THE GRINDMOTHER (ca) - Age Of Destruction (2016)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 28 avril 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Grind / Hardcore
Type : EP
Playtime : 10 Titres - 12 Mins
Ils ont fait chanter des perroquets, des chats, et certainement fait des choses encore plus bizarres avec leur anus ou des objets contondants.
EINTURZENDE NEUBAUTEN tapait sur des radiateurs, de la fonte. Ils ont tous tenté de repousser les limites de l'expression.
Alors pourquoi pas.
La plupart du temps, tout ceci tient lieu d'un gimmick, drôle au début, mais vite lassant. Les blagues les plus courtes étant les meilleures, lorsque celles-ci reposent sur une punchline conceptuelle unique, elles se doivent d'être lapidaires, pour qu'on les oublie aussi vite qu'on les a découvertes.
Mais parfois, ce qui n'était qu'un gag au départ devient un produit viable. Bien plus viable d'ailleurs que certains groupes notables qui s'enferment dans un confort de normalité.
J'aurais bien aimé faire chanter ma grand-mère. Je suis sûr qu'on aurait bien rigolé tous les deux. On aurait tenté une espèce de Flamenco-Grind, eut égard à ses origines espagnoles, et avec un peu de bol, le truc aurait fonctionné.
Mais certainement pas aussi bien que cette expérience que nous attendions donc de pouvoir vivre en long format.
Souvenez-vous, il y a quelques mois, une vidéo virale faisait le tour du web. Elle était même relayée par des médias sérieux, comme le New-York Post, ou une poignée de stars comme Ozzy ou Eric Andre. Avec des millions de vues au compteur, "Any Cost" est devenu un véritable phénomène, et les foules étaient conquises. Mais qui était donc cette dame tout à fait respectable qui vociférait dans son micro comme un Lee Dorian des jeunes années ?
Simple, cette "grand-mère" ne devait à la base faire qu'un featuring sur un morceau du groupe de son fils, CORRUPT LEADERS, mais s'est vite prise au jeu. Et face à son talent, son rejeton a décidé de lui composer un répertoire sur mesure, pour qu'elle donne au public l'étendue de son talent vocal, qui reconnaissons-le avec surprise, est absolument bluffant.
Certes, Rain Forest est un compositeur de l'extrême aguerri. Mais encore fallait-il que l'ensemble tienne debout, et que cette femme étonnante assure sur le long terme...
Age Of Destruction, du nom du morceau lâché en éclaireur donne en cette fin de mois d'avril une réponse ferme et définitive. Oui, GRINDMOTHER assure, et même largement plus que beaucoup de groupes du cru qui s'égosillent dans le vide. Et ça, finalement, ça n'est pas une surprise.
Vous le savez, le Grind, le Powerviolence, le Hardcore, le Crust, se sont mes péchés de prédilection. J'en connais des centaines de représentants, alors s'il existait un chroniqueur à même de juger de la pertinence de ce premier "longue durée" (avec douze minutes de timing, on est quand même un peu court...), c'était bien moi, et je le revendique.
Alors, cette légitimité me permettait d'aborder le travail de cette dame qui m'étonne de jour en jour avec tout le recul et le bagage nécessaire pour être objectif.
Et je ne ferai pas durer le suspense plus longtemps.
Age Of Destruction est une bombe.
Je me la joue branché ? Je surfe sur la vague ?
Pas du tout, j'ai simplement jugé cet album en dehors de son concept, en mettant ce gimmick de "grand-mère hurlante" de côté, et je l'ai jaugé comme un disque de Grind à tendance Core lambda, comme je l'aurais fait dans un cas normal.
Et sous cet angle-là, il s'avère que Age Of Destruction est un putain de bon disque puissant, avec dix compos solides, qui ont été élaborées par un véritable amoureux du genre, et incarnées par une vocaliste qui vit à fond son délire qui finalement, n'en est pas un.
Oui, Grandmother sait hurler dans un micro. Mais intelligemment, avec des variations, de l'investissement, et ne le cachons pas, de l'inspiration.
Elle ne se contente pas de gicler comme une retraitée qui découvre les joies du growl et du screaming, mais module ses interventions, et les adapte au cadre proposé. Et ça, excusez-moi, mais c'est la marque des plus grands vocalistes Core.
L'instrumental est dense, touffu, concis mais émaillé de suffisamment d'idées pour se montrer convaincant et passionnant.
Les riffs sont immédiatement mémorisables, catchy en diable, et le tout respire la bonne humeur et la méchanceté saine, celle qu'on attend des meilleurs opus de Grind à tendance Death et Core. Une claque, rien de moins, et sur les dix morceaux de ce premier EP, il n'y a rien à jeter.
Ceux qui comptaient régler l'affaire en quelques formules lapidaires en seront pour leur frais. Dans son rôle de chaperon, Rain Forest assure et offre à sa mère un cadre idoine et soigné pour qu'elle puisse se lâcher, et a peaufiné une production digne des meilleures saillies du style, avec une rythmique énorme et une guitare qui résonne.
L'affaire est dans le sac, et sans vouloir faire du buzz, on peut facilement déclarer que Age Of destruction est le EP Grind du mois, et haut la main.
Et avant d'en arriver à cette conclusion, je l'ai écouté, et réécouté. Mais ça fonctionne, et ça fonctionne toujours après une bonne dizaine de répétitions. Et ce, quel que soit le registre. Crust, Hardcore, Metal, Grind, Powerviolence ou Thrashcore.
Comme dans le conte, Mère Grand à de grandes dents. Mais elle a surtout un organe vocal qui déchire et surtout, une attitude. J'espère sincèrement que l'affaire ne va pas s'arrêter là et que cette canadienne bluffante continuera sa carrière avec son fils à ses côtés.
Parce que l'histoire est touchante, et que le résultat est à la hauteur de la légende.
La retraite, certains en profitent en faisant du jardinage, du tricotin. D'autres préfèrent monter des projets Grind avec leurs enfants. Il n'y a pas de manière idéale de la vivre, mais Age Of Destruction démontre qu'on peut avoir un certain âge et rester plus en forme que bien des petits jeunes qui font les malins.
Ajouté : Samedi 23 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Grindmother Website Hits: 12190
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