversité rythmique et le sens artistique de ce premier morceau jette un froid déjà prononcé par le jeu glaçant des guitares. Et que dire de "Priest Of Nothingness" aux intentions louables mais qui, sur la durée, évoque un mauvais remake d'ENSLAVED, à la faveur d'un chant "spiritualisé" et de claviers macabres et démodés. Ainsi, SAEL décrochera progressivement de cette étiquette 100% Black Metal qui venait légitimer des vocaux hideux et de violents blasts sur fond de saturation pour verser dans quelque chose qui touche au domaine du Black progressif. Sauf qu'à l'inverse d'un ENSLAVED ou même d'un simple groupe de Black voulant étendre un tant soit peu son champ d'action, SAEL ne fait que proposer un vague bouillie d'où il est difficile de ressortir un climat général. Le temps est instable, changeant, propice aux rhinites. D'un morceau long et usant comme "The Venom", on passe à "Inner Wrath", une proposition plus concise, plus lancinante qui déploie en bout de course un chant nasillard d'une rare maladresse. L'idée que le démon puisse habiter cette œuvre ne m'as pas effleuré une seule seconde, car SAEL peine encore à trouver sa marque. Les idées sont là et les variations ne sont pas malvenues, sauf que rien ne s'emboîte, qu'on passe d'une tornade meurtrière à une stagnation pseudo-hallucinogène en une fraction de seconde et qu'au bout du compte, on à l'impression que les Français ont fait un peu n'importe quoi. Cependant, pour nuancer un peu la critique et la rendre encourageante, car il y a malgré tout des louanges à faire, on sent que derrière cette inaccessibilité qui frôle l'intellectualisme se trouve un fond de commerce qui ne demande qu'à prendre corps pour enfin raconter une histoire qui tienne la route et qui passionne les foules.
Je ne pense pas que SAEL soit un groupe trop tendre, car la méchanceté de certains passages infirme cette hypothèse. Je pense plutôt qu'il leur faut mettre de l'ordre dans leurs idées pour qu'enfin, on puisse comprendre ces interventions progressives, presque avant-gardistes et qu'elles prennent vie. En attendant, le fan de Black Metal lambda pourra toujours savourer le désir d'innovation d'une formation qu'on demandera forcément à réécouter, d'une façon ou d'une autre.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Sael Website Hits: 6230
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