VISIONS OF ATLANTIS (de) - Clémentine Delauney (Fév-2018)
C'est à la veille de sa tournée européenne que nous avons pu rencontrer Clémentine Delauney afin qu'elle nous présente The Deep And The Dark. Un projet qui lui tient à coeur puisque c'est le premier album où elle est complètement investie au niveau artistique ! Il faut dire que son arrivée dans le gang autrichien accompagné de Siegfried Wagner a amené un peu de stabilité au sein de VISIONS OF ATLANTIS tant il était difficile de comprendre qui étaient les membres du combo. Un véritable jeu de piste digne d'un travail d'historien pour l'inspecteur gadget qui n'a pas hésité à mener l'enquête en quête de la vérité. Heureusement après avoir soumis la charmante Clémentine à la question, le voile a été levé sur ce sujet épineux ! Un entretien sympathique avec une chanteuse heureuse d'avoir pu enfin s'exprimer totalement dans le processus créatif de Dark and the Deep. Un véritable challenge pour la belle qui n'avait jamais eu l'occasion de s'investir totalement dans la conception d'un projet de cette ampleur. Le résultat est bluffant et on découvre à quel point elle a su apporter une émotion et une sensibilité sur certains titres. Une vraie valeur ajoutée qui prend toute sa dimension sur des titres comme "Prayer To The Lost" (Dédié à sa soeur Lou) "The Book Of Nature" ou encore "The Last Home". Des morceaux qui s'avèrent très vite être des petites perles musicales qui vous transportent un peu plus dans son univers et vous permet de découvrir d'autres facettes de son registre vocal. C'est un fait, Clémentine n'a pas fini de nous surprendre. Magnéto Clémentine, c'est à toi !
Line-up : Clémentine Delauney (chant), Siegfried Samer (chant), Christian Douscha (guitare), Herbert Glos (basse), Thomas Caser (batterie)
Discographie : Eternal Endless Infinity (2002), Cast Away (2004), Trinity (2007), Delta (2011), Maria Magdalena (2011) Ethera (2013) Old Routes - New Waters (2016), The Deep & The Dark (2018)
Metal-Impact. Comment se déroule cette journée de promotion à Paris ?
Clémentine Delauney. C'est un plaisir de pouvoir enfin défendre en France un album dans lequel je sois aussi présente et dans lequel je me suis totalement investie. C'est le premier opus de ma carrière ou je suis intégrée au niveau artistique. Je suis très contente de pouvoir en parler en français, ce qui mine de rien ne m'arrive pas souvent.
MI. Le 14 janvier 2018, vous avez donné un concert pour la présentation de The Deep And The Dark. Comment as-tu vécu ce premier show ?
Clémentine. C'est une prestation qui a été donné principalement pour se préparer à la tournée qui va débuter. Ce n'était pas comme un concert de sortie d'album. C'était simplement pour se mettre le pied à l'étrier et dédiaboliser les premiers shows que l'on va donner où je vais chanter les nouveaux titres pour la première fois en live. C'est aussi pour se rassurer. C'était très sympa. En Autriche, il y a beaucoup de fans principalement à Vienne qui sont venus nous soutenir et nous encourager. Cela nous a mis du baume au coeur, c'était rempli d'énergie. Cela nous permet de partir en tournée rassuré et un peu mieux préparé que si on n'avait pas joué du tout.
MI. Comment te sens-tu quelques jours avant cette tournée européenne ?
Clémentine. Avant le concert du 14 janvier 2018, on a passé un très long weekend à répéter tous ensemble. Ensuite, chacun s'entraine de son côté, c'est un travail personnel qui va permettre d'être prêt à jouer sur scène chaque soir pendant deux semaines et demi de tournée. J'ai hâte d'y être car c'est la première fois que de mon coté je vais défendre une musique qui m'est vraiment personnelle. Je vais chanter les lignes de chants et les paroles que j'ai écrite. Du coup, cela prend une toute autre dimension que lorsque j'interprète des morceaux qui ont été écrits pour d'autres. Pour être honnête, cela faisait quatre ans qu'avec VISIONS OF ATLANTIS j'avais l'impression de faire des reprises. Là, pour la première fois, j'ai l'impression d'être une musicienne accomplie. Je suis très satisfaite de pouvoir présenter les nouveaux titres devant notre public.
