MYOTONIA (usa) - Total Protonic Reversal (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 24 février 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Mathcore
Type : EP
Playtime : 8 Titres - 28 Mins
La myotonie est un trouble du tonus musculaire. Elle se caractérise par une décontraction lente et difficile d'un muscle suite à une contraction volontaire.
Définition Wikipedia, sobre, concise. Comme la pochette de cet album, qui nous montre une jolie bête au microscope, qu'on pense être un microbe ou un truc du genre.
Mais nom bien choisi, j'admets. Quoi de plus crispant en effet qu'un Hardcore nerveux, joué avec une énergie débridée par des musiciens carrés, qui change de rythme toutes les dix secondes ?
Certains ont appelé ça un jour Mathcore, parce que ça ressemblait à du Hardcore posé en équations, c'est aussi un nom comme un autre... Impulsive Core ? Nervous Core ? Epileptric Core ? Oui ça collait aussi, mais ça n'est pas moi qui choisit.
En tout cas, on connaît depuis un bail maintenant. Depuis la fin des années 90 et l'émergence des terribles DILLINGER ESCAPE PLAN qui à leurs débuts, en incarnaient le parangon. La version plus "grand public" s'appelle de nos jours CONVERGE, mais la horde de groupes étant tombé dans les mathématiques nerveuses est de plus en plus fournie. Un nouvel exemple nous arrive d'Oakland, Californie, MYOTONIA.
Zack, Jon, Nick, Trevor, Josh, qui remuent la merde et appellent ça de la musique. Une démo, et cet EP digital disponible gratuitement sur leur Bandcamp, et c'est déjà pas mal.
Le quintette cite volontiers les DEP bien évidemment, mais aussi les suédois de MESHUGGAH, BOTCH, ISIS, CONVERGE, en gros les poids lourds Core de ces quinze dernières années, et c'est le moins qu'ils puissent faire.
Mais au delà de toutes ces références, et en écoutant leur premier effort en long, large et travers, la seule influence qui reste est bien celle de DILLINGER, dont ce Myotonia éponyme est une démarcation qui se confine d'elle même au pillage pur et simple régulièrement.
Si Calculating Infinity vous a traumatisé à l'époque, et que vous êtes tombé en catatonie pendant disons seize bonnes années, vous pourriez vous dire que le successeur de ce séminal album ressemble quand même pas mal au premier. Ou qu'un groupe a sauté dans le train en marche, sans attendre son tour. Et vous n'auriez pas tort.
Les différences ? Une production plus ample et profonde, moins sèche, un chanteur qui s'époumone juste un peu moins que Dimitri Minakakis à l'époque, mais les guitares sont les mêmes, la rythmique aussi, et le schéma prend très vite des allures de redite. Très bien faite, mais redite quand même. Depuis 1999 le genre à évolué, DEP a sorti des pièces maîtresses du genre, à pratiqué l'ouverture, mais après tout, les racines, c'est un choix, et ces américains l'ont fait. Alors allons y après tout.
En écoutant l'album, on se demande quand le chanteur va se mettre à beugler "What rounding out breaks the silent barrier waiting, and waiting" ("Sugar Coated Sour"), ou "I smell that whore. bring me back. bring me a brick." (43% Burnt"). J'exagère à peine tant les structures des morceaux sont calqués sur le premier album de la bande à Ben.
Même hachoir rythmique incontrôlé, même soli inspirés Jazz, mêmes breaks calmes presque placés au même endroit, c'est un duplicata parfait, mais aussi parfaitement exécuté. De fait, et si vous n'êtes pas à cheval sur l'éthique et l'originalité, Myotonia représentera pour vous l'archétype du bon album de Mathcore, ce qu'il est sans conteste... Si l'on oublie ses emprunts flagrants.
Alors je veux bien être clément, mais lorsque le groupe lui même annonce sur sa page Facebook "MYOTONIA incorpore une multitude d'éléments différents à sa musique pour créer une furie sonore pluriforme", je souris gentiment devant le détournement d'attention des lecteurs/auditeurs potentiels.
A moins qu'ils ne conçoivent cette approche comme un mélange d'emprunts à ce fameux album, dont ils extraient des parties au hasard sur plusieurs titres pour ensuite les reconstituer en ordre inverse...
Mais bon, ne soyons pas bégueule, ça a au moins le mérite d'être efficace. Ca joue très carré, c'est au poil près, et ça tourne à plein régime sans pause. Les breaks, même sous influences sont bien sentis, et tombent pile, les gratteux assurent dans leur rôle de découpeurs temporels, et la rythmique se donne à fond, alternant les giclées Hardcore et les boucles Jazz en délire. On a même droit parfois à un solo qui sort de l'ordinaire, comme sur l'impressionnant "Reverse Birth Tactics", selon moi le morceau le plus fort du lot, ou à des évolutions un peu plus pensées, qui se rapprochent même du Néo Death sur le long "Got Cat", quelques arpèges tranquilles qui adoucissent un riff lacéré sur le lapidaire "Industrial Melanoma", et du chaos total sur le cataclysmique "Art Of an Exit" qui se permet même un gros riff redondant ressemblant à s'y méprendre à une boucle répétée à l'envi.
Mais je le répète, aussi bon et parfaitement exécuté, le mimétisme à ses limites. Je suis certes un peu dur sur ce coup là, mais le Mathcore est un genre si extrême et pointu qu'il est impossible de le prendre tel quel sans le moduler et ne pas ressembler trait pour trait aux pionniers du genre. C'est un écueil que MYOTONIA n'a pas encore évité, espérons que pour la suite, ils s'ouvrent vraiment à d'autres sources d'inspiration, sinon, l'affaire risque d'être rapidement classée.
Et la crampe auditive douloureuse ne pardonnera pas...
Ajouté : Vendredi 18 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Myotonia Website Hits: 5856
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