PHARAO (de) - Road To Nowhere (2010)
Label : SAOL (Service for Artist Owned Labels) / H'Art
Sortie du Scud : 8 octobre 2010
Pays : Allemagne
Genre : Heavy / Power Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 47 Mins
N'ayons pas peur des mots, PHARAO est un second couteau. Pourtant, l'histoire de ces Allemands est belle. Elle aurait même pu être merveilleuse si la vie ne s'en était pas autant mêlée. Le destin a voulu que le projet soit tellement ancien qu'il aura connu les deux républiques d'Allemagne. Fondé en RDA, PHARAO s'échappe alors pour sortir son premier album en 1990 (Bad Boys From East) du côté de la RFA. Le buzz est imminent, sauf que contre toute attente, le trio de l'époque se sépare en 1991 pour revenir épisodiquement entre 1997 et 2001, le temps d'un EP, avant de constater qu'il faudra que le temps fasse son œuvre. Officiellement re-reformé en 2003 autour de son emblématique leader Jacky Lee Man, PHARAO traversera encore sept années de turbulences avant de trouver la bonne formule et de sortir son second opus, Road To Nowhere, en octobre 2010. Vous avez tout suivi ? Bien. Vous aurez une médaille.
En ce qui concerne donc ce "grand retour" (passé un peu inaperçu, il est vrai), j'ai l'intime conviction qu'il justifie à lui seul l'expression "second couteau" employée plus haut. Dans l'ombre du patrimoine Heavy Metal allemand (ACCEPT, SINNER, RUNNING WILD, GAMMA RAY, BLIND GUARDIAN, RAGE, j'en oublie) et désormais plus héritier que testateur, PHARAO va enguirlander son second album d'un accoutrement de strass et de paillettes pour cacher la misère. Ainsi, Biff Byford et Paul Quinn (SAXON), Tom Angelripper (SODOM) et Mario Le Mole (MIND ODYSSEY) viendront jouer le rôle des invités prestigieux, peut-être afin de faire croire que tout le monde se battrait pour avoir une chance de jouer à leurs côtés. Mais c'est définitivement raté. Témoin et symbole de ce monumental gâchis, "Before The Storm", qui exploite de façon hallucinante de médiocrité le timbre singulier d'Angelripper, coupable d'une minable apparition-éclair juste après l'intro. Je peux comprendre que toute la lumière devait se porter sur PHARAO et son comeback, mais à quoi bon donner si peu d'espace à des musiciens confirmés qui auraient pu faire de Road To Nowhere un autre album ? Pour le coup, je ne pige pas vraiment les intentions musicales du quatuor, qui en plus de ça, s'embourbe dans un Heavy Metal virant parfois au Power sans charme ("Mother Earth", "I Believe"). Toute la sensibilité inhérente au style s'éclipse au profit des vocalises de Jacky Lee Man et des riffs appauvris de T.R Yorg. Pire encore, ce Metal mélodique et un peu naïf fait une profonde descente au cœur du kitsch, comme le laissait déjà envisager la pochette de cet album, qui réutilise ce masque de pharaon déjà représenté vingt ans plus tôt sur Bad Boys From East. Le temps semble s'être arrêté avec eux et seule la production a suivi les évolutions technologiques, pour un rendu propre et soft. Je ne peux pas dire que je suis déçu car je n'attendais rien de particulier de ce disque, mais je m'étonne quand même de la relative faiblesse de ces compositions, dans leurs structures, leurs arrangements, surtout quand elles sont écrites par des vétérans.
Trois ans après sa sortie, Road To Nowhere demeure un album de Heavy Metal traditionnel qui a loupé son train. Mais qui sait ? Peut-être qu'après avoir fui le régime tyrannique d'Angela Merkel pour trouver son bonheur chez le bienveillant Kim Jong-Un, après avoir changé dix sept fois de line-up et s'être reformé huit fois, après avoir proposé à Lemmy, Rob Halford et Lady Gaga de chanter vingt secondes chacun sur son prochain opus, PHARAO trouvera la place qu'il mérite ? Réponse dans vingt ans.
Ajouté : Mardi 22 Avril 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Pharao Website Hits: 7322
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