METALBLACK (ru) - Skyward (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 17 septembre 2015
Pays : Russie
Genre : Avant Garde Atmospheric Black Metal
Type : EP
Playtime : 4 Titres - 26 Mins
De Saint-Pétersbourg nous viennent ces nouveaux chantres d'un Black qu'on pourrait qualifier d'atmosphérique autant que d'avant garde, tant leur approche cumule les inspirations variées qui enrichissent une trame de base assez classique.
Peu d'informations sur ce groupe, mis à part sur les plateformes abordant leurs cas, comme VK par exemple, et si leur bandcamp ne mentionnaient pas leurs sorties antérieures, il me serait impossible de vous donner le moindre renseignement les concernant.
Outre qu'ils viennent donc de la Fédération Russe, je sais qu'ils ont déjà sorti deux EP, Zarya en septembre 2014, mais aussi Dark Entity, en mai de la même année, qui a d'ailleurs plus l'air d'une démo qu'autre chose. Mais dans le cas précis de cette musique hermétique, abrupte et absconse, le mystère n'est pas forcément un handicap. Disons qu'il voile la musique d'une aura opaque qui la rend un tant soit peu fascinante.
On sait que le Black de l'Est à tendance à puiser son inspiration dans la vague Nordique originelle, ou dans les litanies éplorées du Depressive Black, mélangeant parfois les deux courants. Mais la tonalité générale est très sombre, et ça n'est pas ce Skyward qui va inverser la tendance. Trois morceaux seulement, plus une courte intro, mais de larges développements dépassant souvent les huit minutes, qui permettent d'instaurer une ambiance délétère, nostalgique parfois, légèrement effrayante par moment, sans pour autant proposer quelque chose de réellement neuf.
Mais l'originalité n'est pas complètement occultée, en témoigne ce piano mélancolique qui nappe les compositions d'une touche classique éthérée, contrebalançant la violence et la noirceur ambiantes.
Les trois titres sont bâtis sur la même structure, des riffs sombres et répétitifs, un chant hurlé dans le lointain, des blasts réguliers, et ces quelques notes de clavier dispersées dans le vent, et qui virevoltent au dessus de l'ambiance, créant de fait un décalage intéressant entre la violence crue et exacerbée, et cette petite touche de romantisme morbide.
Si "Skyward" et "On The Verge" courent sur un tempo rapide et métronomique, le final "Exploding World" privilégie un joli mid tempo appuyé par une double grosse caisse métronomique, et laisse les guitares explorer d'autres sonorités, moins roboratives, et plus aériennes, quoique légèrement dissonantes.
La production suit le mouvement et épouse admirablement les contours des morceaux, rendant les guitares encore plus abrasives et sèches qu'elles ne le sont, et étouffe subtilement la rythmique pour la faire sonner comme une balise de fond qui n'envahit pas l'espace.
Mais le groupe sait aussi aménager quelques surprises qui déchirent la logique ambiante, comme ce break sauvage et sans pitié sorti de nulle part sur ce même "Exploding World", qui vient à lui seul justifier le titre choisi.
Quelques claviers numériques tissent parfois une toile autour des riffs, et agrémentent les passages les plus atmosphériques d'une fine couche irréelle, avant que la machine ne redémarre de plus belle et écrase tout sur son passage.
Si les intonations globales assombries et nihilistes tâtent du Black Dépressif sans vraiment y tomber, on peut estimer sans trop risquer de se tromper que METALBLACK se situe à la croisée des chemins entre ce style si particulier, d'un Black plus traditionnel à la EMPEROR pour cette puissance compacte qui souffle un air brûlant, et un Black plus atmosphérique qui ventile les idées les plus renfermées et noircit le paysage ambiant de ses accents nostalgiques et souvent oniriques.
Skyward présente donc de très bonne idées, pas vraiment avant-gardistes comme le prétendent certains sites au raccourci facile, et certaines parties de guitare purement Heavy Metal permettent à cet EP digital de garder une touche analogique indéniable, et très appréciable. On pense même parfois au BATHORY de la période viking, avec un son plus mat et puissant, mais ces trois morceaux s'écoutent avec un plaisir non feint, et restent diablement envoûtants, presque hypnotiques de par leur quasi immobilisme. Fausse linéarité de surface, réelles trouvailles qui sans être innovantes apportent une plus value à l'ensemble, ce troisième effort des Russes de METALBLACK est une jolie surprise, qui donne envie de voir le groupe se plonger dans une tentative plus longue et développé. Si tant est qu'ils trouvent un concept porteur et qu'ils travaillent leurs idées pour qu'elles cadrent dans un effort plus soutenu.
Mais l'évidence est là, et sans être totalement misanthropique, Skyward nous montre un chemin sombre pavé de mauvaises intentions, que vous suivez, volontairement ou pas.
Ajouté : Jeudi 03 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Metalblack Website Hits: 7404
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