NAPALM DEATH (uk) - Apex Predator - Easy Meat (2015)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 23 janvier 2015
Pays : Angleterre
Genre : Crust Grind
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 40 Mins
La question est d'importance. Comment un groupe, actif depuis le début des années 80, et depuis bientôt trente ans discographiquement, à juste titre considéré comme une légende, un précurseur, peut-il encore en 2015 être pertinent, mais aussi sembler constamment en phase, voire en avance sur son temps ?
Comme je le disais, cette interrogation est légitime. On ne compte plus les ensembles vivant sur leurs acquis, alignant péniblement tous les quatre, cinq, voire dix ans les albums photocopiés, sans inspiration, les best-of faisandés, et les tournées toujours basées sur la nostalgie, au dépend d'une créativité qu'on serait en droit d'attendre. Mais je n'ai pas de réponse. Certains aiment à se reposer sur leurs lauriers, tandis que d'autres n'ont de cesse d'avancer, de progresser, de chercher LE détail qui fera avancer la machine...
Et la machine NAPALM DEATH tourne à plein régime depuis si longtemps... On pensait qu'arrivés à un stade, ses membres lèveraient le pied, se contenteraient d'adapter une formule éprouvée pour qu'elle semble neuve sans trop en faire, mais le temps passe, et ce postulat n'a de cesse d'être contredit.
Certes, depuis 2006, Barney, Shane, Mitch et Danny relèvent les compteurs tous les trois ans, "officiellement", car en arrière plan, ils multiplient les participations, les projets. Mais leurs mises à jour sont tellement impressionnantes que leur fréquence n'a guère d'importance. Car systématiquement, des petits jeunes arrivent semblant prêts à reprendre le flambeau, se voient accordé un certain crédit par la presse et le public, et sont constamment remis à leur place par leurs aînés. La parole des anciens serait elle toujours la plus sage ? Le terme est particulièrement mal choisi dans le cas de ND.
Sages, ils le sont par leur philosophie, pas par leur attitude frontiste. Ils avancent, se posent des questions, nous apportent des bribes de réponses sous la forme de LP's toujours plus vindicatifs, toujours plus violents, et qu'on écoute religieusement, mais pas trop. Car au bout du compte, la violence est toujours l'argument majeur. Instrumentale, orale, philosophique. Et une fois de plus, Apex Predator – Easy Meat ne décevra pas les attentes, bien au contraire. Il réussit même a enterrer son prédécesseur sous une épaisse couche d'agression instrumentale comme à la grande époque.
Apex Predator – Easy Meat prouve une bonne fois pour toutes que les années d'errance et d'hésitation sont loin derrière le groupe. Depuis Smear Campaign en 2006, le quatuor a trouvé une formule qu'ils continuent de faire évoluer, et qui aujourd'hui plus qu'hier, frôle dangereusement la perfection.
D'abord au niveau de la production. Signée par Russ Russell, elle se veut puissante, large, épaisse, dynamisant des compositions qui n'en attendaient pas moins. Pour avoir une idée de la déflagration, jetez une oreille sur un des titres planqué à la fin du disque, "Hierarchies". Un peu Core sur les bords, mais carrément NAPALM dans le fond, ce morceau n'est rien de moins qu'une épiphanie bruitiste que seul ce groupe peut nous offrir, se payant même le luxe d'un court solo Rock un peu bancal...Choeurs grandiloquents, rythmique étouffante, un concentré d'à peine trois minutes de toute la science du groupe qui parvient encore à nous pondre des hymnes arrosés de TNT. Et si Danny est toujours plus ou moins à la fête, il revient aujourd'hui flanqué d'un son qui propulse sa frappe au rang d'un abattage de boucherie trois étoiles. Sa caisse claire un peu sourde tonne, sa grosse caisse résonne dans le tympans, ses break coulent comme le sang d'une blessure, en gros, il a trouvé le parfait écrin à son jeu si spécial et précis. Et que ça fait plaisir...
