Après les premiers gazouillis, énumération attendrissante de syllabes désordonnées et répétitives via Back To Reality (2011) arrivent les premiers pas. ALL DOGMAS WE HATE est encore un bébé dans l'univers impitoyable du Metal à la française, mais il progresse. Ni trop vite, ni trop lentement. A son rythme. Cette croissance, qui répond à une certaine logique évolutive, ne permet pas encore d'envisager le moindre avenir brillant pour ALL DOGMAS WE HATE, un avenir généralement promis à des groupes surdoués et bien pistonnés. Néanmoins, la transition entre Back To Reality et ce deuxième opus, Human Wrath, va s'effectuer dans des conditions plaisantes, puisqu'on aura tout loisir d'analyser tranquillement la progression des Gardois entre ces deux œuvres. A la différence d'embryons qui veulent déjà marcher avant de savoir ramper, ce groupe là prend le temps, et c'est tout à son honneur.

Cette persévérance me plait. Je me souviens de mon scepticisme à l'époque du premier album. J'émettais alors quelques doutes quant à leur musique, proche du Metalcore intransigeant d'un CALIBAN, mais aussi à propos de leur motivation, assurément mise à rude épreuve par des spécialistes qui ne gouteront que très peu à cette musique moderne et calquée sur des modèles plus expérimentés. L'idée d'Human Wrath est d'être en rupture totale avec cette image. Pour cela, ALL DOGMAS WE HATE va mettre à contribution une nouvelle forme d'écriture musicale, laquelle va malheureusement générer quelques stéréotypes en toile de fond. Nous y reviendrons. Pour l'heure, il s'agit d'"Asylum". Des grilles métalliques se referment lourdement sur un lead strident accouchant sur des riffs (très) saccadés. Si ce n'est pas Djent, c'est au moins Progressif, et ça renseigne déjà suffisamment sur l'âme de ce second disque. En bon tube d'ouverture, "Ten Feet Tall Terror" fait mumuse avec les ficelles d'un Death / Metalcore mélodico-progressif sans se départir de la vivacité, l'énergie et le dynamisme propre au style. Et malgré ses défauts, ce titre intense est déjà plus personnel que tout Back To Reality sur ses 46 minutes. Un effort confirmé par "Human Wrath" et ses cadences hachées, qui inconsciemment, incite "Outrageous Freak" et "Acid Rain" à en faire plus. A en faire trop. Le riffing épileptique qui interrompt la première vers 1'30 et qui ponctue la deuxième est non seulement devenu d'une banalité effrayante, mais également pour le coup totalement insupportable. Heureusement, l'insistance Hardcore de "Crushed To Dust", la violence crasseuse de "Thankskilling" (qui me fait plus penser à STIGMA qu'à CALIBAN) et plus généralement, la maturité technique acquise par le groupe, symbolisée par la performance écrasante de Mike (chant) dévoilent ALL DOGMAS WE HATE comme un groupe nouveau, capable de grandes choses en s'éloignant de la timidité maladive de Back To Reality.

Convaincant, autant pour le fan de Hardcore que celui de Metalcore mélodique, Deathcore, Death progressif ou moderne, Human Wrath est surtout la marque d'une progression hallucinante et constante depuis les débuts d'ALL DOGMAS WE HATE. Et si tu t'en moques encore aujourd'hui, en dépit des efforts consentis, n'oublies pas qu'en CM2, tu te moquais aussi de Chloé, la laideronne assise au premier rang avec ses boutons et son appareil dentaire dégueulasse. La même que tu as voulu te taper dix ans plus tard, chaque jeudi, au cours de tes décadentes soirées étudiantes. Et quand je vois la gueule de ta meuf, je me dis que quelque part, tu ne te l'es pas encore pardonné.