CULTURE ABUSE (usa) - The Day Dreams Of Nothing (2015)
Label : 6131 Records
Sortie du Scud : 24 novembre 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Noise Punk
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 17 Mins
Décidemment, je trouve beaucoup plus gratifiant en tant que rédacteur de chroniques de m'intéresser à de petits groupes émergents qu'à de grosses locomotives confirmées et blasées.
Et puis de toute façon, quel impact peut avoir un webzine comme le notre sur la carrière d'un cador ? Le lectorat éventuel a t-il vraiment envie de savoir ce que je pense de têtes d'affiches de festival et autres salles de quinze mille sièges ?
Non, nous sommes d'accord. Sachons rester à notre place.
Et si vous appuyez cette affirmation, soyez heureux, j'ai encore déniché une perle en flânant sur la toile globale...
Bye bye vieille Europe, bonjour les USA, la Californie du Nord plus précisément. Me voici donc en cette fin d'après midi entre San Francisco et Santa Rosa, en compagnie de David, Easy, Pyt, Jr et Shambles, en train de boire un coup à la santé du Rock Noisy dépravé et plein de stupre. Ce qui n'est pas hors propos, puisque ces cinq hurluberlus se vantent eux mêmes de mener des activités louches, et entre autre de se bourrer la gueule, de prendre des substances qui font voir des Austin Mini remplies de chamallows, et accessoirement, d'accoucher de riffs gras et de donner quelques concerts.
Et du coup, le titre de leur premier EP est assez révélateur... The Day Dreams Of Nothing ? Alors autant passer la nuit à picoler et se mettre à l'envers en effet...
Certes, je concède que le soleil de Californie à du leur taper sur le système. A force d'enquiller les bouteilles et les cigarettes mal roulées, ils ont fini par virer un peu léthargique et apathique. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti à l'écoute des six titres de cet extended play, qui pourtant m'a enthousiasmé et donné envie de me vautrer dans la luxure et l'alcool.
Je vous ai parlé il y a quelques mois des SEX SNOBS. Musique abrasive, attitude Rock, ambiance un peu lupanar de luxe, ils m'avaient marqué de leur dédain affiché. Le même schéma s'est reproduit aujourd'hui avec CULTURE ABUSE, et il me semble pertinent de dire que oui, en effet, ils ont du abuser la culture par tous ses orifices.
Essayons de faire marcher notre imagination, et de visualiser un concert réunissant des membres vieillissants des STOOGES, de GIRLS AGAINST BOYS, et des SNOBS justement, tous évidemment bien entamés, qui jammeraient sur des réflexions très crues et salaces. Je pense que le spectacle serait goguenard, plein d'ironie éthylique, mais la musique serait salement sexy et grasse, comme les six pistes de The Day Dreams Of Nothing. Bien sur, il est toujours facile de trouver plus excessif que le délire du moment, mais j'avoue avoir plongé les deux narines en avant dans ce cocktail de guitares fuzz ultra distordues, de chant feignant de sex symbol de fin de soirée, et de cette rythmique qui ne fait que valser entre tempo pataud et binaire énervé MAIS cool. Alors, on les compare facilement à leurs petits voisins pas plus polis de CEREMONY ou NERVOUS, qui viennent de la même région ensoleillée, mais ils ont quand même quelque chose d'unique...
Le EP est partagé clairement en deux. Ca tombe bien, avec six titres, c'est rondement mené. Prennent pas de risques les salauds... D'un côté les trucs up tempo, rapides mais crades, joués comme on balance une canette vide avant d'en reprendre une autre. Mais sans vraiment savoir comment, c'est pêchu mais méprisant, lointain mais presque affectueux... Bizarre non ? A ce petit jeu là, ma blague préférée reste "My Only Sunshine" pour l'ironie de son texte, et son assemblage plus garage qu'une compile Nuggets. C'est très bancal, ça dérape un peu, mais ça a la naïveté des jeunes qui n'en ont rien à foutre et qui jouent crânement leur carte. Et ça, j'aime.
Au rayon "J'ai la flemme mais je vais quand même sortir un machin nauséeux de presque cinq minutes", "Sing To Me" gagne la palme du cendrier froid haut le mégot, et je crois que même les GIRLS AGAINST BOYS dans leurs jours les plus vitreux n'ont jamais sorti un bouzin pareil... Mélodie traînante à la "I Wanna Be Your Dog", chant qui s'époumone sur un karaoké qui ne veut pas en finir, basse en avant qui répète inlassablement les mêmes quatre notes, c'est du beau jeu, j'admets.
Alors bon je vous vois venir... Oui c'est Noisy, mais ça ne le cache pas, oui c'est Punk dans l'esprit, mais plus crad' Rock dans les faits, oui c'est plus alternatif que vraiment Metal, mais franchement, à quatre heures du matin la tête dans le cul, je serais tenté de dire... Who cares????
Le principal ? C'est l'antithèse de la Californie d'Arnold, c'est pas propre, pas beau, et ça sent pas bon la poudre chaude.
Et rien que pour ça, vous allez vous l'enfiler, et cul sec. Et peu importe qu'ils viennent après s'essuyer la bouche sur votre beau polo tout neuf, ils ont le droit, ils ont enregistré six titres à 45 degrés. Et puis de toute façon, je ne crois pas qu'ils viendront vous demander votre avis.
Alors autant les inviter chez vous de vous même.
Mais videz le bar d'abord, on ne sait jamais.
Ajouté : Jeudi 10 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Culture Abuse Website Hits: 5276
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