WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER (de) - Goldkinder (2013)
Label : Auto-production
Sortie du Scud : 9 août 2013
Pays : Allemagne
Genre : Deathcore industriel / Pop / Electro
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 51 Mins
C'est l'histoire d'un clown très populaire qui en avait marre qu'on rigole de lui. Il faisait rire les petits, un peu moins les grands. Conscient de ses capacités, désireux d'être plus qu'un bouffon, il s'engagea corps et âme dans la métallurgie, non sans avoir pensé à postuler aux Pompes Funèbres. Loin de toutes immolations, devenues malgré elles à la mode, notre clown s'épanouit désormais dans la chaleur des fourneaux, là où la moiteur du Metal Indus prend le dessus sur la fraicheur du Deathcore flonflon. Et c'est un changement radical, surprenant, paradoxal mais salutaire. De toutes mes rencontres, celle avec Max, bassiste de WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER, demeure la plus belle, la plus symbolique, car totalement improvisée, à un endroit où ni lui, ni moi, ne devions nous trouver. Ca n'avait rien d'un rendez-vous professionnel, mais il a tenu à me confier que le groupe allait évoluer. Il aurait pu s'abstenir, mais il l'a dit. Et depuis ce jour, chaque fois que le groupe annonce une nouvelle sortie, je réalise la chance que j'ai eu d'avoir pu m'y préparer. Goldkinder, troisième offrande des Allemands, vous fera bien vite oublier les comptines teutonnes sauce Nintendocore de Das Monster Aus Dem Shrank ou les vapeurs Deutsch-Rap de "Der Kleine Vampir".
WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER est l'héritier. L'héritier de RAMMSTEIN, d'EISBRECHER, de DIE KRUPPS, de DIE ÄRTZE, de KMFDM, d'OOMPH ! et du Neue Deutsche Härte. Qui aurait pu envisager ça il y a encore trois ans, quand sortait Der Tag An Dem Die Welt Unterging ? Encore heureux que l'EP Projekt Herz, distant de seulement huit mois de cet opus, nous ait préparé psychologiquement. Le choc est rude. Et pourtant...
Je suis le roi. Je suis une star. Je suis le feu. Je suis de retour.
Qui attend avec sagesse sera récompensé en temps voulu. L'attente à une fin. Prêtez l'oreille à une légende.
La première phrase dévoile "Alles Was Ich Will", titre d'ouverture de Goldkinder.
La seconde introduisait avec grandeur le Liebe Ist Fur Alle Da de RAMMSTEIN, en 2009. Toute ressemblance [...] est purement fortuite. Mais...
Dans les flammes, dans la lumière. Ainsi débutera cette œuvre. Si on ne savait pas franchement à quoi s'attendre, on est vite fixé. WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER a abandonné son nez rouges, ses chaussures taille 74 et son pantalon de la Garde Suisse pour endosser un costume strict, de circonstance en cas de décès. De son Deathcore farfelu et enfantin, il ne demeure que des bribes, quelques breakdowns ("Viva Mariposa"), quelques vapeurs. Le quatuor s'oriente désormais vers un Metal organique teinté de Pop, d'Electro et d'Indus, avec la profondeur et la force des plus grands. La recette est simpliste. Des refrains planants, des riffs percutants ("Fall"), un chanteur qui, sans vouloir manquer de respect à l'œuvre de Tobi Schultka, magnifie chaque seconde sur laquelle il pose sa voix et une densité hallucinante. Je ne sais pas dans quel état d'esprit il faut être pour apprécier Goldkinder. Je sais simplement que j'ai immédiatement compris que ce disque allait être un voyage introspectif capable de faire ressurgir de violentes émotions, un brin de nostalgie et de faire battre un cœur d'une façon insoupçonnée. Il y a très longtemps que je n'ai plus ressenti de telles vibrations et même si j'ai conscience que ce CD récoltera son lot habituel de critiques négatives, trop commercial, trop Pop, trop pas trve, trop mécheux, trop ci, trop ça, je crois en sa beauté pour l'avoir vécue de façon totalement égoïste.
Après un passage aussi dithyrambique, il n'est désormais plus vraiment utile d'alimenter un quelconque suspens. Vous aurez compris que Goldkinder n'a pas été apprécié comme n'importe quel disque et pour cause, non seulement leur virage artistique est saluable, mais la façon dont il est agencé relève du pur talent. "Das Uhrwerk", qui aurait totalement pu trouver sa place sur Der Tag An Dem Die Welt Unterging (de même que "Oh Mama Mach Kartoffelsalat" aurait pu figurer sur cet album) côtoie une "Krieg Aus Gold" aux relents New-Wave, une "Mein Brille" ("Mes Lunettes") matérialiste qui fait écho au "super sèche-cheveux", un enfant bâtard dont la mère serait "Wer Schön Sein Will Muss Leiden" et le père "Kosmonaut" (deux titres d'OOMPH !), une "Mayday Mayday" en forme de boîte noire et une "Ohne Herz" aux allures de single. Chaque morceau est un battement d'aile tutoyant les étoiles. Nul besoin d'acharnement analytique.
J'accorde à Goldkinder la note ultime pour la cinquième fois de ma carrière de chroniqueur et sur quelques 900 papiers. La dernière fois remonte à un certain Liebe Ist Fur Alle Da et ce récit, c'est comme un dépucelage, mais trois ans après. Je ne crois pas en la notion de culte. En tout cas, pas dans l'industrie du Metal, pas dans l'état où elle est aujourd'hui. A une époque où les plus grands albums ont déjà été écrits, où il ne reste plus qu'à moduler des bases, WE BUTTER THE BREAD WITH BUTTER n'a rien inventé. Mais contrairement aux 899 chroniques qui précèdent celle-ci, je n'ai eu besoin que d'une seule écoute pour être sûr de mon choix. Que ce soit avec ce disque ou avec un autre, je vous souhaite de connaître cette sensation de sérénité, de félicité et de la vivre telle que je l'ai vécue.
Ajouté : Mardi 11 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: We Butter The Bread With Butter Website Hits: 7044
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