De deux choses l'une : soit je suis définitivement maso, soit le Black Metal et tout ce qui tourne autour m'a shooté au point d'être épris d'une terrible addiction. Au vu de ce que propose ici LIFELOVER, je pencherais plutôt sur la deuxième théorie. Le groupe a été formé en 2005 et a été dissous en 2011. On pourrait donc croire que cette chronique n'a que peu d'intérêt à décrire un album d'une formation morte depuis un petit moment. Eh bien pour ma part, j'ai un esprit de contradiction bien à moi. En effet, j'estime que nos siphonnés du bocal ne doivent pas tomber dans l'oubli, pas maintenant. Car ils disposaient d'un talent et d'une telle force de la nature que je bute sur chaque mot tant aucun n'est assez fort pour décrire ce Konkurs, sorti en 2008.

Et c'est là que ça va commencer à partir en sucette. Car cette galette n'est pas à prendre comme un album de Black ordinaire. Nos Suédois mélangent un peu de tout ! Bien-sûr, le fond de leur style sonne Black Metal, mais on y retrouve du Rock, DSBM, ou encore quelques touches Shoegaze. La première chose qui titille les oreilles, ce sont les instruments. Ils ont un je-ne-sais-quoi qui fait que l'ont pourrait les reconnaître entre milles. Les guitares sont à la fois dynamiques, poisseuses et stridentes, ce qui offre au son de Konkurs une réelle identité. Les quelques touches de synthé viennent apporter une petite touche de légèreté ("Cancertid") qui est la bienvenue. Mais cette galette recèle aussi et surtout un malaise profond qui est à son paroxysme lorsque Kim Carlsson se met devant le micro. Le gaillard œuvre dans d'autres projets comme HYPOTHERMIA ou encore KYLA. Ici, ce jeune homme parle, que dis-je, il s'exprime, chante, parfois sombre carrément dans la folie ("Mental Central Dialog"), en bref, il fait tout simplement vivre les compositions. Les râles du jeune homme sont contrastés par le second vocaliste, Jonas Bergqvist, (qui gérait également la guitare, la basse et le synthé) dont les apparitions sont moins nombreuses et qui nous offre une voix plus posée et froide. En ce qui concerne les pistes en elles-mêmes, elles sont extrêmement variées. Tantôt lancinantes ("Konvulsion" et sa fin surprenante) ou bien plus énergiques ("Narcotic Devotion"), elles vous transformeront très vite l'heure en secondes tant on éprouve du plaisir à se plonger dans ce monde où tout oscille entre bonheur et tristesse. LIFELOVER, c'est avant tout une bande de malades mentaux, mais le pire, c'est qu'ils sont parfaitement lucides dans leur folie ! Et je peux vous assurer qu'aucun asile ne peut guérir un cas si grave, et au final ça n'est pas plus mal que ça. Vous n'en avez pas assez ? Ecoutez donc la piste "Original" et admirez le vrai visage de la mélancolie, ou encore "Bitter Reflexion" et sa schizophrénie, commençant par un lent tempo et se terminant par une hargne bien dosée. Et ça n'est pas sans un gros pincement au cœur que nous abordons la dernière piste (la suivante est instrumentale). "Spiken I Kistan", autrement dit, "Le Clou Dans Le Cercueil". Mais contrairement à ce que le titre suggère, il ne s'agit pas d'un pas de plus vers la mort, mais d'une véritable réminiscence qui nous ouvrait la porte pour quelques années de bonheur. Après cela, le groupe a enregistré un EP en 2009 et un dernier album en 2011. Puis, le décès de Jonas est venu chambouler cette formation qui pourtant avait fait un bon bout de chemin et s'était bâti une solide réputation.

Résultat des courses : quatre albums, un live et un EP. Une bien mince discographie certes, mais qui mérite d'être écoutée attentivement. Vous l'aurez compris, je n'ai pas fini de vous enquiquiner avec LIFELOVER. Des gars aussi cinglés et sincères dans leur démarche, je n'en ai pas vu des masses. Et pendant ce temps, les puristes du genre crieront haut et fort que Konkurs n'est pas un album de Black Metal. Et comme ils auront raison ! Il est bien plus que ça. C'est le reflet de nos passions, de nos désirs les plus fous et de nos angoisses les plus profondes. C'est toute une vie que contient cet album. Alors pour ceux qui comme moi n'en ont pas l'expérience, croyez-bien que j'en suis tout retourné.