Oui là j'avoue, sur ce coup là, je n'en sais rien. Non, je ne connais pas la situation du Heavy Metal en Corée du sud... Bon, en même temps, on ne peut pas TOUT savoir.
Toujours est il qu'après l'Australie et la Belgique ce matin, La Pennsylvanie cet après midi, c'est en Asie que je me rends ce soir pour vous parler d'un groupe et d'un album hauts en couleurs, dans tous les sens de l'expression.
Car on ne peut pas dire que la discrétion soit la caractéristique principale de VICTIM MENTALITY. Look chamarré dans la grande tradition Heavy Glam des années 80, petit côté STEEL PANTHER dans l'attitude et la musique, vous aurez donc compris qu'on a pas affaire à des musiciens souhaitant passer inaperçu. OK, je ne suis pas contre, encore faut il que derrière les tenues flashy, la pochette sleaze et le titre plein de morgue se cache une musique qui vaut le coup.

Alors comme je le disais, je ne connais pas la situation du Heavy Metal en Corée du sud. S'il est certain que celui ci doit clairement être l'ennemi public numéro un de la Corée du Nord (avec entre autre, beaucoup d'autres choses), je ne sais pas si le sud de la péninsule lui voue un culte ou pas. Mais sachez messieurs que le Heavy se porte bien par chez nous, comme un peu partout en Europe, aux USA, et même à l'Est. Qu'avez vous donc à nous proposer qui pourrait nous convaincre de la pertinence de votre déclaration ?

La réponse est simple. Du Heavy Metal à la coréenne, soit un espèce de mélange entre du 80's plus authentique qu'un slip d'Udo, et de l'exotisme asiatique à base de gimmicks et de freak attitude. D'ailleurs, les VICTIM MENTALITY se voient honorés d'une distribution via Warner Music Korea, qui exporte ses meilleurs représentants. C'est dire si leur propre pays croit en eux. A raison ? On peut dire ça sans trop hésiter.

Dans un contexte purement objectif et sans tenir compte de leur provenance, VICTIM MENTALITY est sans conteste un bon groupe de Hard n'Heavy qui fait parler la poudre d'une façon simple et classique. Si l'on met de côté leur look qui aurait rendu verts de jalousie les CRÜE de 85/86, leurs chansons tiennent debout, et sont même parfois très convaincantes. Ils savent composer des hymnes directs, et souvent, leurs morceaux ressemblent à des croisements testés at home entre LOUDNESS et POISON. Moins volontiers Pop que les seconds, moins Heavy et techniques que les premiers, ils restent dans une moyenne Hard de bonne facture, sans révolutionner quoi que ce soit.

L'album est un peu long. C'est le principal reproche que je formulerai à son égard. Treize morceaux, dont un présenté deux fois, pour quarante six minutes, c'est un peu excessif eut égard au style pratiqué. Ce que je soulignerai aussi, c'est cette fascination pour la provocation sexuelle un peu emphatique, mais que voulez vous, c'est un choix. En même temps, commencer par une intro comme "Erection" ne laisse que peu de place au doute...

Pas mal de bonnes choses se détachent néanmoins de ce tonitruant Heavy Metal Is Back. Outre les hymnes instantanés "Heavy Metal Is Back", "American Junk Boy", "You're No Different", de structure formelle et sans surprise qui donnent envie de headbanger comme à la grande époque, on trouve aussi quelques petites délicatesses très séduisantes.

Deux ballades, aux titres décalés se détachent du lot, "Pubic Lice" et "Love Of Sixtynine", harmonieuses, douces et franchement réussies. Ce qui d'habitude ressemble à des stimulations lacrymales bon marché sont ici de très bonnes chansons très travaillées aux harmonies réussies, et quel humour d'avoir osé les appeler "Morpions" et "L'amour du 69"... Là pour le coup, vous marquez des points les gars !!

"Girl Group" s'amuse bien aussi, car après une intro courte et hystérique faisant clairement référence aux arrangements électroniques qu'on retrouve chez toutes les K-idols, la double pédale écrase tout, jusqu'à un refrain pur sucre qui reste dans les oreilles. "I Still Love You", autre slow de rigueur au clavier appuyé est à mettre en avant, et prouve que ces quatre musiciens savent s'y prendre avec la délicatesse quand ils veulent.
Au delà de ces considérations musicales, je tiens aussi à préciser que les quatre acolytes se débrouillent plus que bien avec leur instrument respectif, avec une mention spéciale à Krocodile dont le chant puissant et aigu est particulièrement impressionnant et appréciable, et à la guitare de Kyungho Sohn, qui tricote aussi bien qu'il soliloque. Tant dans les riffs appuyés que dans les soli travaillés, sont talent éclabousse Heavy Metal Is Back sur toutes ses parois.

Mais soyez sûrs d'une chose. Malgré l'attirail vestimentaire à prendre au troisième degré, malgré l'attitude poussée à l'extrême et la provocation, malgré l'amour du Glam/Sleaze poussé au delà de toute mesure, et malgré des paroles qui ont laissé la finesse au vestiaire, VICTIM MENTALITY est drôle, mais tout sauf une blague. Leur musique est solide, très bien jouée, convaincante, et fait la nique à bien des formations européennes qui aimeraient bien nous faire croire à leur authenticité et à leur real heavy attitude.
Heavy Metal Is Back est un LP fort en gueule, qui refuse toute modération, mais qui à les preuves de ses arguments. Talent, humour, facilité de composition, tout est là pour que vous soyez sous le charme, même si la redite pointe parfois le bout de son nez.

Un samedi après midi morose, rien de spécial à faire, quand soudain quatre types attifés comme des travelos en goguette se pointent chez vous pour faire la fête.
Vous ne refuseriez pas une bonne dose de fun quand même ???