MI. Pourquoi avoir appelé cet album The Deep And The Dark ?
Clémentine. Ce n'est pas un concept album. Chaque morceau à son propre thème, il n'y a pas d'histoire développé à travers les chansons. Mais il y a un fil rouge qui tient tout l'album. Nous traitons à travers les textes de l'exploration des zones d'ombres qui existe dans le monde que ce soit extérieur ou intérieur c'est-à-dire au fond de soi. Selon les titres, il y a une double lecture par les voyages qui sont mentionnés ou les batailles que l'on peut livrer à l'extérieur comme au fond de nous-même.
MI. Il y a un côté très spirituel derrière tous ces nouveaux morceaux !
Clémentine. Tout à fait. En tant que chanteuse, il était naturel que j'écrive les paroles. Avec l'équipe, on a trouvé un très bon équilibre, on était très complémentaire que ce soit au niveau de l'écriture ou de la composition. Mais c'est moi qui suis à l'origine des thèmes et des messages que j'avais envie de faire passer à travers la musique. On m'a laissé la liberté d'aborder des sujets qui m'étaient chère. Le contexte durant lequel les paroles ont été écrites m'a fortement influencé. On était en pleine période électorale, j'ai réagi un peu contre les médias, le gouvernement, la manipulation de masse. Il y avait un débat politique important au niveau national et ca a eu forcément un impact sur mon écriture. Mais on n'aborde pas que ces thèmes.
MI. Sur ces dix titres, est-ce qu'il y en a certains qui te tiennent plus à coeur que d'autres ?
Clémentine. Oui, les deux balades parlent de choses qui me sont très personnelles. "The Last Home" est un morceau qui parle du lâché prise de personnes qui sont disparues, c'est ma chanson de deuil a moi. Les paroles sont venu très naturellement sur la musique. Je me suis rendu compte que j'avais besoin d'extérioriser cela, c'est quelque chose que je porte en moi et que parfois j'ai du mal à gérer. Du coup, lorsque la musique est arrivée et que les paroles ont commencées à se concrétiser autour de ce sujet, j'ai choisi d'en parler et j'espère que cela permettra à d'autres gens de s'y identifier. C'est une façon de gérer ces moments là. Le dernier morceau qui clôture l'opus "Prayer To The Lost", je l'ai composé moi-même et il a été réarrangé par notre producteur. C'est un titre qui est dédié à ma petite soeur qui a traversé une grosse période de doute l'année dernière, j'ai senti que j'avais besoin d'en parler. J'ai écrit à travers ce texte ce que je n'ai pas su lui dire en face.
MI. Est-ce que l'écriture des textes représente beaucoup de travail ?
Clémentine. Oui, c'est du travail parce que l'on a envie d'écrire quelque chose qui a une valeur. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pratiqué l'exercice de l'écriture. J'étais très rouillée. Au départ, j'avais l'impression d'écrire que sur des lieux communs, ca ne fonctionnait pas. Petit à petit mon rapport à l'écriture est devenu de plus en plus fluide. Dans tous les cas, c'est une introspection. J'ai découvert ce dont j'avais besoin de parler en laissant aller mon imagination et mes émotions sur la musique que l'on avait composé. Je me suis rendu compte qu'il y avait des thèmes qui revenait et que je n'aborde pas forcément dans ma vie de tous les jours. J'ai découvert un peu plus de choses sur moi en écrivant. Parfois confronté à ce que l'on aime, on se rend compte que l'on est touché et ce sont des choses qui ressortent au moment de la création. Oui, ce n'est pas forcément facile parce qu'après on a un regard critique. On veut être satisfait de ses textes donc on se juge en même temps que l'on écrit. Il ne faut pas, il faut éviter et essayer de laisser libre cours à ce que l'on fait et porte ensuite un regard constructif et bienveillant. Souvent lorsque l'on crée on est dans la destruction en même temps.
MI. Est-ce que l'enregistrement a été un challenge que ce soit au niveau vocal ou musical ?
