KRUK (pl) - It Will Not Come Back (2011)
Label : Metal Mind Records
Sortie du Scud : 6 juin 2011
Pays : Pologne
Genre : Hard Rock progressif
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 67 Mins
DVD présent avec le CD
Oui, Metal Mind Records est probablement dans le vrai quand le label affirme que "KRUK est le meilleur groupe de Hard Rock en Pologne". Mais combien de concurrents crédibles ? Qui pour leur proposer un challenge digne de ce nom ? A vrai dire, à force de trainer mes guêtres de webzine en webzine, il m'est revenu un nom : TURBO. Et c'est peu dire que cette formation n'est pas vraiment répertoriée dans le grand registre du Hard Rock mondial, au même titre que KRUK d'ailleurs. Si elles devaient l'être, ce serait plutôt vers la fin. Pas pour des raisons alphabétiques mais pour des motifs qualitatifs. Car on a beau avoir de l'expérience, de la volonté, de la vista, difficile de prétendre passer derrière les LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE et autres URIAH HEEP. Même le fan de Hard Rock que je ne suis pas préférera se rabattre sur de vieilles légendes plutôt que sur de nouvelles gloires. Question d'intemporalité probablement.
Partie CD :
Avec It Will Not Come Back, les Polonais de KRUK proposent néanmoins un second effort très complet, enrichi d'un DVD live censé valoriser leurs performances scéniques. Mais qu'il est finalement compliqué de s'y investir quand on ne ressent pas le poids du génie peser sur ces quelques compositions. L'effet de surprise n'est pas total, et pour cause, le groupe ne fait que de remettre au goût du jour des effets vieillissants, des mélodies poussiéreuses, inlassablement ruinées par cet orgue Hammond d'un autre temps. S'ils parviennent à isoler quelques ambiances, notamment sur "Here On Earth" qui fait très "bande-originale", la plupart du temps, c'est une ode à la cacophonie psychédélique de PINK FLOYD nimbée d'un Hard Rock bateau à la EUROPE. Avec pratiquement un demi-siècle de retard, It Will Not Come Back rivalise de facilité, déborde de plans mélodiques téléphonés "sublimés" par la voix gorgée de tremolos de Tomasz Wisniewski. C'est prodigieusement ennuyeux, d'autant que le déséquilibre manifeste entre la guitare lead et la rythmique creuse un fossé déplaisant au cœur de morceaux pourtant bien intentionnés. Ainsi, le riff punchy d'"Imagination" tranche d'avec ses frasques synthétiques. La magie d'"In Reverie", portée au sommet par la présence fluidifiante de Dougie White (MIDNIGHT BLUE, RAINBOW, YNGWIE MALMSTEEN...) est brisée par son tempo enfantin. A plusieurs reprises, KRUK manque les bonnes occasions de marquer les esprits, restant cantonné dans son petit univers progressif d'où n'émerge aucune forme d'innovation. La seule fois où les Polonais surprennent, c'est après les douze minutes de l'interminable piste éponyme. Si vous n'avez pas coupé court à l'expérience avant, vous aurez la chance d'entendre une super reprise du "Simply The Best" de... Tina Turner ! Avec cette basse ronronnante en soutien et la voix samplée de la grande Tina qui se colle au chant de Tomasz, voilà enfin un peu d'énergie et d'allant au bout du suspense. Une friandise qui colle une petite fessée au reste de l'opus, comme si KRUK semblait parfaitement incapable de se transcender sur des morceaux de leur propre création...
Partie DVD :
Je ne nourrissais aucun réel espoir à l'approche du visionnage du DVD, si ce n'est celui d'être agréablement surpris par leur façon de faire le show. Avec l'image, ça ne pouvait guère être aussi platonique qu'en seule compagnie du son. "Le meilleur groupe de Hard Rock en Pologne" allait assurément faire le spectacle dans une salle immense - peut-être un stade ? - et entrainer avec lui une horde de fans déchainés. Ce soir là, KRUK aura convaincu deux grosses centaines de personnes (au bas mot) de faire le déplacement. On pourra ainsi admirer une farandole de pouces levés, de lunettes de soleil (génial pour protéger ses yeux de la demi-douzaine de projos), de futals en cuir et d'appareils jetables mitrailler le beau Tomasz. Non mais sérieusement, dans quel monde vit KRUK ? Le problème n'est pas tant que le public est aussi statique que les musiciens ni même que Krzysztof (claviers) mâchouille pendant tout le concert un chewing-gum comme un gros dégoutant. Ce qui me dérange, c'est que KRUK a assuré son spectacle comme un groupe de débutants, sans communication, sans jeu de regards, sans feeling, avec un bassiste toujours en retrait et un chanteur trop peu charismatique. On est vraiment très loin de la rêverie communicative distillée par les meilleures formations de Rock progressif. Ceci étant, ce DVD a au moins de mérite de dévoiler des morceaux issus de leur premier opus, qui ont largement plus la pêche que ceux du deuxième. Mais avec ses 100 minutes au compteur, il semble s'adresser prioritairement aux ravagés du bulbe qui feraient du médiator de Piotr un objet de culte. Pour l'anecdote, il y en avait un au premier rang, et celui-là va me détester aujourd'hui.
Quelque part entre la nostalgie et l'indigence, It Will Not Come Back est un second album purement dispensable, composé avec passion mais très limité, en plus d'être égratigné par son DVD qui met des visages sur la doctrine de l'à-peu-près. Il semblerait que sur ce coup là, en pros de la filouterie, Metal Mind Records a légèrement joué au marchand de tapis avec son poulain. Parce que je le dis sans amertume ni méchanceté, mais si c'est ça le plus grand groupe de Hard Rock en Pologne, alors je ne veux surtout pas connaître le pire.
Ajouté : Mardi 09 Septembre 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Kruk Website Hits: 7668
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