KAETS (FRA) - Human Machine (2015)
Label : Klonosphere
Sortie du Scud : 11 septembre 2015
Pays : France
Genre : Modern Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 39 Mins
Formé en 2009 par Ludo (chant) et Vivien (guitare), KAETS est né à Châtellerault, et a depuis connu quelques changements de line-up avant de se stabiliser. Bienvenue donc à Samuel (basse) et Benjamin (guitare), qu'on retrouve sur ce premier album, que nous propose le très actif label Klonosphere via distribution Season of Mist en ce mois de septembre 2015.
Après une première démo fort remarquée, Funny Things Of Life, sorti il y a trois ans, le quintette à donc réussi le pari du longue durée via une campagne de financement, relativement modeste au vu du résultat obtenu. Outre un son très propre et très carré, parfaitement adapté à leur musique, KAETS a pu soigner ses compositions, et proposer une bonne dizaine de morceaux puissants, dont leur premier single "My Creation".
Musicalement, l'affaire est multiple, et les strates sonores s'empilent pour au final créer une ode à la brutalité maîtrisée, dominée par de nombreux breaks, à coups, et propulsée par des riffs cartons qui vont à l'essentiel.
Selon les auteurs, KAETS joue une "musique énergique et éclectique, influencée par le Thrash, le Death, le Hardcore et le Groove Metal". En écoutant avec attention Human Machine, impossible de les contredire, et la plupart des pistes pulsent d'une belle vitalité Néo Thrash, aux légères teintes Death assez diffuses (plus dans l'énergie que dans le son d'ailleurs, malgré quelques riffs symptomatiques). On pense bien sur à une version plus cyber de SOILWORK, quelques touches de STRAPPING YOUNG LAD, car malgré une inspiration qui ne renie en rien ses sources old-school, la modernité est de mise. Les arrangements quoique sobres agrémentent le tout d'une légère emprunte futuriste, qui colle parfaitement au concept de l'album.
Car Human Machine raconte une histoire, aux contours clairement définis. Celle d'un homme devenu "entité hybride, esclave de ses hallucinations, et sombrant dans la perversion et la décadence". De fait, les cinq musiciens ont adapté la musique au concept, et rien ne vient endiguer la belle vitalité dont ils font preuve.
D'instinct et par expérience, au vu des textes et au jugé des morceaux, le premier nom qui vient à l'esprit sera sans doute celui de FEAR FACTORY. Même désir de déshumanisation, de désincarnation humaine dans la matrice, et mêmes standards de composition au cordeau, avec une double grosse caisse très précise, et des riffs graves très saccadés. Mais les noms de GOJIRA, ou même pourquoi pas SAMAEL peuvent heurter l'esprit, pour cette façon d'adapter le Death à l'époque, et de le relifter sous les coups de boutoir d'une violence plus moderne. Si les premiers morceaux suivent plus ou moins les mêmes traces, le panorama change dès "The Last Dance", aux intonations plus Indus, et aux guitares plus aérées et volatiles.
Il faut un temps d'adaptation pour adopter définitivement le chant de Ludo, très grave et monocorde, mais redoutablement efficace sur les parties les plus violentes et/ou lourdes. Si la plupart des riffs sonnent clairement Néo Thrash, certains évoquent la scène Groove/Thrash des années 2000, avec ces syncopes caractéristiques, et une plus grande légèreté de ton. Ils permettent à l'ensemble d'être moins hermétique en intervenant à intervalles réguliers, et boostent des morceaux qui auraient pu sombrer dans la monotonie. Ainsi, les récurrences Groove de "Fuckin' Rain" sont franchement les bienvenues, en sus d'astuces d'aération de structures qui ménagent des espaces libres au chant.
Mais le groupe à eu l'intelligence de miser sur des formats courts, et "My Creation" à même les dimensions d'un classique de radio, avec ses trois minutes et trente secondes hyper accrocheuses. De plus, certaines envolées directement héritées du Thrash le plus classique (entendez celui des années 80) insuffle une fraîcheur indéniable à ce titre qui fait définitivement partie du haut du panier.
Outre une technique irréprochable et une intuition rythmique à l'équerre (certains passages équilibristes à la batterie sur "Death" peuvent en témoigner), on soulignera aussi une jolie cohérence de progression, dans le propos musical et littéraire, puisque tout l'album est construit autour d'une logique progressive, et les climats se dessinent au fur et à mesure, nous intégrant de plein pied dans une histoire assez bien troussée. Même si les transitions s'effectuent en douceur et ne sont pas toujours décelables, le triptyque final "My Creation", "Death", "The Trial" est un véritable point d'orgue, et valide les deux premiers tiers de l'album, plus uniformes.
Mais même dans cette première partie, les surprises ne manquent pas, comme cette superbe superposition vocale et ce phrasé précis sur le lapidaire "Full Destruction Of Time", ce refrain schizophrénique et oppressant pendant "Lies", qui bénéficie de quelques blasts bien placés, ou cette accumulation d'arrangements vocaux sur le ténébreux et introductif "Human Machine".
Certes, et sans tomber dans la dithyrambe, il reste quelques défauts dont le groupe devra se débarrasser à l'avenir. Certaines similitudes flagrantes dans les riffs et les rythmiques font parfois tomber des segments de titres dans la redite, et quelques variations vocales de plus auraient été les bienvenues. Les influences sont encore un peu trop présentes parfois, mais en dehors de ces quelques critiques que j'espère constructives, le tout est très homogène et extrêmement professionnel, jusqu'au bout du manche.
Espérons pour la suite une ouverture pour soulager certaines parties encore trop convenues, mais avec un solide concept brillamment mis en musique, une pochette superbe et une sévère dose de brutalité moderne et technique, KAETS s'impose comme une valeur à suivre, qui va certainement convertir bien des fidèles lors de ses prochains passages sur scène.
Ajouté : Lundi 22 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Kaets Website Hits: 6376
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