Clémentine. Oui, cela a été un challenge car j'ai croisé des lignes de chants qui finalement ont été assez difficile ! [Rires] ... J'ai aussi exploré mes propres limites sur certains morceaux avec notre ingénieur du son. En même temps, il m'a aussi donné l'immense opportunité de sonder aussi ce que je suis en tant que chanteuse. Lorsque l'on te donne un instrumental et qu'il faut créer une ligne de chant, il y a un million de possibilités. Du coup, les idées qui me venaient à l'esprit et auxquelles je m'accrochais c'est ce que je suis aussi en tant que musicienne. Comme j'ai rarement eu l'occasion d'être autant impliquée dans un processus créatif, ça a été une grande découverte et une véritable exploration vocale de venir à bout de cet opus. J'avais envie de diversité, les musiques variées m'ont inspirées différentes émotions. Pour ça, il fallait que j'adapte mon chant et que je sorte du principe que l'on s'était donné de concevoir des titres symphoniques avec un chant classique. Je me suis dit que ça n'allait pas fonctionner avec du chant classique de partout. Pour certaines parties, il fallait quelque chose de plus incisif, puissant et personnel. Du coup, vocalement, je me suis permis beaucoup de liberté sans me mettre de limites. Du coup, j'ai atteint certaines des miennes mais j'en ai aussi repoussées. J'ai découvert différentes facettes de ma voix et j'ai été très heureuse de pouvoir les placer dans cet album.
MI. Tu penses avoir beaucoup appris et progressé lors de l'enregistrement de The Deep And The Dark ?
Clémentine. Dans ma vie de tous les jours je chante dans de nombreux styles différents, j'adore ne pas me cantonner à un genre. Après, je n'avais jamais eu la possibilité sur un seul et unique opus de toutes les exploiter. Là, j'ai fait de la création de ligne de chant pur avec l'utilisation de ma voix sans ne me mettre aucunes contraintes. Oui, j'en ai découvert sur moi-même et forcément ça m'a permis de progresser.
MI. Pourquoi avoir choisi "Return To Lemuria" comme premier single extrait de The Deep And The Dark ?
Clémentine. Cela faisait longtemps que VISIONS OF ATLANTIS n'avait rien sorti. On a voulu choisir un titre qui ne déstabilise pas l'auditeur. Mais c'est un tout premier single et il va y en avoir d'autres qui vont sortir avant et autour de la sortie de The Deep And The Dark. Le but était de faire un retour aux sources, on a donc choisi ce titre qui est très représentatif de ce que faisait VISIONS OF ATLANTIS au tout début. Cela permet de donner une idée du genre de Metal que l'on peut trouver sur cet opus même si du coup pour moi il n'est pas spécialement représentatif de cette galette. Il y a des titres comme "The Deep & The Dark" ou "Book Of Nature" qui sont très différents.
MI. Est-ce que le fait de faire de la scène a eu un impact sur la composition des morceaux ?
Clémentine. Je ne pense pas. Mais une chose est certaine, c'est que lorsque l'on s'est mis à écrire ensemble on a pensé à la dimension live. On voulait composer des morceaux qui soient jouables sur scène et que nous même on y prenne du plaisir lorsque qu'on les joue en concert. La partie live a toujours été présente à l'esprit. Il faut que Siegfried et moi nous nous complétions bien. Nous souhaitions que ce soit équilibré entre nous sur certains morceaux pour que ce soit facile après à gérer lors des concerts. Mais que l'on ait joué beaucoup ensemble avant, je ne suis pas sûr que cela fasse une différence.
MI. Vous allez bientôt partir en tournée européenne avec SERENITY, une formation dont tu as été la chanteuse. Penses-tu faire quelques apparitions scéniques à leurs côtés ?
Clémentine. Pas sur cette tournée. Simplement parce que SERENITY a envie de ne pas toujours avoir les mêmes chanteuses histoire de ne pas faire croire aux fans qu'ils ont une chanteuse fixe alors que ce n'est pas le cas. Ils apprécient maintenant de changer de chanteuse régulièrement. Du fait que j'ai fait partie de l'histoire de la formation pourrait induire les gens en erreur si je rechantais avec eux sur cette tournée. Je n'étais pas forcément contre, eux non plus fondamentalement. Mais c'est mieux si on rend les choses plus clairs, chacun ayant sa carrière de son côté.
