SOLDIER (sp) - The Great Western Oligarchy (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 13 avril 2015
Pays : Espagne
Genre : Heavy Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 47 Mins
Allez, petite pause, ça commence à bien faire. Les démos, les splits, les compiles improbables et introuvables, le Core, les trucs tordus, on y met un peu le holà, et on revient dans le giron familial.
Holà ? Bah justement, ça tombe bien. Puisque le groupe dont je vais vous parler est espagnol justement. Après le Raw Black portugais, voici venu le temps du Heavy Thrash espagnol. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il appuie sur la corde de la nostalgie avec panache, et qu'il livre un LP intéressant, accrocheur et très bien réalisé.
Acclamez peuple aimé le retour d'une horde de chevalier ibères, tout de jean et clous vêtu, qui propagent la bonne parole d'une musique qu'on se plaisait à écouter en masse dans les années 80.
SOLDIER est né en 2007, et nous vient d'Oviedo, dans les Asturies de l'Espagne du Nord. Si l'on en croit leur bio, ils jouent un Thrash agressif mâtiné de Rock sudiste, et à l'écoute de ce nouveau né The Great Western Oligarchy, je l'affirme haut et fort, le crossover marche du tonnerre. On trouve d'un côté l'agressivité d'un Thrash modéré, à la LÄÄZ ROCKIT, de l'autre le groove du Rock Sudiste moderne, et le mélange opère à merveille, et apporte à des compos bien mordantes le swing qui les rend irrésistibles. Certes, seul le temps jugera la pertinence et la pérennité de ce travail, mais il pourrait bien s'agir d'un des albums les plus attachants de cette première moitié d'année 2015.
Le premier point à souligner est que le quartette se débrouille tout seul comme un grand. Pas de label, pas de soutien, tout est fait à la maison, et le résultat n'en est que plus impressionnant. Production un peu sèche et rugueuse, qui offre une profondeur bienvenue à la rythmique dont toutes les subtilités sont perceptibles, guitares tranchantes et affûtées, chant mixé pile là où il faut, ni trop en avant ni trop en arrière, l'équilibre est parfait et rend hommage à des compositions qui représentent quand même le point fort de cet album.
Niveau technique, le groupe est carré, sait jouer propre et pertinent, ne crache pas sur quelques idées un peu en marge, mais se concentre sur l'essentiel, la force de chansons qui doivent toucher l'auditeur et lui donner envie de bouger. Et sous cet aspect là, la mission est réussie haut la main. Pas grand chose à occulter sur ce The Great Western Oligarchy au superbe artwork vintage signé Breogán Álvarez, et de la pochette au solo le plus bref, tout est en place, justifié et convaincant.
Si le style pratiqué vous semble un peu désuet, et appartenir clairement à un passé révolu, passez votre chemin de suite. Car ici, seule compte la qualité, l'efficacité et de ce point de vue, ce nouvel album est une tuerie totale. Rien n'est laissé au hasard, et même si Phil, Daniel, Pei et Lucas semblent préférer le in your face à la subtilité, ils troussent des morceaux complètement prenants, et ne crachent pas de temps à autre sur une petite variation mélodique, comme le prouve la superbe power ballad que TESTAMENT ou METAL CHURCH n'auraient pas reniée, "Pilgrims".
La plupart du temps, les chansons cavalent sur un tempo speed modéré, régulièrement interrompu par des segments mid tempo (souvent le refrain) qui donnent encore plus d'allant à l'histoire. Ecoutez par exemple le riff saccadé et catchy qui propulse "Corrupted (Sex In Prison)" sans relâche, et vous comprendrez de quoi je parle.
Parfois, le quartette s'amuse à brouiller les pistes. Ainsi, "Warbourne" s'affale sur une rythmique carrément Thrash, accélère le propos, et une fois de plus, sait trouver exactement le riff parfait pour ne pas tomber dans le classique vu et revu. C'est jouissif, ça donne une furieuse envie de headbanger toute la nuit, et ça ne s'embarrasse pas de principes sans pour autant nous prendre pour des abrutis incapables de reconnaître un plan déjà utilisé cent fois.
La reprise de TYPE O NEGATIVE est elle aussi une très bonne surprise, et "Black No.1" est un bien bel hommage à feu Peter Steele, même si la patine gothique d'origine à disparu pour laisser place à une franchise Heavy qui a parfaitement sa place ici. C'est le type même de cover valide, qui reprend à sa sauce un tube immortel, sans le dénaturer, mais en y apportant sa patte perso.
The Great Western Oligarchy se termine sur un titre éponyme, qui résume à lui tout seul toutes les qualités de ce groupe espagnol décidemment très attachant. Six minutes plus ou moins progressives, mélodies, Heavy, Speed, et tout est passé en revue histoire que l'on comprenne bien les intentions du quartette.
SOLDIER peut compter à ce niveau là sur des talents individuels fort notables. J'ai déjà abondamment parlé des guitares qui abattent un boulot phénoménal, tant en rythmique qu'en solo, du duo basse batterie qui s'adapte à toutes les ambiances sans faillir, mais il faut aussi noter le charme du chant de Phil González, aussi à l'aise dans les medium grondants que dans les mid high range à la Ralf S. C'est lui qui fait souvent décoller l'ensemble de ses interventions vocales très bien placées, et ses intonations accrochent l'oreille sans l'irriter, ce qui est malheureusement souvent le cas dans ce style si particulier.
En tout cas, je n'ai pas perdu mon temps en consacrant ces quelques lignes à SOLDIER. Trois ans après leur premier LP, Gas Powered Jesus que je vous conseille par la même occasion, ils prouvent qu'ils ont leur place dans le petit monde du métal moderne, qui sait regarder en arrière sans tomber dans la nostalgie pure et décalquée sur des périodes glorieuses.
Et The Great Western Oligarchy, outre son message virulent, contient suffisamment de bonnes chansons pour que vous lui accordiez quarante cinq minutes de votre vie.
Ajouté : Mardi 04 Août 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Soldier Website Hits: 5442
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