Ceux qui sont sous le coup d'une addiction au Southern Metal et qui marchent dans les santiags de LYNYRD SKYNYRD glisseront dans leur portefeuille en cuir de buffle, usé à la corde, cette carte de visite de CREEPING DEVIL CACTUS qui a la forme d'un EP: Back From The Ashes.

Le souffle chaud des grandes étendues sauvages, et les relents de coyote crevé nous arrivent de Nantes. Nos cow-boys se sont rencontrés dans un saloon fin 2011, une bouteille de whisky à peine engloutie qu'un pack de bières s'éventrait à nouveau, à coup d'éperons... Les saucisses et les tranches de boeuf toujours chaudes sur le grill... Rien d'étonnant que l'on retrouve les gaillards en 2015... Quand la bouffe est bonne et tant qu'il y a à boire ! N'empêche que le line-up connaît, au fil du temps quelques changements, c'est le cas dernièrement de Fred, à la batterie, parti chasser le chamois et le yéti.

CREEPING DEVIL CACTUS nous fait déjà un joli cadeau avec un artwork particulièrement réussi, en parfaite illustration de leur univers sudiste. Il convient de donner un coup de chapeau Stetson à Guillaume Defante et au combo qui ne néglige pas cet aspect pour leurs aficionados.

Avec le 1er titre "Ribs'N'Beer", on fait connaissance avec le chant rageur d'Amir, une voix imprégnée par des excès en tout genre, grattée à la toile émeri. Amir doit être un accro de notre regretté Lemmy, un héritage qu'il ne peut nier, un timbre à son effigie. Au cours du morceau, quelques interludes fluides de guitare viennent contrebalancer le gros son estampillé Stoner. Le dernier morceau "Kentucky" est dans la même veine, titres jumeaux catchy et jumpy à souhait, une rythmique endiablée, survitaminée, bien rentre-dedans avec un chant en pole position. C'est direct, c'est efficace.

Et la face obscure de l'EP se décline à travers les deux autres titres que sont "Deadwood Church" et "Corber Path". Musique plus sombre, un tempo lancinant, de plomb qui s'immisce dans nos tripes. L'illustration au coeur de la pochette nous renvoie à cette période du Ku Klux Klan, aux églises qui brûlent, les planches des bardages qui crépitent sous les flammes et les lamentations des fidèles apeurés... Une musique qui nous projette des images en Cinémascope. "Corner Path" avec plus de 7 minutes au compteur se révèle toutefois un tantinet trop long, je l'envisage plus facilement comme plat de résistance en mode live pour participer à l'hypnose musicale du public ne pouvant s'empêcher d'headbanger et de taper de la semelle.

En résumé, après cet EP Back From The Ashes tiré comme un coup de semonce, CREEPING DEVIL CACTUS nous fait cracher du sable, moucher du sang, la chemise Denim toute de sueur amidonnée, et les doigts tachés de cambouis, le carbu de la chevrolet ayant rendu l'âme dans le pays du Muscadet à une encablure de Clisson dans la Death Valley.

Maintenant, après cette première séance de tir de vingt petites minutes, avec quand même toutes les balles dans la cible, et une odeur de poudre tenace qui flotte, il va falloir que CREEPING DEVIL CACTUS crache toutes ses munitions et mette le paquet pour finir de nous convaincre et de nous accrocher définitivement aux piquants des cactées du diable.