LITA FORD (usa) - Time Capsule (2016)
Label : SPV
Sortie du Scud : octobre 2009
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 42 Mins
"Cet album est un cadeau pour les fans, je sais que les années 80 leur manquent. Il y en a qui étaient trop jeunes et qui ne les ont pas connues, et puis il y a les autres, qui les regrettent. C'est pour ça qu'il y a un petit morceau de ces années-là dans cette capsule temporelle, morceau que j'ai ramené de ce temps-là."
Jouer sur la nostalgie, c'est toujours pratique. Chez nous, ça se concrétise par une tournée "Stars 80" qui nous permet d'être une fois de plus saoulés par des chansons qu'on ne supportait déjà pas à l'époque, mais aux USA, les hommages sont différents, plus authentiques, et surtout, plus Rock. Et quelle meilleure ambassadrice que notre belle Lita pour nous inviter à retrouver l'esprit et le son de cette décade fabuleuse que nous autres, quadras et quinquas avons vécues en live, et qui finalement, nous manquent en effet beaucoup.
Lita était là, comme elle était déjà là dans les 70's, elle sait de quoi elle parle. Peut-on pour autant lui faire confiance ?
A l'écoute de ses derniers méfaits, je dirais que la prudence est de mise...
Mon dernier contact avec la blonde féline et ex de Tony Iommi, Nikki Sixx, ou Jim Gilette (j'en oublie certainement quelques-uns...) remonte à Wicked Wonderland, il y a sept ans, album qui ne m'avait pas vraiment emballé, c'est le moins qu'on puisse dire.
Mais alléché par les propos de la belle dans la presse et par les anecdotes glanées sur l'enregistrement de ce nouvel album, je me suis laissé tenter en me disant qu'après tout, même raté, un retour vers les années 80 ne pouvait pas se refuser.
Il est vrai que j'avais adoré Lita à l'époque de sa sortie, un peu moins Stiletto, qui faisaient suite à une poignée de disques plus saignants comme Out For Blood qui m'avaient plus ou moins laissés impassible. Je ne suis donc pas ce qu'on peut appeler un fan de la belle, mais je lui reconnais un talent vocal indéniable, mais aussi pas mal de défauts, notamment celui de se contenter parfois de compositeurs extérieurs aux dons pas forcément évidents.
Mais on ne peut pas toujours se référer au passé pour juger du travail d'un artiste, même si celui-ci revient en pleine face lors de projets comme Time Capsule.
L'histoire de cette capsule temporelle est simple. Ayant retrouvé dans sa maison des Caraïbes d'anciennes consoles vingt-quatre pistes analogiques, la belle a décidé de transporter tout le matos en studio aux USA pour enregistrer un disque "à l'ancienne", dans des conditions live, laissant le post traitement au niveau d'un mixage assez rough je dois l'avouer. Pour mener à bien sa mission, la blonde guitariste a fait appel à la crème de la crème de ses vieux amis, et le listing des featuring prend des allures du who's who du Hard Rock des 80's. Au hasard des pistes, vous tomberez donc sur les capacités individuelles de Billy Sheehan, Rodger Carter, Dave Navarro, Jeff Scott Soto, Rick Nielsen et Robin Zander de CHEAP TRICK et même sur la basse ronde de Gene "Tongue" Simmons, libéré de ses obligations KISSiennes.
Mais même un all-star cast n'a jamais permis à un film d'atteindre le statut de chef d'œuvre. Alors, voyage dans le temps, d'accord, l'idée est assez séduisante, d'autant plus que pratiquement tous les protagonistes les ont connues, mais est-ce pour autant que Lita leur a proposé un cadre idoine pour s'exprimer ?
Encore une fois, pas vraiment, et Time Capsule est assez symptomatique de la crise de léthargie que madame Ford traverse depuis des années, à quelques rares exceptions près...
Je pensais sincèrement apprécier cet album. J'aimais le concept du throwback, comme on le retrouve sur les plateformes sociales, et étant moi-même très nostalgique de ces fameuses années 80, j'étais assez curieux de voir comment une de ses plus grandes figures emblématiques allait s'en sortir pour les ressusciter version 2016.
