BORDERWARS (usa) - The Present Day (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 31 octobre 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Groove Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 46 Mins
Douze ans de carrière. Douze ans de galères. Douze ans de nuits blanches passées à se faire défoncer le cul par les ressorts de la banquette pourrie d'un van miteux, dans une odeur de bière rance, de pieds et d'haleines mêlées. Douze ans à charger et décharger le matos, monter et démonter la batterie, faire des sound check et boire de la bière de clochard en attendant son heure. Douze ans de journées de 22h d'ennui et 2 heures de plaisir. 2 heures de plaisir sur la scène, à communier avec le public. Douze ans avant de sortir un debut album. Voici le parcours initiatique de BORDERWARS, un quatuor californien originaire de la Bay Area qui a donc pris douze ans de réflexion avant d'accoucher de The Present Day, son premier album.
Les années de galère susmentionné ont quand même érodé la cohésion du combo dont la plupart des membres (la bio ne précise pas lesquels) ont quitté la formation fin 2008 après l'enregistrement d'un debut EP jamais distribué. S'est ensuivi un long hiatus interrompu en 2014 par le recrutement de nouveaux musiciens. C'est ce line-up restauré avec Vince Graham (chant, guitare), Toolio (guitare), Leon Marcelis (basse) et Nate Philips (batterie) qui s'est attelé à la composition, l'enregistrement et la publication de The Present Day.
S'il est facile aujourd'hui de sortir un disque en deux temps, trois mouvements, dans l'année suivant la formation du groupe, toutes les formations n'ont pas le génie, l'inconscience ou tout simplement la thune nécessaire pour graver leur son pour l'éternité sur une petite rondelle de plastique. Et bien leur prend, car s'il est une étape où la précipitation n'est pas bonne conseillère, c'est bien celle de la création. Alors quelle que soit leur motivation, chapeau à BORDERWARS pour la patience et la longévité. Surtout qu'il n'y a pas à rougir du résultat. Si vous aimez le Thrash et le Groove Metal, je parie que vous ne resterez pas insensibles à la musique viscérale des californiens.
BORDERWARS ne trompe pas sur la marchandise : la musique du quatuor sonne résolument 100 pourcent USA. L'album mixé par Bill Anderson (ingé son qui a travaillé pour EYEHATEGOD, NEUROSIS, SICK OF IT ALL ou Mr BUNGLE) est une petite pépite bien méchante mixant avec justesse Thrash et Groove Metal pour un résultat qui prend de petits airs d'un triangle amoureux entre METALLICA, PRONG et LAMB OF GOD. The Present Day se démarque par de bonnes idées, des compos très affranchies et un chant variant les degrés d'agressivité en suivant les montées en puissances imposées par la rythmique. Le résultat est furieux, énervé, méchant et jouissif. C'est assez classiquement construit autour d'une rythmique énervée, sévèrement burnée et très joliment mise en avant par le mixage (on entend la basse !). Ici et là on a droit à un joli petit solo de gratte ("Year after Year", "Built"), mais toutes sympathiques que soient ces petites échappées solitaires, le climat de The Present Day repose le plus souvent sur le jeu de la rythmique et ses riff en mode hachoir à viande.
Mais là où le bat blesse dans ce beau tableau, c'est au chapitre de l'originalité. Le projet manque de variété malgré tout le mal que se donne le groupe pour alterner les ambiances et les constructions. Si les intros sont bien léchées et les breaks variés, ces efforts sont un peu trop souvent sapés par une construction classique, usée jusqu'à la trame et un peu fade. Un riff autoroute porte toute la chanson, soutenu par une batterie très synthétique au jeu un peu lénifiant (du beat, du beat, toujours du beat). Ce qui commence aussi à sentir un peu le réchauffé, c'est la désormais incontournable intro mid tempo en ouverture de l'opus (comme sur Wrath de LAMB OF GOD, où l'intro très Power Metal "the Passing" précède le déferlement de violence de "In Your Words"). C'est vrai que c'est sympa, mais c'est devenu tellement prévisible et cliché que cette alternance perd désormais un peu de son sel.
Malgré ce petit problème, ce debut album est une belle découverte avec une majorité de chansons intéressantes et accrocheuses, du genre qui donnent envie de headbanguer dans le métro ("The More...The Less", "Built" ou "Haunted Steps" avec son haka d'introduction). Il manque à la tracklist un ou deux morceaux marquants, ceux dont on se souvient, qu'on fredonne sous la douche ou en attendant le bus et qu'on ajoute à ses favoris Deezer parce qu'ils représentent la quintessence de ce que peut offrir la formation.
Ajouté : Samedi 23 Avril 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Borderwars Website Hits: 7412
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