DOOM (uk) - Consumed To Death (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 20 août 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 13 Mins
Tous les chemins partent de Birmingham finalement alors pas étonnant qu'on y revienne toujours... On pourrait presque dire que tout est venu de la bas, tant cette ville à été l'épicentre de l'explosion de l'extrême dans les années 80... Autant l'origine du Punk est toujours sujette à controverse (New York ? Londres ?), autant celle du Grind, du Crust ne soulève aucune protestation. Et ça tombe bien, puisque deux de ses représentants sont toujours en vie, et là pour en témoigner.
Car dans l'ombre de NAPALM DEATH, vivaient un sacré paquet de groupes tout aussi novateurs, mais au rayonnement moindre. De plus, la plupart sont tombés depuis longtemps au champ d'honneur, mais comment oublier les ELECTRO HIPPIES, OLD LADY DRIVERS, SORE THROAT et tous les autres ?
Mais si NAPALM poursuit aujourd'hui la brillante carrière que l'on connaît, sans jamais s'être séparés, il ne faudrait pas pour autant en oublier d'autres, EXTREME NOISE TERROR ou même... DOOM.
Il est vrai qu'au moment de faire les comptes, ils sont souvent oubliés sur le comptoir de la légende, alors qu'ils ont connu un parcours prolifique, sinon stable. Le line up d'origine n'aura tenu que trois petites années, et hormis Brian Talbot et éventuellement Tony Dickens, le reste du groupe a toujours été à géométrie variable (ce qui fut longtemps le cas de NAPALM), ce qui ne les a pas empêché de sortir une bonne tripotée d'albums et de EPs.
2001, tombé de rideau, le groupe raccroche et se disperse. Mais douze ans plus tard, les revoilà, avec un album flambant neuf dans la musette, Corrupt Fucking System. Toujours fidèles à ce Crust sans pitié, lacéré de paroles politisées et revanchardes, cette renaissance nous montrait un DOOM en pleine possession de ses moyens mais las, le destin allait encore frapper...
Alors en pleine tournée de promotion, DOOM joue alors au San Martin's Club, à Santiago du Chili, en avril dernier. Le promoteur laisse entrer beaucoup trop de monde, et le pire arrive alors, le club s'écroule, coûtant la vie à plusieurs personnes. L'accident tragique marque les membres du groupe, qui décident alors d'enregistrer un EP disponible au téléchargement, puis en vinyle via leur bandcamp, pour la modique somme de deux livres sterling.
Vous pouvez bien évidemment donner, sans attendre en retour, mais considérant la qualité proposée par ces cinq morceaux, vous seriez perdant. Et là, pour le coup, lorsque la musique est à la hauteur du geste, celui ci devient remarquable, et notable. Car oui, comme toujours, Consumed To Death est bourré ras la gueule de morceaux Crust et D-Beat, deux genres initiés par DOOM, et qu'ils n'ont jamais reniés depuis. Alors allez-y, votre générosité sera plusieurs fois récompensée. L'équation est simple, elle est la même depuis le début. Au cas où presque trente ans plus tard vous n'auriez toujours pas pigé le truc, à la base DOOM s'est emparé de l'héritage des CRASS, DISCHARGE et dans une moindre mesure EXPLOITED, l'a adapté aux standards de Birmingham, 85/86, pour le transformer en une gigantesque boucherie sonore poussant les dernières limites de l'Anarcho Punk au delà de tout, créant de fait le Crust, style extrême s'il en est. Mais loin des exactions Grind de leurs homologues de NAPALM, et se rapprochant plus de fait d'un EXTREME NOISE TERROR en plus maîtrisé, DOOM n'a jamais chargé la mule et est toujours resté compréhensible et intelligible.
Leur Crust est à la limite du D-Beat, loin de la folie totale des groupes scandinaves qui poussent mémé dans les orties à chaque gueulante, et Consumed To Death ne fait que confirmer la résurrection entamée par Corrupt Fucking System. D'ailleurs, ces cinq titres auraient pu y figurer sans problème, tant ils se rapprochent des brûlots qu'on y trouvait deux ans plus tôt.
Alors oui, cinq chansons, c'est peu, mais n'oublions pas que le tout n'était pas prévu, et qu'il convient de le prendre pour ce qu'il est.
Alors alternance, trois pavés de plus de trois minutes, assez lourds et au tempo appuyé, et deux explosions moins contrôlées, qui comme d'habitude virevoltent à toute allure, comme si les DISCHARGE se moquaient des limites de vitesse.
On y retrouve donc deux grosses mains dans la tronche, "Driven By Greed" qui court comme un dératé, et "V.I.P's" qui lui détale comme un lièvre éclairé par des phares de bagnole. Autour de ces deux tueries, "Consumed To Death", épais comme un pavé dans une vitrine, à la longue intro parlée, "Sociopathic System" porté par un gros riff bien redondant et des breaks rythmiques explosifs, et "Life In Prism" qui se situe à la croisée des chemins, mais qui balance quand même salement la sauce, avec une basse en perceuse qui vrille les idées reçues.
Le contenu ne surprend donc aucunement, mais là n'était pas le propos. DOOM fera toujours du DOOM, et c'est à prendre ou à laisser.
Sachez juste qu'en faisant preuve de générosité, vous hériterez d'un EP de très bonne facture, qui vous procurera votre dose de grisant Crust pendant quelques temps, en attendant le prochain longue durée des anglais. Et si vous habitez l'Angleterre, n'oubliez pas de vous rendre le 25 septembre au 1 in 12 Club de Bradford, pour le concert de soutien aux familles des victimes.
Et si ça vous est impossible, lâchez quelques deniers pour vous procurer The Chile Benefit Compilation, avec vingt trois groupes, dont DOOM évidemment.
On peut être Punk pour la vie, et avoir bon coeur. Ne l'oubliez pas.
Ajouté : Vendredi 19 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Doom Website Hits: 5800
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