TAGADA JONES, REVOLTED MASSES et maintenant, THOSE BLOODY ARMS. On peut dire que la transition entre 2013 et 2014 s'inscrit dans une veine résolument grande gueule. C'était moins évident sur le papier que pour TAGADA, coutumiers du fait depuis 20 ans, ou que pour le quintette grec, touché de plein fouet par la situation dramatique de son pays, mais vous allez apprendre à connaître ces Orléanais. Composé d'anciens membres d'HATEPOINT6 (Dave, Fred, Ju) et de BLOW YOUR WATTS (Antho) encadrés par Zag-Zero d'AKPHAEZYA, le groupe sort en ce 29 novembre 2013 son premier album éponyme, fort d'une pochette bras-dessus bras-dessous tout à fait appropriée. Car le crédo de ces garçons, si on ne l'a pas encore deviné, c'est le Hardcore fracassant. Celui qui balance, qui crache sa haine. Celui qui, dans l'esprit, faisait jadis la réputation de la Grosse Pomme.

THOSE BLOODY ARMS est plutôt fidèle à cet héritage, et nul doute que d'avoir ouvert pour BIOHAZARD est une aide précieuse. Cependant, l'identité musicale de ce projet ne demande rien à personne. C'est une chose qui se comprend dès l'arrivée de l'engagée "Apathy Slaves". Le riffing est sombre, sous-tension, en harmonie avec les paroles. Regression, repression. Les Orléanais sont en plein dedans, bien aidés par le chant façon chien-fou de Fred (qui n'y peut pas grand-chose s'il ressemble à Fred Durst). Un peu plus syncopée, "Feeding What I Am" apporte une couleur résolument Metal à cette palette d'émotions. Le camaïeu n'en demeure pas moins résolument dévoué à une orientation fixe. Je trouve même que les quelques efforts consentis pour nuancer ce propos, comme les backings vocals épurés de Dave sur "Apathy Slaves" ou "Insert", n'apportent pas beaucoup, si ce n'est de la confusion. THOSE BLOODY ARMS a les armes, le feu et la fougue pour taper dans ce Hardcore minimaliste mais fédérateur, et devrait s'en contenter. A l'instar des Alsaciens de SPITBACK, je pense que ce groupe a conscience de ne pas avoir inventé l'eau chaude, et qu'ils jouent plutôt bien sur le côté tradi du Hardcore pour sensibiliser son public le plus fidèle. Après, il reste cette facette "musicale" et métallisée qui se libère sur une composition comme "Insert". La rage demeure, la régularité se délite, même si ça ne permet pas de dépeindre ce premier album avec des termes péjoratifs. D'ailleurs, avec 25 minutes au compteur et seulement 7 morceaux, peut-on vraiment parler de full-lenght ? Vous venez d'Orléans les mecs, pas de Marseille ! Mais soit, accordons-leur ce prestige, d'autant que le contenu brut de Those Bloody Arms n'est pas représentatif des aspérités et hésitations inhérentes au format EP. Ils savent ce qu'ils veulent, et même si j'ai légèrement tendance à contester certaines nuances, c'est quand même extrêmement positif !

Autre élément de satisfaction : THOSE BLOODY ARMS a eu l'intelligence de distiller le mordant de son engagement idéologique pour l'injecter dans sa musique. Ainsi, ce premier album, en n'étant pas politisé mais juste révolté, est délesté d'un boulet qui aurait pu lui nuire. On ressent forcément certaines ondes contestataires, mais elles font juste le bon poids avec ce Hardcore / Metal humble et percutant. En ces temps difficiles où la contestation est justement devenue sport national, ça fait aussi du bien de tomber sur des musiciens-citoyens qui ont la tête sur les épaules.