Ah l'Italie. Sa dolce vita, ses vins, ses voitures, sa cuisine...et sa scène Stoner. Car oui, outre ses autres nombreux charmes, il existe en Italie une scène Stoner très vivace. Elle est notamment portée par le label Heavy Psych Sound, créé par Gabriele Fiori, fondateur et frontman de l'un des groupes les plus représentatifs de cette scène, BLACK RAINBOWS. Ces derniers temps, Heavy Psych Sounds se spécialise dans les sorties vinyles et c'est dans ce format qu'est d'abord paru Sermonize, le troisième album de ISAAK. Quatuor génois fondé en 2007 sous le nom de GANDHI'S GUNN, le groupe qui a pris le nom de ISAAK en 2012 est constitué de Giacomo H Boeddu (Chant), Andrea Tabbi De Bernardi (Batterie & Chant), Francesco Raimondi (Guitare) et Gabriele Carta (Basse). Depuis 2007 et sous ses deux appélations, ISAAK a sorti trois albums de Stoner : Thirthyeah (2010), The Longer The Beard, The Harder The Sound (2013) (un titre dont la signification éclate au grand jour quand on découvre l'énorme barbe du frontman) et Sermonize (2015). Toujours en 2015, le groupe a également signé un split avec MOS GENERATOR.

Ce nouvel essai est une bonne démonstration de la palette de sensations variées que sont capables de nous sortir nos quatre garçons barbus dans le vent. Suivant la même trame narrative que les albums de RED FANG, Sermonize associe à un Heavy Rock bien gras et poilu des morceaux plus sombres et torturés entre Doom et Sludge. Côté lumière, on découvre la tonicité entraînante de chansons comme "Fountainhead", "Showdown", "The From Reloaded", "Soar" ou "Lesson n°1" et sa rythmique qui fuzze joliment. Côté ombre, Sermonize contient son lot de morceaux plus Doom, Une intro distordue accompagnée par un chant douloureux et déchirant ("Whore Horse"), une cover de WHITE ASHES ("Lucifer's Road") ou le brumeux "Almond & Glasses" et son chant fantomatique. ISAAK nous offre aussi une amusante cover du "Yeah" de KYUSS, un morceau de deux secondes consistant purement et simplement en un Yeah retentissant.
La comparaison à RED FANG ne s'arrête pas à la structure de l'album, La mélodie, les riff mais aussi le chant font plus que rappeler le quatuor de Portland. Cette impression de déjà entendu est particulièrement présente sur "Showdown" ou "Lesson n°1" ainsi que sur "Almond & Glasses" dont le chant lointain a un petit air de "Down Rising". Sans crier au plagiat, la coïncidence est un peu troublante mais bizarrement, elle n'est pas vraiment gênante. D'une part parce que l'exécution est excellente et que ces morceaux viennent s'intégrer à un ensemble cohérent. D'autre part parce qu'il y a plus honteux comme emprunt !

Le disque se ferme sur "Sermonize", une ballade acoustique et mélancolique qui ne jurerait pas dans le catalogue de Eddy Vedder mais joue un petit peu les OVNI sur un album de Stoner. Doit-on voir dans le titre de cette chanson une sorte d'annonce de l'évolution du son du combo vers le Folk Rock ? Le reste de la galette nous donne de sérieuses raisons d'en douter. Joliment exécuté et agréablement varié, Sermonize est une bonne surprise, même si ce n'est pas le disque qui révolutionnera le Stoner.