RICK SPRINGFIELD (usa) - Rocket Science (2016)
Label : Frontiers Records
Sortie du Scud : 19 février 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Classic Melodic Rock
Type : Album
Playtime : 14 titres - 48 minutes
RICK SPRINGFIELD ? Oui, vous pouvez vous poser la question, légitimement. Pourquoi en parler ici, et maintenant, alors même que le mec à quarante ans de carrière derrière lui ? Parce qu'à 66 balais, il mérite enfin un peu d'attention Rock ?
Mais ses fans lui ont accordé depuis très longtemps, et je ne suis pas sur qu'il ait encore besoin d'une reconnaissance artistique quelconque...
Rick a commencé sa carrière dans les années 70, a explosé à la face du Rock FM/AOR dans les années 80, avec des albums légendaires comme Tao, Living In Oz, ou Hard To Hold, et depuis, et ce malgré une pause d'une dizaine d'années, n'a jamais lâché l'affaire, parce que la musique voyez vous, il l'a dans le sang. Une musique simple, honnête, sincère, et surtout d'une qualité énorme au vu des standards toujours plus stériles de médias et labels en mal de sensationnalisme.
Avec Springfield, pas d'esbroufe, pas de tape à l'oeil, mais du Rock mélodique, le meilleur qui soit. Mais la question reste d'importance.
Pourquoi en parler ici et maintenant, alors même que les débuts du bonhomme datent justement de 1972 avec...Beginnings?
Pour plusieurs raisons. D'une, parce que Rick est signé sur Frontiers, une maison de disques que nous connaissons bien en tant que mordus de Hard Rock d'esthètes. De deux parce qu'il joue depuis plusieurs années avec Matt Bissonette, le frère de Greg, qui autrefois accompagna l'ineffable David Lee Roth sur Skyscraper. Et de trois, le motif le plus légitime en soi, parce que Rocket Science, son dernier album, pourrait bien être son meilleur.
Et tiens, puisqu'il faut bien se mouiller de temps à autres, disons qu'il l'est.
Il l'est là aussi pour plusieurs raisons. Pas parce que cette fois-ci Rick à pris de gros risques, pas parce qu'il a tenté le pari de sa vie en s'ouvrant sur des horizons nouveaux, mais tout simplement parce qu'il a composé à l'aide de Matt les meilleures mélodies de sa vie, et qu'il a teinté son Rock FM de couleurs Country, aboutissant de fait à un équilibre fabuleux entre tradition US et modernisme harmonique.
C'est simple, Rocket Science n'est que tubes, hits, titres accrocheurs et refrains fédérateurs, de bout en bout. Rien à jeter, le genre de LP qui dans les années 80 aurait trusté la plus haute marche du Billboard pour au moins deux, ou trois mois. Et pourtant, l'homme a de la bouteille, à sorti une pelletée de classiques, et signe avec Rocket Science son dix huitième album. Il serait ridicule de dire que ce dernier est celui de la maturité, mais d'une certaine façon, il l'est. Car Rick et Matt ont enfin réussi à trouver la jonction parfaite entre efficacité, intimisme et réalisme mélodique, sans occulter des aspects traditionnels du patrimoine américain. Et de fait, cet album pourrait symboliser le côté le plus US d'un artiste australien d'origine. On s'assume ou pas, peu importe l'âge...
Je n'avais au départ d'autre ambition que de l'écouter et de m'en délecter en solitaire. Mais face à sa réussite flamboyante, j'ai rapidement compris qu'il me fallait faire plus, qu'il me fallait en parler, pour le partager avec vous.
Et pour utiliser une image simple, Rocket Science m'a fait comprendre pourquoi le Rock FM était mon pêché mignon depuis plus de trente ans. Car Rick et Matt sur ce disque ont réussi le tour de force d'expurger le Rock West Coast de ses tics les plus irritants (les synthés dégoulinants, le sax s'époumonant, les choeurs s'évaporant), de l'intégrer à une base Hard Rock light, et d'y insérer des influences Country et Bluegrass bien senties ("Miss Mayhem", petit bijou à la pédale steel exubérante, qui dégénère en gros Hard Rock Bluesy). On savait Rick versatile, et il l'est toujours sans conteste, mais cohérent en diable, inspiré et surtout, heureux de jouer. Et même si l'homme s'est doucement orienté vers une carrière d'acteur tout à fait honorable (son rôle dans le très touchant Ricki and The Flash en est une belle preuve, et surtout, un genre d'autobiographie déguisée très honnête), il n'a pas oublié quel musicien il est depuis tant d'années.
Rocket Science, c'est une équation qui se pose et se résout très facilement. Prenez le meilleur de Rick, ajoutez y le meilleur du DEF LEPPARD moderne, la quintessence de Bryan Adams, un brin de Rock US West Coast pas forcément passéiste, agitez le tout dans un shaker de bonne humeur et de bonheur, et vous obtenez quatorze morceaux qui sonnent, proposent les meilleures mélodies de sa carrière, sans pour autant trahir ou déprécier son oeuvre antérieure.
Du hit avant coureur "Down", qui nous replonge dans l'Amérique FM des 80's, au festif et Bluegrass "Crowded Solitude", en passant par le très Petty/Seger "Light This Party Up" sur lequel les POISON de Flesh And Blood auraient pu se faire les dents, tout est parfait de bout en bout, soigné d'arrangements simples, et reposant sur des refrains forts, des thématiques sobres mais accrocheuses. Et surtout, de l'authenticité. beaucoup.
Doté d'une production absolument parfaite elle aussi, qui sert à merveille les compositions du duo, Rocket Science est une cure de jouvence et d'optimisme tout sauf béat. Si Matt et Rick avaient plus ou moins tenté le diable sur des albums comme Songs for the End of the World, ils sont revenu à la base de la musique mainstream, celle qui s'adresse à tout le monde et se veut populaire et non populiste. Des guitares claires et nettes, une rythmique qui s'adapte sans faire d'effets de manchettes, et cette voix, posée, touchante ("All Hands On Deck", ou comment taquiner les POGUES dans un bar du Midwest), qui sublime des harmonies parmi les plus belles de la carrière de Rick ("Found").
Allez-y, entrez, regardez, écoutez. Passez de la Pop agitée de banjo et de violon de "Pay It Forward" au Rock plus sombre de "We Connect" qui semble perdu loin des côtes de Songs for the End of the World, et terminez votre voyage sur la pureté de "Beautiful Inside", au balancement groovy. Vous ne regretterez pas l'aventure. Mais au final, que dit Rick de tout ceci, puisqu'il est le principal concerné ?
"Lorsque des émotions différentes me submergent, je fais avec. Je n'essaie pas d'écrire sur quelque chose en particulier, je cherche simplement à être honnête, et à raconter des histoires qui peuvent intéresser"
Voilà, c'est exactement ça. De la musique honnête, jouée par un musicien de 66 balais plus pertinent et attachant que la plupart de la jeune vague qui n'en finit plus de le piller. Et qu'importe ce que pensent les critiques qui le méprisent depuis plus de trente ans, lui reprochant une facilité de ton, une complaisance, une pseudo sincérité trop naïve, Rick fut, est, et restera un monument de la musique américaine. A qui il rend un hommage merveilleux sur Rocket Science.
Ecoutez ce disque, et regardez de nouveau Ricki and The Flash pour bien comprendre. Dans ce film, Rick ne joue pas un personnage. Il est lui même. Comme il l'est sur chacun de ses albums depuis le début de sa carrière.
Ajouté : Mardi 23 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Rick Springfield website Hits: 6441
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