2015 est un bon millésime pour la diffusion du Hard Rock australien en France. Outre le dernier opus d'AC/DC et leurs trois concerts à Saint-Denis, cette terre lointaine nous a gratifié de trois très bons debut album par de jeunes groupes signés par des labels français. Après la sortie française du premier effort de THE LAZYS puis de KING OF THE NORTH, c'est un autre gang royal, PALACE OF THE KING qui vient de sortir un premier album de haute volée. Contrairement au duo de Melbourne qui compense un line-up restreint par la technologie (une pédale loop permettant au guitariste, Andrew Higg de faire sonner sa gratte comme un trio de cordistes), PALACE OF THE KING aligne six musiciens sur scène. Un clavier, deux guitares, une basse, une batterie et un chanteur. Cette prodigalité n'est pas un artifice, les compos de POTK sont amples et généreuses. Tous les instruments ont un rôle à jouer sur chaque morceau, apportant à la musique cette densité caractéristique des grosses formations. On sent la présence de tout le line-up dans chaque chanson.

Le disque est habillé d'un artwork psychédélique à la gouache où une silhouette contemple une grotte lumineuse sur fonds d'aurore boréale polychrome (réalisé par un tatoueur, ami du groupe, Kristian Kimonides). Une image qui en dit un peu sur l'intention du combo. Quelque chose de lumineux, coloré et optimiste. Une musique qui devrait mettre en joie. Et il suffit de lancer la galette pour confirmer l'impression. Les australiens savent y faire pour poser cette ambiance vintage, à base de grattes bien fuzzée, de nappes de claviers, de batterie smooth et de riff trapus. Le timbre de Tim Henwood (chant) oscille quelque part entre Robert Plant et Barry Geeb avec un soupçon de zézaiement à la manière de Bon Scott. Ce frontman très réputé a notamment tenu le micro pour les tournées australiennes de Bruce Kulick (ex guitariste de KISS).

Quant à la musique, si elle lorgne clairement du côté du Hard Rock old-school, elle brasse également les influences de chacun des interprètes du combo. Des classiques DEEP PURPLE et BLACK SABBATH à QOTSA en passant par GRAVEYARD, ENTOMBED ou RIVAL SONS.
White Bird / Burn The Sky ne réinvente pas le genre, il ne crée pas une sonorité inédite mais chaque morceau est une petite perle de groove vintage bien foutue où les musiciens donne le meilleur. Ici une ouverture à l'orgue Hamond, là un jeu sur les cymbales, un riff qui crunche et un groupe qui prend un plaisir manifeste au jeu collectif. Matthew Harrison (guitare), co-fondateur du gang avec son ami Leigh Maden (guitare), décrit sa musique comme du Blues Rock Psychédélique. C'est une façon de voir les choses, mais on peut aussi se contenter de le qualifier de Hard Rock australien, car on retrouve dans la musique du sextet cette sonorité australe si particulière, plus smooth que le Hard Rock US mais plus rentre dedans que le Hard Rock britannique.

PALACE OF THE KING est un groupe qui monte en Australie, RIVAL SONS et AIRBOURNE en disent le plus grand bien. Avec leur signature sur un label français, on pourrait espérer les voir poser le pied en Europe pour quelques concerts, mais aucune date n'est annoncée pour le moment. En attendant un set, White Bird / Burn the Sky donne dix raisons de se réjouir, c'est typiquement la rondelle à faire tourner en boucle sur l'autoradio pendant tout l'été. De ces musiques qui mettent en joie, qui sentent le soleil, le vent dans les cheveux, le surf et les vagues.