ZULUS (usa) - II (2015)
Label : Aago Records
Sortie du Scud : 9 octobre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Noisy Punk Core
Type : EP
Playtime : 9 Titres - 21 Mins
Le rêve secret de KURT COBAIN était d'écrire des Pop songs tout en gardant serrée contre lui l'éthique Punk. Après tout, il était aussi fan des MELVINS que des BEATLES, alors pourquoi pas...
ZULUS, c'est un quatuor qui tente à peu près la même chose, mais en admettant sincèrement en être incapable. Et à l'écoute de leur second effort, sobrement et logiquement intitulé II, on comprend vite pourquoi.
Retour donc à Brooklyn, case départ, et amorce de boucle à la "Un Jour sans Fin". Le réveil sonne encore brutalement, mais on se surprend à ne pas l'éteindre puisqu'il semble bloqué sur une outer space range. Mais étrangement, aussi bruyantes et striées de larsen soient ces neuf chansons, il y a vraiment quelque chose de Pop en sous couche, mais bien enterrée et assimilée avec le reste.
Non, Pop en effet, vous ne serrez jamais les gars. Les gars ? Oui, quatre, Daniel Martens, Aleksander Prechtl, Jeremy Scott et Julian Bennett Holmes, venant d'horizons divers, genre les PRSMS, BATTLESHIP, RICE, et qui animent l'underground de leurs visions musicales psychotiques et bien barrées.
Alors Punk Rock, c'est possible, mais plus dans l'esprit que dans le ton. S'il fallait baliser la piste pour que ces messieurs atterrissent, on parlerait plus facilement des PIXIES qui auraient trop déliré sur HAWKWIND, des SEX SNOBS en plus cheap Sci-fi, ou même des CRAMPS des débuts, lorsque les poubelles de l'Amérique étaient encore pleine de freaks en tout genre.
Ici, la répétition est reine, le feedback stagne et flotte, et la production signée Ben Greenberg (UNIFORM, ZS) ne fait rien pour arranger les choses.
Soyons clair, après tant d'absence, revenir avec un LP aussi court et figé, c'est presque du foutage de gueule. Peu de différences notables entre I et II, si ce n'est cette sublime pochette signée Hazel Lee Santino qui d'emblée montre la couleur. Mais comme ZULUS n'est pas le genre à flamber avec une quinte flush royale, on se contente d'une paire de valet, et ça fait bien l'affaire.
On hésite jamais à exagérer, et on chante faux comme un goret ("Set Fire", dans le style The Legendary Stardust Cowboy file des cours de solfège vocal au gros Black Francis on a rarement fait pire), on s'arque boute sur un riff concentrique qui file la nausée après le café du matin ("Gemini" qui ne dévie jamais sur cinq bonnes minutes de son groove hypnotique ni de son riff cyclique et redondant comme une gueule de bois), on se permet même une relecture perso des RAMONES blindée d'un écho absolument insupportable ("Medications", celle là Dee Dee tu ne la verras pas venir), et on laisse même une batterie préhistorique dominer les débats ("Chemicals" genre Psycho-Country de sale drogués, tchak-tchak poum-poum robotique et abruti, comme si Danny Johnston s'essayait au Punk rudimentaire).
Mais en un mot comme en cent, c'est juste... des tripes, et puis une façon de rejouer la tragédie de Madchester en plein boom college radio des campus US ("Deep Into The River", même les DEAD MOON en duo avec le Beck de One Foot In The Grave n'auraient pas sonné plus infect et amateur).
C'est parfois si proche du non sens que les STOOGES de Metallic KO se frittent avec le Lou REED le plus con et narquois ("Screens", ça donne salement envie d'exploser sa télé et son ordi portable), mais ça s'achève quand même dans un déluge Francis/Deal qui se mettent des beignes pour savoir qui est le plus bordélique ("The City's Vein, si les rues de NYC sont à cette image, je préfère encore vendre des ballons à tête d'animaux en banlieue).
Les SCIENTISTS auraient pu tenter le coup, mais le drop est lâché par les ZULUS. Imaginons une convergence entre David Byrne qui vire World Psychobilly, Lux Interior qui se laisse manucurer par un Iggy Pop fin défoncé, mais sans références notables, ça fonctionne aussi. C'est juste une façon de composer des Pop Songs improbables qui finalement fonctionne assez bien une fois qu'on a nettoyé toutes les saloperies qui cachent les mélodies.
Mélodies pas vraiment franches certes, production pas vraiment Motown ni George Martin, du feedback, de l'écho et de la réverb' à en vomir, mais tout ça tourne aussi rond qu'un poivrot devant un troquet fermé depuis dix ans.
Non Kurt, même toi dans tes mauvais jours, tu n'aurais pas pu alors ne regrette rien. C'est juste du Punk tu le sais, traité comme un héritage d'une Amérique trop propre maintenant, alors ça se révolte et ça gueule. Alors on espère quand même que la prochaine fois vous tiendrez un peu plus longtemps, parce que si dans cinq ans, vous vous pointez avec un III de vingt minutes, je serai obligé de crier au génie ou de cryogéniser pour que les générations futures ne comprennent rien non plus.
Azote Punk Pop ? Surf Schizophrénique ?
Non, Pop on vous dit. Mais joué par des malades.
Ajouté : Mercredi 02 Novembre 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Zulus Website Hits: 7900
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