Jesus EP, c'était comme d'accueillir les rescapés de l'accident minier de Copiapo au Chili en octobre 2010 avec des petits fours et de la Blanquette de Limoux. Autant dire que les crasseux avaient faim, et qu'attendre le retour du Messie aurait été moins pénible que d'attendre la barbaque fumante promise après la douche de rigueur et les ronds de jambes cérémonieux. L'histoire récente des HIGH-SCHOOL MOTHERFUCKERS se résume un peu à ça. Quatre ans après la parution de leur premier album, Backseat Education, ceux qu'on croyait étouffés par leur propre vomi sont finalement bien plus en forme qu'escompté. Annoncé depuis belle lurette, ce second opus intitulé Say You Just Don't Care aura donc vu sa sortie anticipée avec l'EP Jesus en mars 2013, histoire de faire patienter.

Du coup, m'étant délecté de ce deux-titres (très correct) pas plus tard qu'hier, j'ai l'étrange sensation de plus ou moins connaître ce qui va se passer sur ce disque. Et son entame ne va pas me donner entièrement tort, puisqu'avec "Jesus (Hates Me)" (en deuxième position) et "Another Hangover In Hungary" (en quatrième), ce sont deux des meilleurs titres de l'opus qui sont proposés dès le début. Avec pour seule séparation la tonique "Dead Candy", moi qui avais peur de me mouiller, je peux désormais l'affirmer : le départ pris par Say You Just Don't Care est juste canon ! HIGH-SCHOOL MOTHERFUCKERS déroule son Rock un peu Glam, follement Punk avec la maturité et la lucidité d'un groupe qui a fini par vraiment bosser son sujet. Ce n'est pas magistral, mais c'est entêtant, entraînant, remuant. Alors que le booklet de l'album me faisait penser à une version politiquement correcte du Bring Me Home des RAYGUN REBELS, je priais intérieurement pour que la musique soit moins policée et has-been. Objectif plutôt atteint, principalement grâce à vingt-cinq premières minutes de haute-volée, pêchues, échevelées, ponctuées par la moelleuse "When I Wanna Die" et son mid-tempo guimauve. La fin est un peu plus anecdotique à mon goût, avec les expéditives "Shake Spears" et "Scratch My Back" (sur laquelle chante Davy, et de belle manière, imité par Dusty sur "What About Us") qui ne dévoilent plus grand-chose du concept HIGH-SCHOOL MOTHERFUCKERS. Ces garçons font du Rock / Punk et le font bien. J'aurais aimé dire qu'ils le font de mieux en mieux, mais ce n'est là que leur deuxième album, et bien sûr, on aimerait avoir de leurs nouvelles un peu plus souvent ! Néanmoins, un motif de satisfaction élémentaire émerge quand même de cette masse transpirante de sueur, de bière et de drogues dures. Le quatuor a trouvé le filon pour écrire des refrains mémorables, inhérents au Rock N' Roll punky qui déménage. Et après la cuisante inconstance de Backseat Education, c'était pas gagné !

Rendez-vous donc en 2017, pour un troisième full-lenght qui leur permettra enfin d'entrer dans la postérité. Mauvaise langue ? Pas sûr. Car avec Say You Just Don't Care (dont on avait beaucoup entendu parler avant même qu'il ne sorte), les HIGH-SCHOOL MOTHERFUCKERS ont fait preuve d'une étonnante capacité à rebondir, et sa relative pertinence musicale relance beaucoup de paramètres. Encore plus depuis qu'un groupe comme BLACKRAIN est médiatiquement devenu une sorte de porte-étendard pour le Glam / Sleaze Rock...