Le Metal, c'est aussi parfois une histoire de famille. La fratrie la plus connue est probablement le clan Cavalera, composé de Max et d'Igor qui officient ensemble au sein de CAVALERA CONSPIRACY. A titre personnel, mon affection se porte davantage sur les frères Kolesne-Camargo, trois minotaures autrement plus respectables ayant fondé KRISIUN il y a de ça 23 ans. Mais la belle romance du jour va quitter le soleil brésilien et se tourner vers l'Angleterre pluvieuse. Car c'est ici, à Newcastle, que DEF-CON-ONE a été enfanté d'un commun accord entre Grant (chant), depuis remplacé par Davey, Johnny (guitare), Steve (basse) et Antton (batterie). D'ailleurs, ce dernier est à la source même de cette introduction, puisqu'étant lié par le sang à un certain Cronos, membre fondateur de l'immense et institutionnel VENOM. Le petit frère a même fait partie du triangle venimeux, d'abord entre 2000 et 2002 puis entre 2005 et 2009, participant à trois des treize albums studio de la bande (Resurrection, Metal Black et Hell). Tout ça pour finir dans DEF-CON-ONE...

Vous l'admettrez, passer d'un groupe pionnier (même si on ne l'a pas fondé et même si on a été pistonné) à un sous-PANTERA en treillis, ce n'est pas forcément la gloire ultime. Et je pense que le moins anecdotique des albums de DEF-CON-ONE sera toujours plus anodin que le plus anecdotique des albums de VENOM. Rapport de force oblige. L'histoire de Warface n'est pas bien dure à comprendre. Il s'agissait, comme l'a très bien résumé quelqu'un qui n'avait pas à chercher bien loin, d'un hachis grossier entre du PANTERA, du SLAYER et les premiers MACHINE HEAD. Quelque chose déjà couvert à d'innombrables reprises par d'innombrables autres projets. Et si dans la pochette, cet album tient quelque chose de l'éponyme de MOTÖRHEAD, c'est probablement parce que noyée dans la masse, l'influence d'un Kilmister n'est jamais bien loin. Combinant Hardcore, Thrash et Groove Metal avec plusieurs voix greffées à des rythmiques Punk, ce second opus s'écoute non sans plaisir, mais avec cette sensation d'inoffensivité clinique relative à des morceaux stériles comme "Hold On", "Steeped In Pain" ou "In Death". DEF-CON-ONE s'appuie en permanence sur une puissance quasi-militaire (d'où leurs accoutrements ?) et des rythmes lourds comme un ciel orageux pour faire son œuvre. Une voix nasillarde et une voix criée très Hardcore jouent sur la corde d'un question-réponse pour impliquer une présence vivante à l'affaire sans forcément faire beaucoup d'effet. Le bruit des bottes qui frappent la terre en cadence sur "March Of The Death", RAMMSTEIN l'a fait en mieux sur "Links 2 3 4", c'est dire jusqu'où va l'impression de déjà entendu ! Mais qu'on se rassure, Warface possède également ses moments d'une très belle lucidité. Même si elle est tirée de leur premier CD, Blood Soaks The Floor, "10 Bullets" fera forcément bonne figure avec son côté HxC ultra-prononcé. De même, soulignons le virage ténébreux amorcé par "Feeling Cold" qui donne un deuxième visage plus lent, plus grave, plus insidieux à cette œuvre, avec notamment un "Hit List" particulièrement catchy (et réussi !).

Il ne faut pas être particulièrement regardant pour apprécier ce Warface. On sera un peu intrigué au début par le lien qui relie DEF-CON-ONE à VENOM, mais ça s'arrête à des coutures génétiques, sans jamais déteindre sur la musique. Créateurs (ou repreneurs) d'un Thrash / Hardcore sobre mais relativement percutant, ces Anglais auront au moins le mérite de se laisser découvrir sans agir comme un puissant répulsif. Et peut-être aussi celui de se laisser apprécier à leur juste valeur.