Mais Mitch n'est pas en reste pour autant... Lui qui aime multiplier les riffs aussi contraires que complémentaires s'en donne à coeur joie. Dans les graves, sa guitare fait autorité, sûre d'elle. Dans les aigus, elle prend des intonations stridentes, incisives et perverses. Et si vous voulez vous en rendre compte d'une façon indéniable, le final "épique" "Adversarial-Copulating Snakes" vous prouvera mes dires, et même plus. Il place en contrepoint ses choeurs les plus hystériques, comme si sa guitare et sa voix ne faisaient qu'un...
Quant à Barney, il survole les débats bien sur... Que le rythme soit à la lisière du chaos de magma ("Metaphorically Screw You"), que l'ambiance se veuille lourde, poisseuse et presque Indus ("Dear Slum Landlord", terrifiant de pesanteur), que la structure erre entre dissonances effilées et cavalcades mesurées ("Beyond The Pale", une réelle surprise dans la disco du quartette), il se pose en maître du navire, affirme, vitupère, vocifère, mais ne perd jamais le sens de son propos. Sa voix a encore mûri, elle est de plus en plus grave et profonde, mais garde ces inflexions rauques qui sonnent comme autant de menaces envers le manque de lucidité.
Mais il peut compter sur la basse cimentée de Shane pour l'appuyer, même si celle ci est une fois de plus partie intégrante du mixage, au point de ne faire qu'un avec la guitare et le kit.
Apex Predator – Easy Meat...
Difficile d'en faire une synthèse de la carrière du groupe, ce qu'il est pourtant assurément. On y retrouve tous les éléments plantés depuis le début des années 2000, avec quelques regards en arrière assez discrets, mais bien présents. On y retrouve la hargne des derniers albums, cette concision extrême, même lorsque les morceaux font preuve d'une diversité qui aurait pu tomber dans le tâtonnement. On y retrouve le NAPALM DEATH qu'on adore, puissant mais aventureux, classique, mais innovant, rapide, mais cohérent. On y retrouve un groupe d'exception qui des décennies après sa création trône toujours au somment du Metal extrême, sans juger, en se reposant simplement sur ses qualités les plus fondamentales. NAPALM, c'était hier, c'est aujourd'hui, et ce sera demain.
Car la révolte ne meurt jamais.
Discographie Complète de NAPALM DEATH :
Hatred Surge (Album - 1985),
Scum (Album - 1987),
From Enslavement To Obliteration (Album - 1988),
The Peel Sessions (Album - 1989),
Harmony Corruption (Album - 1990),
Death By Manipulation (Album - 1992),
Utopia Banished (Album - 1992),
Live Corruption (Live At Salisbury Arts Centre, 1990) (Album - 1993),
Fear, Emptiness, Despair (Album - 1994),
Diatribes (Album - 1996),
Inside The Torn Apart (Album - 1997),
Bootlegged In Japan (Album - 1998),
Words From The Exit Wound (Album - 1998),
Leaders Not Followers (Album - 1999),
Enemy Of The Music Business (Album - 2000),
The DVD (DVD - 2001),
Order Of The Leech (Album - 2002),
Punishment In Capitals (Album - 2002),
Punishment In Capitals (DVD - 2002),
Noise For Music's Sake (Album - 2003),
Leaders Not Followers 2 (Album - 2004),
The Code is Red… Long Live the Code (Album - 2005),
Smear Campaign (Album - 2006),
Time Waits For No Slave (Album - 2009),
Utilitarian (Album - 2012),
Apex Predator - Easy Meat (Album - 2015)
Metal Impact Bonus :
NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (ITW/Août-2004)
NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (ITW/Avril-2005)
NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (ITW/Jan-2010/VF-EV)
NAPALM DEATH (uk) - Le Glaz art à Paris (28/01/10)
NAPALM DEATH (uk) - La Maroquinerie à Paris (04/03/12)
Ajouté : Jeudi 26 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Napalm Death Website Hits: 6758
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