Vous avez du cholestérol ? L'écoute de cette galette pur beurre qui a tout d'un kouign aman, vous est donc strictement déconseillée par le corps médical. Des conséquences dramatiques comme la maladie de crosfeld jacob sont déjà diagnostiquées, les symptômes de la vache folle vous guettent. L'élevage underground des virus diaboliques, et celtiques car endémiques se fait dans un coin tenu secret pour les non-initiés, du côté de Guéméné-sur-Scorff, effacé de la mémoire des GPS.
Alors que certains tiennent leur université d'été, d'autres leur séminaire de la rentrée, nos druides de STONEBIRDS, et de STANGALA unissant leurs forces maléfiques, concoctent des breuvages délirants parmi les volutes de fumées s'échappant de l'alambic rouge cuivré, au son de la viole de gambe. Sur le grimoire, une plume trace à l'encre impure le titre de la partition qui va nous être jouée Kreiz-Breizh Sessions.
Côté packaging, on retrouve avec nostalgie le temps des microsillons, le CD format 45 tours, face A avec STONEBIRDS, face B pour STANGALA.
Avec le 1er titre "Red Is The Sky", on découvre un gros son, sale à souhait, et obsédant comme l'aiment les aficionados du Rock sudiste, et du Stoner. Sur "Game Over", un titre de près de 7 minutes sur lequel le combo a le loisir de planter son sombre décor, on est cueilli par une rythmique plus lancinante, de facto plus entêtante. Des voix, qui, si elles ne sortent pas d'outre-tombe, sont l'expression d'une éternelle gueule de bois.
"Outro Drama", c'est carrément la galette 100% blé noir. Amis du désespoir, bonsoir ! Riff plombé, qui nous enfonce dans la tourbe du marécage jusqu'au cou. On retrouve sur la face A, des clins d'œil à des sonorités familières enfantées par des groupes tels que MONKEY3 ou KARMA TO BURN, c'est particulièrement vrai sur "Red Lights".
La plage A se termine avec "Dark Passenger", STONEBIRDS persiste et signe avec toutefois un chant qui se veut plus mélodique, vite rattrapé par le gros son qui tâche, signature du combo. A la fin de l'écoute, on se sent poisseux, et bien beurrés mais ô combien comblé !
Certains vicieux répètent à l'envi que tout tourne autour du sax, et STANGALA ne vous dira pas le contraire, Thomas Coïc en particulier. Avec "Kemper", je découvre la voix de Steven Le Moan qui a un timbre qui rappelle celui de Russel Mael (SPARKS), et un côté psychédélique, par moment, qui alimente cette réminiscence. C'est vrai aussi sur "Evel ar re yen". Des titres avec une coloration électro.
Avec STANGALA, au travers des pistes, on retrouve l'âme celte, l'esprit du gallec, qui nous entraîne dans une spirale sonore galactique, puisant dans les racines de l'identité, et de valeurs endémiques. Sur la piste de "Konk Kerne" le jeu se veut plus débridé, comme un besoin irrésistible de s'extraire d'une camisole de force du pouvoir folk ancestral, le tout illustré par le chant tiraillé de Steven. Parfois la guitare nous délivre des accords ronflants sonnant 70's, s'accommodant bien avec la face A de la galette.
Le tout se termine avec le titre "St Alar et les algues hallucinogènes", rien à voir avec les salicornes des marais salants. Sur un mid tempo, guitare, synthé, vient se lover un solo de saxo langoureux qui nous accompagne sur cette fin de balade musicale dans les landes bretonnes où tout n'est pas folklore. Preuve en est avec ce collectif, certes estampillé, mais qui sait nous proposer de nouvelles sonorités et ambiance sans jamais rien renier ni de son passé, ni de sa culture musicale. Une première page vient de s'écrire, ne laissez pas sécher l'encre, et lever l'ancre sans plus tarder pour trouver l'inspiration pour de nouvelles sessions. STONEBIRDS, gardez cette spontanéité, STANGALA gardez cette originalité. Sur des courants marins différents, vous avez les atouts pour garder le bon cap en évitant les écueils du triangle des Bermudes.