ISKALD (no) - Nedom Og Nord (2014)
Label : Indie Recordings
Sortie du Scud : 14 janvier 2014
Pays : Norvège
Genre : Black Metal Melodique
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 48 Mins
Il y a un moment où ça va commencer à se voir quand même... ISKALD, tout puissant qu'il soit, semble pour le moins être un groupe pétrifié à l'idée de devoir subir la lumière et les températures estivales. Une sorte d'hibernation inversée si vous préférez. Tout ce qu'ils font, ils le font en hiver. Il n'y a finalement que le glacial Revelations Of Reckoning Day qui avait un peu d'avance (29 septembre 2008). Pour le reste, décembre et janvier sont des mois "charnières" dans une année iskaldienne. 2014 ne déroge pas à la règle, et j'en dirais même davantage puisque la pochette givrée de ce quatrième album studio renoue avec leurs teintes bleutées traditionnelles qui rappellent engelures et nécroses. Après le charbonné The Sun I Carried Alone de 2011, ISKALD is back, dans une configuration un peu nouvelle. Explications.
Les norvégiens ont toujours fait dans une certaine forme de régularité, et on ne parle pas que de musique. En effet, tous leurs précédents albums se découpent en neuf morceaux pour une durée équidistante (de 45 à 49 minutes). Si Nedom Og Nord respecte cette longueur, le morcellement, lui, apporte un élément nouveau. Seulement six titres sont au programme, d'une durée souvent double à ceux de The Sun I Carried Alone. Nouvelle orientation artistique ? Black Metal encore plus progressif ? En vérité, ISKALD se la joue simplement plus Black mélo-intello, reniant leurs dernières racines Thrash au profit de structures plus torturées, de riffs plus authentiques ("The Silence" est un véritable condensé de Black Metal tourmenté). La saturation permanente de leur son ainsi que ce grésillement en filigrane fait souffler un vent strident et polaire sur leur album. Pas que ce soit véritablement une découverte, mais ça inscrit Nedom Og Nord dans une démarche encore plus identitaire et introspective. Dans l'idée, je pense qu'un groupe comme ENSLAVED compose avec le même état d'esprit. Pour autant, rien ne permet un rapprochement plus poussé, à part peut-être les voix de "Nidingsdåd". Ce Black Metal n'est pas progressif, encore moins mythologique. Il est ancré dans un savoir-faire très norvégien et son cœur balance entre un besoin de s'épancher et une volonté de rester dans les clous. Ainsi, l'éponyme, épique en diable, sera la matérialisation féroce de cette bataille entre le Bien et le Mal selon ISKALD. Le débat est passionnant, mais il y a quand même un vrai problème avec ce disque par ailleurs symptomatique d'une carrière qui peine à décoller. Le duo est dans sa bulle et officie en maitre de son petit royaume derrière une digue de glace infranchissable. On aimerait bien pénétrer plus en profondeur dans les dédales de leurs esprits complexes, trahis par une musique qui l'est tout autant, mais les norvégiens semblent s'y refuser, préférant évoluer dans l'ombre et faire leur petite tambouille mélodique dans leur coin. ISKALD est un second couteau et Nedom Og Nord manque assurément de sociabilité pour que leur Black Metal frigide passe à la vitesse supérieure. Est-ce qu'une seule élite doit se sentir investie par cet album ?
On écoute, on découvre, puis devant ces portes closes, on reste aux abords. Comme toujours quoi. Le jour où ISKALD parviendra à sortir de son mutisme, on tombera surement sur une pépite de création comme il ne s'en fait plus. En attendant, les norvégiens expérimentent. Ils expérimentent depuis bientôt dix ans, et si le fruit de leurs recherches est toujours aussi intriguant et passionnant, la lassitude d'un potentiel cantonné aux starting-blocks commence également à se faire ressentir.
Ajouté : Mercredi 20 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Iskald Website Hits: 6818
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