La morte saison arrive mes amis ! Accompagnée de son habituel lot de vents glacials et de paysages décharnés. En cette période de froid intense approchant à grands pas, qui d'autre qu'HANGING GARDEN pourrait retranscrire une atmosphère si morne et triste ? Un bon paquet de formations, je vous l'accorde. Sauf que nos Finlandais ont un don pour le faire de telle manière qu'ils risquent bien de faire de l'ombre à quelques mastodontes du genre. Et en plein hiver ! C'est vous dire s'ils ont du talent. Après leurs deux premiers albums Inherit The Eden en 2007 et TEOTWAWKI en 2009, le groupe signe chez Lifeforce Records et nous pond cet At Every Door en 2013 ainsi qu'un EP, I Was A Soldier, qui l'a suivi de près puisque sorti cette même année. Le style dans lequel nos gaillards œuvrent est assez difficile à déterminer, et vous allez vite comprendre pourquoi. J'ignore si leur nom fait référence au titre "Hanging Garden" de THE CURE, mais en tout cas, lorsqu'on connaît ce titre des Britanniques, on ne s'attend certainement pas à écouter quelque chose de joyeux en écoutant ce CD.

Quoi qu'il en soit, on ne se posera pas la question bien longtemps. "Ten Thousand Cranes" ne tardera pas à confirmer nos soupçons ; At Every Door est toxique et nocif. Vous retrouverez dans ce CD une telle multitude d'influences stylistiques que cela lui confère une personnalité en béton. Pardonnez la vulgarité dont j'ai fait preuve pour classer cette œuvre dans le Doom / Death Metal, mais si j'avais voulu rentrer dans les détails, je ne m'en serai pas sorti, et vous non plus. Si on retrouve effectivement du Doom / Death dans le fond, vous pourrez y ajouter des teintes Gothic, Sludge, Post-Hardcore, avec un soupçon de mélodies, ce qui donne lieu à une alchimie tout simplement divine. Les grunts caverneux de Toni Toivonen sont de qualité et n'hésitent pas à nous enfoncer dans les abysses ardents. Ils contrastent habilement avec le chant clair aérien du guitariste Jussi Hämäläinen, qui se veut parfois carrément funéraire, notamment sur "Ash And Dust", une piste qui m'aurait presque arraché une larme tant elle m'a touchée avec son jeu de guitares sinistre à 2'05''. Et des malaises comme ça, croyez-moi, vous n'avez pas fini d'en entendre. Mais une chose est sûre, aucun morceau n'est aussi maladif que "The Cure". Coïncidence ? J'en doute. Torturée jusqu'à la moelle et lancinante, cette musique se présente comme un cercle tellement vicieux que sa répétitivité vous broiera le moral. Elle pourrait d'ailleurs justifier à elle seule l'achat d'At Every Door. Mais c'était sans compter sur l'outro de 10 minutes du nom de "To End All Ages" qui vient réduire nos nerfs dans le néant le plus total. Après cela, inutile de se mentir : HANGING GARDEN est une formation unique et dotée d'un savoir-faire que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Les Finlandais ont décidément une sacrée inspiration et n'hésitent pas à nous la faire ressentir. Il va de soi qu'après une telle prestation, peu d'entre nous peuvent se vanter d'avoir survécu. De ce fait, je ne pourrais que vous conseiller de vous éloigner le plus possible de ces gaillards sous peine de vous éteindre dans une lente asphyxie.

Car cet album n'est autre qu'un poison mortel qui s'infiltre au plus profond de vos veines et engourdit la totalité de vos membres jusqu'à ce que votre cœur lâche. Même s'il peut paraître innocent sous sa douce mélancolie, il ne faut surtout pas l'approcher de trop près. Mais si comme moi, subir les châtiments d'une formation talentueuse ne vous dérange guère, je ne peux que vous inciter à écouter ce véritable hymne à la tristesse. Mais attention ! La vraie ! Pas celle du Titanic qui coule, avec le beau DiCaprio qui met trois plombes à geler derrière les violons ! Bien sûr que non. Je parle de celle qui est douloureuse, qui brûle le cœur, l'âme et qui est inconsolable pour la simple et bonne raison qu'elle reflète la fin d'un monde dont nous avons nous-mêmes causés la perte. Alors chantez, mes amis, tant que vous le pouvez. Et par pitié, continuez ainsi jusqu'à votre dernier souffle, et même au delà ! Il ne manquerait plus que la mort soit un obstacle...