Et si, sans même en avoir la prétention, le trio de GRAND MAGUS était en passe de devenir une figure incontournable du Heavy Metal ? A peine quelques mois après The Hunt, Janne "JB" Christoffersson (guitares, chants), Fox Skinner (basse, chœurs) et Ludwig Witt (batterie) battent le fer tant qu'il est encore chaud. Car de fer, d'acier et de Metal, il est bien question ici. Triumph And Power a été conçu comme les Vikings forgeaient leurs terribles armes de guerre : en frappant encore et encore ce Metal brûlant sur l'enclume dont la résonnance s'éternise dans les hauts paysages scandinaves. Encore plus épique que ses prédécesseurs, Triumph And Power ? A peine... Et ce ne sont pas les premières mesures de "On Hooves Of Gold" qui laisseront croire le contraire.

Aujourd'hui, GRAND MAGUS assume ses affiliations et ne s'en cache plus. Comment dissimuler l'ombre d'un MANOWAR qui plane sur la première partie de ce nouvel opus ? D'un point de vue textuel, les "steel" côtoient abusivement les "triumph", "power", "we ride the wind" et autres "fight for the right to survive". Et pour être sûr qu'il n'y a pas de confusion possible, la bande-son est plutôt imposante, à grands coups de rythmiques plombées parfaites pour headbanguer (la rythmique sur les couplets de "Steel Versus Steel" se veut aussi sobre et efficace que la pochette signée Anthony Roberts), de refrains mémorables ("Triumph And Power", "On Hooves Of Gold") qui mettent en avant les superbes voix de JB et Fox, et de soli qui confirment que le père Christoffersson s'améliore d'album en album. Par instants, le feeling qui se dégage des doigts de notre barbu touche simplement au sublime...

Triumph And Power offre par la suite deux interludes, deux instrumentaux en vérité, qui scindent distinctement l'album en trois parties. "Arv", un brin folklorique (au sens laborieux), sépare le GRAND MAGUS majestueux du GRAND MAGUS surexcité. Il annonce "Holmgang" et son accélération furtive, là où le trio met le turbo et où JB tricote sans trembler. Quant à "The Naked Adn The Dead", qui vient juste après, que dire ? C'est le titre le plus rapide de Triumph And Power, qui obéit à toutes les règles non écrites du Heavy pur et dur, donnant l'occasion à ce diable de Ludwig de s'illustrer. A noter que là encore, la superposition des voix de JB et Fox ajoute une touche mélodique à un morceau qui ne le semble pas de prime abord.

Le deuxième instrumental, superbe, martial et envoutant se nomme "Ymer". Il sert d'introduction à la dernière partie de Triumph And Power, uniquement composée du Heavy "The Hammer Will Bite". C'est le passage le plus progressif de ce titre qu'il faudra retenir, car on attendait un peu plus de ce final de presque 7 minutes ... Néanmoins, il conclut un fort bel album, pas intégralement parfait, mais grandement aidé par la production du fidèle Nico Elgstrand. Celui-là a parfaitement su saisir ces dernières années où GRAND MAGUS voulait en venir. Le trio suédois sonne "vintage" tout en dégageant une beauté électrique à couper le souffle.

Les puristes continueront à rester nostalgiques du fameux Hammer Of The North, mais GRAND MAGUS incarne aujourd'hui beaucoup plus qu'un groupe qui accoucha en 2010 d'un album culte. Il porte fièrement l'étendard du Metal lourd. Et au risque de me répéter : avec des combos de ce genre, non, le Heavy Metal n'est pas mort.