Aaaaah, Grenoble. Ses ravioles. Son téléphérique. Son exquise pollution. Ses stations de ski aux alentours. Et dans un registre tout aussi léger, quoique plus corsé que du bleu de Sassenage, son orchestre de zombies, son groupe de Brutal Deathcore, THE WALKING DEAD ORCHESTRA. Un simple EP quatre titres en 2012, alors que le groupe s'était formé un an plus tôt autour de Cédric (batterie) et Jean Baptiste (guitare), avait fait redécouvrir le paysage Metal grenoblois, qui ne se cantonne manifestement pas qu'à NIGHTMARE, désolé papy. Un an plus tard, le quintet dont le line-up se sera stabilisé avec l'arrivée de Charles à la basse et Marco à la guitare est le premier groupe à profiter de l'offre promotionnelle de Metallian, qui propose aux jeunes groupes non signés de diffuser l'album avec le magazine. S'en suivra une signature sur Klonosphère, atout plus qu'indispensable pour répandre au mieux la pandémie infectieuse répondant au doux nom d'Architects Of Destruction.

La galette est à peine mise au four, "Swamp Fever" et sa technique parfaite font cracher les hauts parleurs depuis 40 secondes. Et on se dit qu'il y'a un truc qui cloche. Que quelque chose ne tourne pas rond. Que c'est sans doute trop beau pour être vrai, va savoir. On vérifie la pochette du skeud, la bio et les photos du groupe sur internet... Et oui mon gars ! THE WALKING DEAD ORCHESTRA, c'est la preuve que même si ton look te permet de te faire passer pour un membre du fan club de BRING ME THE HORIZON, tu peux envoyer le boulet avec technique et classe. C'est la preuve que même si ton chanteur a son estrade perso sur scène pour être suffisamment vu, ce dernier peut te sortir un growl terrifiant, mais élégamment articulé et compréhensible. Et surtout, c'est la preuve que tu peux être Français et jouir d'un son studio qui ferait rager de jalousie nombres de ricains, THE BLACK DAHLIA MURDER en tête.

Le fond y est, pas besoin de s'éterniser là-dessus tant la réussite en termes de production est évidente. Mais qu'en est-il de la forme ? Nombreux seront ceux qui ne verront là qu'un autel dédié au culte de la sauvagerie auditive la plus violente qui soit. La vérité musicale et objective est toute autre : le travail fait sur les compositions est bluffant de richesse et de fraîcheur. Au-delà de la technique dont font preuve les loustics, la diversité et l'absence de linéarité d'un morceau à l'autre fait d'Architects Of Destruction un album varié, et loin d'être épuisant à l'écoute, comme le sont de plus en plus de productions cuisinées dans le même moule. La touche mélodique apportée par le jeu de guitare soliste, avec pour plus flagrant exemple la tuerie "Burden Of The Flesh", en plus de relativiser la douce violence du groupe, permet à chaque morceaux de dégager une atmosphère qui lui est propre. Du Deathcore de haute volée, vraiment.

Dans un entretien que m'avait accordé le groupe un mois avant la sortie de l'album, les Grenoblois avouaient composer dans l'optique du live. "Entombment Of A Monarch" en tête (morceau pour lequel un bien chouette clip est d'ailleurs sorti), ou encore le thrashy "A Mandatory Bloodshed", aussi jouissifs soient ces morceaux en studio, imaginer la déferlante déchainée dans le pit au son de ces brûlots est un jeu d'enfant. Et pour les avoir subi live deux fois, je vous garantis sur facture qu'un public sage comme une image à un concert de THE WALKING DEAD ORCHESTRA, c'est aussi crédible et plausible que le fait que Lars Ulrich prenne un jour des cours de batterie.

Un premier méfait brillant et mine de rien, tout en finesse de la part des Grenoblois, qui ont su proposer un excellent opus qui saura séduire sans difficultés les initiés du genre, mais également à n'en pas douter les puristes allergiques aux formations Metal dont les membres ne ressemblent pas à des loques. Et avec un peu de bol, le meilleur est encore à venir. Aussi bien pour nous que pour eux. La pandémie TWDO est en marche.