I DECLARE WAR est un groupe flippant. Il l'a toujours été, mais pas toujours de la même façon. D'abord flippant de médiocrité. Souvenez-vous de la période Malevolence. Ensuite, flippant, genre vraiment angoissant, quelque part entre atrocité, noirceur et paroxysme. Une sorte de NAILS du Deathcore. Le chaos total, et là je pense plus particulièrement à cet album éponyme paru en 2011, le dernier en date avant We Are Violent People By Nature. Le bug, c'est que depuis cette sortie, plus aucun membre fondateur ne fait partie du line-up, et que la pérennité de la formation ne repose plus que sur les épaules de Jamie Hanks, chanteur ayant intégré la meute en 2010. C'est comme vouloir gravir l'Everest avec un tibétain qui a son BEP Sherpa depuis trois semaines. Heureusement, les mauvaises intentions de ces américains s'affichent avec netteté dès la lecture du titre de leur cinquième full-lenght :

Nous sommes des gens violents par nature.

La belle affaire. Mais quid du teint blafard, de la mine décomposée, du regard assassin et des envies de meurtres d'I Declare War, l'album ? A part nous annoncer que ce disque sera naturellement violent, que nous propose concrètement I DECLARE WAR pour ne pas retomber dans les travers de l'ère Malevolence ? Une grosse bourrasque, et puis c'est tout. Trente minutes d'un ouragan Deathcore comme on ne l'aime pas spécialement, qui se branle sur un cadavre en putréfaction en regardant par le petit trou de la lorgnette au lieu de s'y vider les couilles sans vergogne, et avec une certaine dose d'autosatisfaction. Encore une fois, I DECLARE WAR a évolué d'un album à l'autre. Une triste évolution, puisque sans aller jusqu'à faire l'apologie bruitiste de l'inefficace Malevolence, We Are Violent People By Nature se contente du minimum syndical pour œuvrer sa petite affaire. Ce n'est plus du Brutal Deathcore, c'est du Br00tal Deathcore. Vous voyez la nuance ? So Swag. Recyclant les débris d'I Declare War avec très peu d'imagination, le quintet commence par performer dans les hautes sphères, forts de "Quiet" (qui ne l'est pas) et de "Tomb Sleep", assurément aussi massif et maniaco-dépressif que son homologue "Misery Cloud". En toile de fond, ce lead horrifique perpétuel, pénétrant, inhérent à un autre très bon morceau de l'opus : "Blurred Vision". Mais I DECLARE WAR retombe vite dans la surenchère, dans le huis-clos avorté, dans le snuff movie où burlesque et grotesque s'associent. Ça devient franchement pénible à partir de "Black Heart", et déplaisant sur "Noose". Pas forcément plus violent qu'un CHELSEA GRIN mais assurément aussi convenu qu'un MARTYR DEFILED, le Deathcore d'I DECLARE WAR s'en retourne vers ses racines stéréotypées, le côté malade et supplicié en pleine lumière. Après d'honorables débuts, ce full-lenght vacille, s'effondre, empilant les défauts types du disque de DxC bourrin et irréfléchi. Plus aucune surprise, un engagement à deux doigts du militantisme, le faux-rythme d'"Eternal I Sleep" en prime, We Are Violent People By Nature s'achève en eau de boudin avec le sentiment ne n'avoir jamais vraiment démarré. Ou même existé.

Passées donc ces premières minutes savoureuses, qui correspondaient peut-être simplement au bonheur de les retrouver après trois ans d'absence, cet album déçoit. Il déçoit d'autant plus qu'I DECLARE WAR, via son album éponyme de 2011, avait manifesté pour la première fois une énorme marge de progression. A contrario, We Are Violent People By Nature est dans la stagnation la plus extrême. Il baigne dans un volume d'eau croupie où se sont développées les maladies qui rongent le Deathcore depuis sa création ou presque, flotte dans le coude d'une canalisation engorgée par trois années de flegme gras. Il n'y a pas de plaisir car il y a de la gêne. La même gêne qu'un maître SM éprouverait à refuser sa violente correction.