DOPETHRONE (ca) - Hochelaga (2015)
Label : Totem Cat Records
Sortie du Scud : 13 avril 2015
Pays : Canada
Genre : Sludge
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 40 Mins
Bienvenue à Hochelaga, le ghetto ouvrier de Montréal. Rues glauques, tas d'ordures, carcasses de voiture, rideaux de fer tirés, vitrines brisées, étals vides... Ici, çà pue la misère, l'échec et la déveine. Pour compléter le tableau, l'hiver dure sept mois et il est rude. La nuit tombe après le déjeuner, le blizzard et l'obscurité emprisonnent la ville et ses habitants. C'est dans ce creuset que s'est construite la musique de DOPETHRONE, power trio du cru.
Aux sources d'inspirations climatiques, géographiques ou sociales en nuances de glauques, correspond un Sludge sans compromissions. Des mélodies plombées, un son sale, des chants douloureux, des lyrics pessimistes ; voila ce que proposent les canadiens.
En sept ans de carrière, deux albums et un EP, le gang n'a jamais démérité, mais Hochelaga, met la barre très haut. Si le virage du troisième opus est toujours difficile à négocier, les montréalais gèrent le challenge de main de maître. Dès les premières mesures de "Sludgekicker", vous êtes pris au piège, comme englué dans une toile d'araignée. Impossible de s'arrêter, impossible de couper le son, vous devez écouter jusqu'au bout. Accepter, contraint et forcé, l'invitation au voyage. Une introduction alarmiste récitée par un prédicateur itinérant donne le contexte avant qu'une rythmique de 15 tonnes tire un épais rideau de velours pourpre entre vous et les musiciens. Vous allez être le témoin involontaire d'un spectacle qui ne vous serait pas destiné. Ce rideau est le seul rempart entre la raison et la folie qui se déchaîne de l'autre côté. Preuve que vous vivez une expérience paranormale, la musique est à la fois étouffée et très nette. Un murmure démoniaque entonne des paroles nauséeuses, morbides. Vincent (chant, guitare) psalmodie lentement, entrecoupant les refrains de longues phrases instrumentales, pour faire bien vous faire entrer son message dans le crâne. Des éclairs de guitare et des éclats de cymbale déchirent parfois la rythmique monotone, donnant à chacun des sept morceaux une couleur particulière. Ici un petit solo de gratte, là un break bien placé ou un motif mélodique. La formation sait jouer sur les micro variations pour que sa musique ne sombre jamais dans la monotonie.
Sept pistes, sept grosses baffes dans la poire. La plus grosse mandale, l'apogée dans l'horreur c'est "Scum Fuck Blues", sorti en single début 2015. Une nouvelle petite intro de prêcheur, une musique itérative qui renforce la force obsédante de l'accroche "Smoke, Drink, Die", scandée comme une litanie agressive. C'est le bon titre pour entrevoir de larges pans de l'univers de DOPETHRONE en général et de Hochelaga en particulier. Le single est porté par un vidéo clip d'une rare violence où des images de gens qui fument, qui boivent et qui meurent se succèdent à un rythme épileptique. Si vous aviez encore des doutes sur l'univers dans lequel on évolue, ils seront éclipsés par cet hymne qui promet du furieux en live.
Un mixage cohérent qui met en avant la rythmique sans masquer ni les voix, ni les autres instruments. Un chant crissant et tortueux qui reste bien audible et délivre des lyrics d'une noire poésie. Tels sont les ingrédients savamment préparés d'un grand moment de Sludge, chaudement recommandé aux amoureux du genre et aux néophytes.
Ajouté : Vendredi 20 Mars 2015 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Dopethrone Website Hits: 6024
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