LACUNA COIL (it) - Broken Crown Halo (2014)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 31 mars 2014
Pays : Italie
Genre : Metal / Rock alternatif
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 48 Mins
Dans sa robe d'ébène, elle se sent prête. Elle s'apprête à performer, comme elle le fait si bien depuis 1998 et cet EP éponyme qui marqua le début de la carrière de LACUNA COIL. Nous sommes à bonne distance d'In A Reverie pour ne pas nous laisser subjuguer par la nostalgie du Gothic Metal flamboyant qui faisait la fierté de tout un pays, protégé par le regard bienveillant du majestueux Duomo milanais. A bonne distance, c'est-à-dire à des années-lumière. Avec ce recul qui est sa nouvelle force, elle continue de gouverner, dans son style caractéristique qui la distingue depuis toujours de ses homologues. Guidé par la reine des abeilles en personne, en suspension dans un cocon de gelée royale bien trop confortable pour ses immenses capacités, LACUNA COIL poursuit son bonhomme de chemin, deux ans après Dark Adrenaline, et reviendra le temps d'une éclipse sous la lumière avec son Broken Crown Halo de 2014.
Quoiqu'on en dise, les italiens auront parfaitement su négocier leur virage artistique. Virer, c'est ralentir pour mieux changer sa trajectoire, et c'est à peu de choses près le plan de bataille qui fut celui du triste Karmacode de 2006. Album transitoire et controversé par excellence, il est surtout à l'origine de la montée en puissance de LACUNA COIL dans son "nouveau" registre, combustion incomplète de Rock charbonneux et de Néo Metal cellophané, comme pour mieux le protéger du long voyage qui lui fera enjamber l'Atlantique pour l'amener à la conquête du marché US. Optant peu ou prou pour la même formule que sur Shallow Life et Dark Adrenaline, à un camaïeu près, les Milanais redressent leur tablée, disposant pour la troisième fois consécutive un objet bien mystérieux au centre de leur pochette. Grenade de cristal, verrerie scientifique et maintenant couronne d'un autre genre, Broken Crown Halo place le noir au centre de l'attention. Une première, pas franchement symptomatique du déroulement de ce septième full-lenght. On a connu LACUNA COIL plus inspiré, c'est une évidence, mais je crois qu'on peut difficilement reprocher quoique ce soit à ce disque. Il eut fallu s'en offusquer plus tôt, car le groupe ne fait rien de plus que de poursuivre son œuvre avec tranquillité et sérénité, jalonnant cette sortie calibrée de tubes manifestes ("Nothing Stands In Our Way", "Hostage To The Light"...) et de morceaux singuliers, tel que l'excellent "Die & Rise", ses guitares élastiques, sa batterie pop, sa liaison finale en italien. C'est aussi l'une des compositions sur laquelle Andrea Ferro joue un rôle central, loin de ses interventions expéditives et creuses, très à l'image de l'interview qu'il nous a généreusement accordé en mai 2009 à l'occasion de la promotion de Shallow Life. Quant à savoir si Broken Crown Halo est encore plus Heavy que Dark Adrenaline (c'était d'ailleurs sa principale spécificité), je laisse la réponse à d'autres éminences, car il m'a semblé entendre parfois quelques nuances ("Infection", "Cybersleep") et autres atermoiements que le Rock alternatif arrachera aux entrailles du Heavy. Plus poétique mais moins accrocheuse qu'un "I Forgive (But I Won't Forget Your Name)", "I Burn In You" se rappelle au bon souvenir d'un Rock vaporeux emmené dans les bolges de l'Inferno de Dante par un Andrea dont la voix trafiquée évoque étrangement celle de Jeffrey Hatrix (MUSHROOMHEAD) sur "Nowhere To Go". C'est principalement grâce à ces instants d'une agréable musicalité que LACUNA COIL fait de son septième enfantement un petit monstre attachant et légèrement plus spontané, plus mélancolique que son grand frère de 2012. Une réussite globale, comme souvent d'ailleurs, ponctuée par la planante "One Cold Day", dédiée à la mémoire de Claudio Leo, membre fondateur du groupe du temps où il portait encore le nom d'ETHEREAL et guitariste sur l'EP éponyme de 1998, décédé d'un cancer le 17 janvier 2013.
D'une incontestable stabilité, performance haute en noirceur livrée sur un plateau au marché outre-Atlantique qui s'en gargarisera (Jay Baumgardner a flairé le bon coup), Broken Crown Halo va peut-être aussi marquer la fin d'une époque. Ensemble depuis 1998, LACUNA COIL a vécu le 14 février 2014, 45 jours avant la sortie de l'opus, un éclatement prévisible avec le départ des deux Cristiano, Migliore à la guitare et Mozzati à la batterie. Pour la première fois, les italiens vont devoir reconstruire quelque chose, rebondir, eux pour qui tout à toujours semblé d'une évidence enfantine. Quinze ans après In A Reverie, on ne s'attendait pas à ce que Broken Crown Halo soit l'aboutissement d'un cycle, lui qui aura su faire preuve d'une réelle cohérence artistique.
Ajouté : Mercredi 05 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Lacuna Coil Website Hits: 5536
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