Parfois, un disque est mauvais. On n'y peut rien. On cherche désespérément quelque chose à sauver, mais c'est peine perdue et il faut se résoudre à faire une mauvaise review. Croyez-moi, ce n'est pas facile. Même si certains d'entre nous s'y connaissent pour balancer de la phrase assassine et rigolote, il faut pouvoir l'assumer derrière et défendre son point de vue. C'est peut-être pour cette raison qu'on voit de moins en moins de mauvaises reviews, certains chroniqueurs considérant que leur silence sur un mauvais projet est une sanction suffisante et qu'il y a suffisamment de bonne musique pour ne pas perdre son temps avec la mauvaise.
N'ayant pas renoncé à parler des mauvais disques, pensant qu'une mauvaise critique vaut mieux que pas de critique du tout, je vais aujourd'hui vous parler d'un groupe dont l'évolution stylistique me laisse de glace.

Fondé autour de 2010 à Oslo, HALCYON DAYS est un quintet qui a du mal à se fixer, musicalement parlant. A leurs débuts, ils sont versés dans le Metalcore bas du front (pléonasme) et font plutôt bien le job. Oh, certes, ce n'est pas très original, ni vraiment très bien exécuté. Les riffs sont basiques, la rythmique très standard, le chant hurlé un peu maladroit mais il y a de l'énergie rentre dedans et de l'agressivité bien testostéronée dans leur .moisture de décembre 2012. Malheureusement, la formule a dû sembler trop basique aux norvégiens qui se sont ensuite orientés vers une musique plus mélodiques, un chant plus Emo et au final des disques bien plus fades qu'ils présentent eux-mêmes comme du Post-Hardcore. C'est le sous-genre le plus galvaudé de la scène Core, qui ne veut absolument plus rien dire et qui n'est malheureusement plus un gage de grand chose sinon qu'il rassemble des projets bancals, hésitant entre Emo, Core et guimauve, comme Halcyon Days en est le parfait archétype.

Les halcyon days sont les journées calmes d'hiver, c'est une expression qu'on retrouve dans plusieurs pièces de Shakespeare et qui correspond bien à un pays où l'hiver dure huit mois. Ce nom pourrait annoncer le revirement opéré par les norvégiens avec leur dernier EP. En effet, cet éponyme paru en mai 2016 marque une sorte d'aboutissement dans le style des norvégiens. Le résultat ne m'a pas convaincu, le groupe réussissant cet exploit de toucher à plusieurs styles et de rester mauvais dans tous. Les riffs sont d'une navrante pauvreté, le chant Core est trop forcé, parfois poussif, avec des fins de rimes plus dégueulées que chantées. D'une affligeante banalité, les paroles sont de la pure prose d'adolescent ténébreux, abordant tous les poncifs usés jusqu'à la trame par le Goth et l'Emo. Musicalement, c'est d'une admirable platitude, heureusement la production est mauvaise, ce qui fait qu'on a du mal à percevoir à quel point c'est mauvais. Le disque est emballé dans un artwork sombre et forestier rappelant les affiches de la série Twilight. Un juste habillage pour un disque probablement destiné à un public pré-adolescent.

Partant d'un Metalcore agréable mais sans génie, HALCYON DAYS évolue vers un Post Hardcore encore plus poussif dans lequel son dernier disque s'est englué. En attendant que le quintet sorte du marigot, allez plutôt écouter autre chose. Il y a des projets bien plus enthousiasmants que celui-là dans la scène émergente.