Malheureusement, Lita a trouvé l'écrin, mais pas la bague pour glisser à l'intérieur. Tout ça est très mou du coude et du riff, comme d'habitude, et on se demande même si le concept du projet a été respecté tant la musique qui anime les pistes de ce Time Capsule n'ont pas grand-chose à voir avec l'exubérance de cette décade haute en couleur.
Je n'attendais pas forcément un nouveau "Kiss Me Deadly", mais certainement pas un assemblage poussif de morceaux parfois sans queue ni tête.
Dis-moi Lita, comment expliquerais tu à quelqu'un né trop tard que les eighties peuvent se résumer à cet instrumental insipide et putassier qu'est le lamentable "On The Fast Track" ? Lui dirais-tu qu'il suffisait de faire rugir un riff banal à pleurer sur fond de rythmique éculée pour avoir l'esprit Hard Rock à cette époque-là ? En ce cas, il aurait certainement du mal à comprendre l'euphorie qui se lit sur le visage des survivants à la simple évocation de la scène US d'il y a trente ans...
Et "Little Wing" ? Quel intérêt d'en livrer une énième version faisant partie du fond du panier ? Et pardonne moi, mais je ne vois pas vraiment le rapport entre Hendrix et les 80's, mis à part l'influence qu'il a pu avoir sur les gratteux de l'époque...
Et crois-tu sincèrement que célébrer le délire fantasque et la folie ambiante de cette décennie mérite de nous infliger des semi ballades que même le POISON le plus fatigué n'aurait pas osé graver sur cire ? Parce que franchement, "King Of The Wild Wind"... Même "Every Rose Has Its Thorns" à côté, c'est une power ballad digne d'être hurlée à pleins poumons par Sebastian Bach...
Mais là n'est pas la seule erreur de parcours...
Il faut en effet attendre le quatrième morceau pour trouver un tant soit peu d'énergie, et encore, en admettant que des mid tempi poussifs soient dignes de porter l'étendard du Hard Rock nostalgique. Ce qui évidemment n'est vraiment pas le cas...
Mais c'est bien sur ces morceaux qu'on se rabat finalement, "Black Leather Heart", qui sonne comme un vieux leftover de DANGER DANGER, ou "Rotten To The Core", qui lui aussi ne fait pas dans la dentelle et rappelle plus ou moins D.A.D ou WINGER.
Et comme je suis de bonne humeur, je rajoute à la liste le seul morceau qui pourrait s'enorgueillir d'avoir été composé à l'époque, le burner final "Anything For The Thrill", qui carbure suffisamment pour nous ramener sur le trottoir du Sunset ou du Roxy. Mais un morceau sur dix pour justifier une caution, c'est peu, très peu... Qui plus est, ce son dont tu nous a tant parlé est lui aussi très étrange et assez pauvre, les trous dans le mixage étant effarants, avec cette rythmique complètement étouffée alors même qu'elle devrait exploser, et ce son de guitare rachitique à peine digne d'une démo de 84 fixée sur quatre pistes.
En l'état, et sans savoir que Time Capsule faisait référence à la période de grandeur et de faste du Hard Rock, ce nouvel album aurait à peine atteint la moyenne, eut égard à la pollution de titres dispensables et de ballades rances qu'il propose.
Mais relié à son histoire, c'est une véritable catastrophe. Un naufrage en 4/3 qui n'a pas les moyens de se payer un widescreen qui de toute façon n'aurait pas rendu l'image plus belle.
Désolé Lita, mais je préfère me rappeler de mes 80's à moi. Je les ai vécues par procuration, de ma petite ville française de province, mais elles brillent toujours dans ma mémoire. Et ton album, je vais le ranger bien loin des chefs d'oeuvres de mon enfance sur mes étagères. Il risque de leur faire prendre la poussière.
Ajouté : Samedi 23 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Lita Ford Website Hits: 5424
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