SYTHERA est un groupe de Fantasy Power Metal lillois composé de : Laemesis (la parole), Mairin (le voyageur), Erul (le maître du feu), Adrass (le rêveur), Celias (le sage), ainsi que Roldir (la force).

Il suffit de ces quelques lignes pour se convaincre que l'engagement idéologique de SYTHERA dans l'univers de la fantasy va au-delà du disque. Si Beyond Infinity, le premier méfait du gang (ou devrais-je dire, du rooster) a des allures de "Final Fantasy, the Musical", ce n'est pas un effet d'aubaine. Avant même de mettre la galette sur la platine, les noms de scène, l'artwork et la scénographie générale du sextet nous entraînent dans un voyage imaginaire vers des contrées peuplées de magiciens, de dragons et de licornes.

Et l'écoute de Beyond Infinity ne fait que renforcer cette immersion. Cela commence avec une intro à base de prophétie, de héros, de destinée, de démons, bref de tout les marqueurs d'une bonne saga de fantasy. Disons-le tout de suite, c'est le morceau le moins réussi du disque. Les intonations sont caricaturales, les accents anglais moyens et l'histoire plutôt mièvre. Tout cela est déclamé sur une mélodie au synthé qui fleure bon le jeu vidéo à petit budget. Il vaut mieux ne pas s'arrêter à cette ouverture, voire passer directement à la suite. Car quand ils ont les instruments en main, les lillois savent poser une ambiance épique. Ils élèvent un mur de son à partir d'une ligne rythmique agressive tempérée par des nappes de clavier. C'est sur des mélodies à plusieurs niveaux que la guitare et surtout le duo de chant de Maxime et Laetitia tisse son histoire. Quand ils prennent le micro, les deux vocalistes de SYTHERA sont tout de suite plus crédible. Oubliés l'accent anglais de collégien et le pitch nunuche. La musique nous entraîne dans une aventure au long cours, à base de poursuites à cheval, de combats de titans, de boules de feu et de vols de griffons.
Et la musique est si bien construite qu'on entend les chevaux galoper, les épées tinter, les éclairs tomber, le vent souffler dans les plumes du griffon.

Finalement, ce qui gâche encore un peu le plaisir et l'immersion sont les (rares) incartades de dialogues (notamment sur "Valek's Last March", le morceau de clôture). On se serait bien contentés de la narration musicale. Parce que, soyons honnêtes, l'histoire, ses rebonds et sa conclusion sont assez prévisibles. On sait en gros à quoi s'attendre. Et même, à la limite, c'est pas grave si on ne comprend pas tout du moment que la musique raconte bien l'histoire.

On dira que c'est un excès de perfectionnisme. Une preuve supplémentaire, de la pugnacité d'un groupe dont le premier effort est un concept album. Les lillois sont allés jusqu'au bout de leur idée. Et le résultat d'ensemble est bluffant de maturité et de technique. Entre Power et Symphonic Metal, la prestation, portée par une production et un mixage de qualité, donne un résultat de haute tenue qui rivaliserait sans mal avec les disques de groupes blanchis sous les harnais.

Si vous aimez les belles histoires, les romans épiques où le souffle de l'aventure tourne les pages à votre place, vous ne resterez pas indifférents à l'histoire racontée par SYTHERA dans Beyond Infinity.