MI. Quel regard portes-tu sur ces cinq années passées au sein de VISIONS OF ALANTIS ?
Clémentine. Il y a eu des hauts et des bas. On a vécu des phases constructives et d'autres où on était dans le doute. Au final, j'ai l'impression que cela a été surtout une longue attente pour que cet opus puisse enfin voir le jour. A la base, c'était le but pour lequel j'avais rejoint le combo. Maintenant, j'ai plutôt l'impression qu'on est à l'aboutissement de ce dont je te parlais. Cette sortie a un peu compressé tout ce temps d'attente et pour moi VISIONS OF ATLANTIS commence vraiment.
MI. Pourquoi Mike Fiedler (guitare), Mickael Koren (basse) et Chris Kamper (claviers) ont quitté la formation après l'enregistrement de the Deed And The Dark ?
Clémentine. Mike a enregistré la basse. C'était les membres fondateurs de VISIONS OF ATLANTIS. Le projet en 2013 n'était pas du tout celui d'aujourd'hui. Thomas Caser, le leader, était un peu arrivé au bout de VISIONS OF ATLANTIS. Il y avait eu des dissensions et un changement de line-up. En 2012, il souhaitait réécrire la musique qu'il aimait avec des musiciens qu'il connaissait. Il avait dans l'idée d'enregistrer un album et faire une tournée d'adieu. Quand il m'a contacté, c'était dans cet esprit. A l'époque, il avait recontacté les anciens membres fondateurs qui étaient tous partant pour ce projet. Sauf que lorsque l'on a recommencé à faire de la scène les retours ont été très positifs et on a regagné en énergie. Du coup, Thomas a décidé de ne pas arrêter car il y avait encore du potentiel. On devait donc retravailler sur un nouvel opus, le problème c'est que les anciens membres avaient du mal à raccrocher à la vie artistique après dix ans d'absence. Ils avaient une vie de famille avec des enfants, un travail à plein temps. Pour composer de nouveaux morceaux ils n'avaient jamais le temps. Il y avait des idées qui commençaient à se mettre en place mais on s'est vite rendu compte que l'on n'aboutirait pas. En 2017, on a dû se résigner à admettre que la façon dont on voulait faire ce disque n'était pas compatible avec la situation et que cela n'allait pas fonctionner. Il fallait abandonner le projet et faire autrement. C'est à ce moment-là que l'on a eu une grande discussion et que l'on a décidé d'avancer avec un producteur. La question de la présence des anciens membres dans le line-up s'est alors posée.
MI. Vous avez donc choisi de recruter un nouveau guitariste (Christian Douscha) et un nouveau bassiste (Herbert Glos) !
Clémentine. Oui mais ce sont les deux musiciens qui nous ont accompagné sur scène pendant deux ans. Il faut savoir que les membres fondateurs qui nous avaient rejoints manquaient aussi de disponibilités pour donner des concerts. De ce fait, on a dû les remplacer assez rapidement. C'est donc tout naturellement que l'on a intégré Christian et Herbert au nouveau line-up. Nous, on n'a pas l'impression d'avoir un nouveau groupe puisqu'ils nous accompagnent depuis deux ans maintenant.
MI. Comment se déroule ta collaboration avec Siegfried Samer qui est en retrait au niveau des parties vocales comparé à toi sur The Deep And The Dark ?
Clémentine. On travaille très bien ensemble. Ce qui a été facile avec Siegfried, c'est qu'il a très vite compris que l'accent a été mis sur le chant féminin. Il me laisse ma place à cet endroit-là. Lui, il chante au sein de DRAGONY dans lequel il peut s'exprimer complètement. On a donc trouvé un équilibre assez rapidement et on se complète merveilleusement bien surtout au niveau de l'écriture des textes. Je suis là pour amener le sens, les messages que j'ai vraiment envie de faire passer et lui il travaille plus sur la grammaire Anglaise.
MI. Clémentine, merci beaucoup pour l'interview !
Clémentine. Merci à toi, à bientôt.
Ajouté : Lundi 28 Mai 2018 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Visions Of Atlantis Websit Hits: 4718
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