BLACK RAINBOWS est sans doutes le groupe de Stoner Rock italien le plus réputé en France. Fondé en 2005 par Gabriele Tori (chant, guitare, claviers), Marco di Masi (basse) et Alberto Croce (batterie), le trio romain propose un Stoner Rock Psychédélique vintage. Le combo sort son premier album Twilight in the Desert en 2007, puis deux autres coup sur coup, Carmina Diablo en 2010 et Supermothafuzzalicious!! en 2011. 2012 est l'occasion d'un split avec le groupe californien FARFLUNG. Dans ces quatre premiers méfaits, les italiens proposent toujours une musique fidèle à l'esprit Stoner des origines. C'est à dire une musique fuzz où le chant le plus souvent reverb et distordu repose sur une rythmique lourde, des tempi lents, quelques nappes de claviers et des effets psychédéliques.

L'année 2013 annonce une évolution dans la musique du groupe. On la découvre dans l'EP Holy Moon. Sur les six titres du skeud, deux, "Monster Of The Higway" et "The Hunter", marquent une rupture avec les premières galettes. Exit la disto, la saturation et le fuzz. Place à un Metal épuré où les instruments sont détourés plus nettement dans de belles compos, des intros bien léchées à la batterie sur "Monster Of The Higway" et à la gratte sur "The Hunter" avec en plus une production qui respecte la place de chaque instrument dans la composition sans l'alourdir d'ajouts inutiles. Demeurent certes un petit peu de reverb sur la voix et quelques effets... à dose homéopathique. Le son proposé par cette nouvelle mouture est hyper entraînant et tonique. C'est l'alpha et l'omega du renouveau du groupe. On ne renie pas le travail antérieur mais on propose une évolution dans le dur, dans un Hard Rock assumé. Dans l'intention et l'inspiration, on est plus proche de LED ZEP que de BLACK SABBATH.

Paradoxalement, le reste de la tracklist est constituée de pistes beaucoup plus fuzz comme "Holy Moon" où le groupe joue sa partie sur un fonds de discours lénifiant sur la conquête spatiale ou "Black to Comm", un final instrumental épique de 15 minutes qui laisse exploser la disto dans des soli de gratte arachnéens.

C'est parce qu'il n'y avait pas vraiment matière à faire un album que cet EP remplit bien sa fonction en levant le voile sur une proposition artistique qui, je l'espère, se concrétisera dans le prochain méfait du trio transalpin. Non pas qu'ils aient à rougir de leur travail antérieur, mais en prenant de la puissance et de l'agressivité, les arcs-en-ciel noirs proposent une expérience qui leur permet de sortir du lot des groupes revival et d'éviter le piège de la répétition.