Le 4 février 2017, BLACK SABBATH a fait son ultime concert d'adieu à Birmingham. Une page se tourne dans l'histoire du Metal : la première génération de groupes tire sa révérence. Place aux jeunes. Même si c'est à contrecoeur, si l'on veut que le mouvement perdure, il est temps d'arrêter de tourner le dos aux nouvelles générations de groupes et à leur musique qui reprend les anciens codes en les adaptant aux attentes d'une nouvelle génération de fans. Ces nouveaux fans considèrent les groupes fondés avant l'an 2000 comme des vieux et ceux fondés avant 1990 comme des dinosaures.
Rien de bien nouveau sous le soleil, chaque génération invente une nouvelle manière de jouer, plus ou moins calquée sur la précédente, adulée par les jeunes et honnie par les anciens. Quelques grands groupes survivent à l'outrage du temps tandis que les autres sombrent rapidement dans les abysses de l'histoire.

DIRTY D'SIRE ne fait pas exception à la règle et seul l'avenir nous dira si ce quatuor allemand a l'étoffe d'un grand groupe ou d'une étoile filante. Pour le moment, avec ce qu'il nous est donné de voir, le gang multiplie les clichés comme on enfile les perles. Grosse production, riff autoroute et alternance de chant Rap, de vociférations et de chant clair et mielleux. La cible semble être un public adolescent qui trouve dans les DIRTY D'SIRE un bon compromis entre les codes du Metal de papa et la soupe prédigérée qu'ils entendent sur les radios commerciales. Si l'on a le moindre doute sur la finalité du combo, une visite sur leur site web suffit à gommer les derniers doutes : des couleurs pétantes encadrent les photos trash de pacotille de quatre bellâtres hâlés, musclés, tatoués et bien coiffés entourés de bimbo également hâlées, tatouées et bien coiffées. Poses lascives, alcool à gogo, machisme en carton. Leur discographie est aussi maigre qu'un sandwich d'autoroute, mais les quatre garçons ont déjà déployé un arsenal visuel digne de MOTLEY CRÜE à son apogée.

Musicalement parlant, l'écoute des singles "Don't be so shy" et "not even in your dreams bitch" vient confirmer l'impression suscitée par le site internet. Une agressivité de façade portée par une musique mêlant du gros riff, une batterie épileptique et triggée à mort, des samples suintant le dancefloor ("Not Even In Your Dream Bitch"), des paroles faussement provocatrices qui ne font rougir que les lapins de six semaines. Le tout est déclamé dans une alternance de growl enroué, flow Rap caricatural et chant clair mielleux. Les deux premiers morceaux de l'EP Hurricane paru en novembre 2016, laissent à penser que les teutons ont décidé de mettre de la nitro dans leur moteur en laissant tomber les mièvreries pour se concentrer sur l'agressivité badass. Fini les gimmicks exaspérants, samples, filtres vocaux moisis et autres artifices, "Hurricane" et "Can You Hear Me" ont de quoi mettre d'accord les metalleux de la vieille école et leurs enfants. C'est méchant, violent, mastoc dans la plus pure tradition du Heavy Metal moderne à la sauce FIVE FINGERS DEATH PUNCH ou du Nu Metal de KORN. Hélas, la trêve est de courte durée car la soupe insipide n'a pas disparu du catalogue et pour le reste de la tracklist, le groupe replonge dans le sirop de rose avec des chansons faciles qui se caractérisent par un recours à un chant mélodique et sirupeux pour faire mouiller les midinettes et une production calibrée pour la radio ("Catch Me", "Better Off Alone"). Le pire reste à venir puisque la galette se termine avec deux molles et langoureuses ballades acoustiques qu'on croirait repiquées dans le back catalog de TAKE THAT ("The Girl", "Not Even In Your Dreams").

Le futur nous dira si DIRTY D'SIRE est l'avenir du Metal, mais à l'écoute de cet EP éclectique, on se demande surtout dans quel courant musical se situe l'avenir du groupe. En attendant qu'ils aient trouvé leur voie, je vous conseille de laisser les allemands sur l'aire d'autoroute et de tracer votre chemin vers de plus vertes contrées.